Alors que la communauté internationale, Etats-Unis en tête, semble jouer son va-tout pour une solution négociée à la crise sécuritaire et humanitaire à l’Est de la RDC, rien n’indique que le Rwanda, agresseur reconnu du pays de Lumumba, soit disposé à des négociations dans le cadre de l’Accord de Luanda.
Le 23 novembre 2022 à Luanda, Félix Tshisekedi et Vincent Biruta représentant Paul Kagame, avaient conclu au cours d’une rencontre organisée à l’initiative du président angolais Joao Lourenço, en présence du Burundais Evariste Ndayishimiye et de l’ancien président Kényan et facilitateur de l’EAC, Uhuru Kenyatta, un accord pour la désescalade dans le conflit rwando-congolais au Nord-Kivu. Aux termes de cet accord, le M23 devait cesser ses attaques contre la RDC à partir de vendredi 25 novembre à 18 h et entamer son retrait des zones occupées dans les deux jours suivant le cessez-le-feu. L’accord prévoyait également le déploiement de la force régionale EAC dans ces zones, ainsi que la cessation de tout soutien du Rwanda aux mutins du M23. Des consultations politiques avec les groupes armés devaient s’ensuivre.
Désarmement et cantonnement
Le communiqué final publié à l’issue de la rencontre de Luanda (point i) prévoit le « désarmement et cantonnement du M23 en territoire congolais sous le contrôle des FARDC, de la Force régionale et du Mécanisme ad hoc de vérification avec la collaboration de la MONUSCO (Jour-J + 5) ».
Le 30 juillet 2024, la capitale angolaise abritera la deuxième réunion ministérielle entre la RDC et le Rwanda, destinée à analyser la situation politique dans la région dans le cadre de ce processus de Luanda.
En marge de la 6ème réunion semestrielle de la coordination entre l’Union africaine et les communautés économiques et mécanismes régionaux, samedi 20 juillet à Accra, les chefs de la diplomatie angolaise et rwandaise ont abordé le dossier. Tété Antonio et Olivier Jean Patrick Nduhungirehe ont passé en revue des questions d’intérêt bilatéral et régional, dont la situation sécuritaire en RDC. Ils ont réitéré leur engagement à approfondir les consultations politiques sur ces questions au niveau régional, continental et international, en prévision de la réunion ministérielle prévue en Angola sous la médiation de Joao Lourenço. Ils ont ainsi convenu de tenir cette réunion à la suite des consultations entreprises par la médiation angolaise et conformément aux conclusions de la première séance de la réunion ministérielle de Luanda du 21 mars 2024 qui avait décidé, entre autres, de convoquer une seconde séance à la fin de ce mois. Il s’agit de réunions résultant de décisions prises lors des rencontres tenues séparément entre Joao Lourenço et ses homologues Félix Tshisekedi de la RDC et Paul Kagame du Rwanda en février et en mars 2024.
L’AFC non impliqué par Luanda
Mais, le 22 juillet 2024, 8 jours avant le nouveau rendez-vous de Luanda, la phalange pro rwandaise de l’AFC a publié un communiqué indiquant qu’elle «n’est pas impliquée dans le processus de Luanda qui concerne deux Etats selon les recommandations du Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine ». Selon ce communiqué signé par Lawrence Kanyuka, «les revendications de l’AFC s’alignent sur des questions de politique intérieure liées notamment à l’illégitimité des institutions, aux violations de la constitution, aux crimes politiques et économiques, aux discours de la haine et à la stigmatisation de certaines communautés congolaises et à la forfaiture électorale de décembre 2023».
En réalité, c’est Kigali qui manipule ce nouveau mouvement terroriste créé de toutes pièces par son armée, selon les rapports onusiens, dont le dernier fin juin 2024 fait état de la détermination des dirigeants rwandais à torpiller à l’avance des négociations contraignantes pour eux. Il est rappelé à cet effet qu’avant l’AFC, le M23 avait déjà dénoncé l’accord de Luanda aussitôt après sa publication, fin 2022.
Rien de neuf sous les tropiques à cet égard.
J.N. AVEC LE MAXIMUM