“Nous ne voyons aucun indice que les gouvernants d’aujoud’hui songent aux bien-être des gouvernés». Ainsi se sont exprimés, les évêques de la province ecclésiastique du Kivu (diocèses de Bukavu, Butembo-Beni, Goma, Kasongo et Kindu et Uvira), à l’issue d’une semaine de cogitations convoquées pour évaluer la situation socio-politique et pastorale du pays.
Au terme de ces assises qui se sont tenues du 8 au 14 avril 2024 à Butembo, la capitale économique du Grand Nord-Kivu, mgrs Melchisédech Sikuli (Butembo-Beni), Willy Ngumbi (Goma), Placide Lubamba (Kasongo), François Abeli (Kindu) et Sébastien-Joseph (Uvira) ainsi que François-Xavier Maroy (Bukavu) se sont exprimés de manière beaucoup plus apocalyptique que prophétique, comme d’usage. Dans un communiqué, ces évêques disent déplorer l’insécurité devenue endémique avec son cortège de tueries même en pleine journée, l’encerclement de la ville de Goma par le M23 soutenu par le Rwanda, ainsi que la paralysie de l’économie par une stratégie d’isolement et d’asphyxie des grandes et petites agglomérations.
Sourds aux détonations d’armes, aveugles aux affrontements
S’agissant de la région de Beni, les évêques de la province ecclésiastique du Kivu regrettent la fermeture partielle ou totale de certaines paroisses en raison de l’insécurité causée par les islamistes ADF ainsi que les activités de contrebande qui se développent autour de la récolte du cacao.
A Goma, les prélats catholiques dénoncent l’abandon par l’armée congolaise de ses positions ainsi que de sa logistique aux rebelles.
Pour ces princes de l’église catholique, «tout ceci arrive parce que l’Etat congolais est mort, et que nous, les gouvernés, sommes abandonnés à notre triste sort, et que nous ne voyons aucun indice que les gouvernants songent au bien-être des gouvernés dans un avenir proche».
Dans cette partie du Nord-Kivu sous agression rwando-ougandaise depuis 2021, les évêques de l’église catholique romaine peinent à se rendre compte de la présence de dizaines de milliers de militaires envoyés au front par l’Etat congolais pour stopper l’avancée des terroristes du M23 soutenus par les armées rwandaises et ougandaises.
En trois ans d’affrontements et de vaillante résistance face à des agresseurs qui avaient habitué les populations à des promenades de santé de quelques semaines pour conquérir l’ensemble de la région, ces évêques disent n’avoir aperçu aucune présence de l’Etat dans la province, plutôt l’abandon des populations à leur triste sort.
J.N. AVEC LE MAXIMUM