On reprochait jusqu’à présent l’obstruction aux opérations pré électorales dans la province du Sankuru dans la deuxième aire opérationnelle au seul gouverneur de cette entité, Jules Lodi Emongo qui, en plus de la fermeture de la quasi-totalité des médias audiovisuels locaux, à l’exception de celles installées par les partisans d’Ensemble de Moïse Katumbi, s’était lancé dans une chasse ciblée des leaders des jeunes susceptibles de faire un travail de terrain de mobilisation des électeurs à enregistrer dans certains territoires ou secteurs supposément acquis à ses adversaires politiques. Lodi était ainsi rendu rendu responsable du très faible taux d’enrôlement au Sankuru où, selon les experts électoraux et membres de la société civile déployés sur le terrain, sur 1.158 centres d’inscription prévus, seuls 371, soit 32 % sont opérationnels et sur 1.474.679 (un million quatre cent septante quatre mille six cent septante et neuf ) électeurs attendus, seuls 140.774, soit 10% se sont enrôlés à une semaine de la fin du délai d’un mois prévu à cette fin.
Comme les mauvaises habitudes ont l’art de se reproduire, voici qu’un autre acteur politique bien connu vient d’entrer en scène à travers ses partisans et hommes de mains pour torpiller le processus électoral dans la province natale du héros national Patrice-Emery Lumumba en mettant à sac un centre d’enrôlement de la CENI situé dans le village Lokombe Fataki dans la localité Oyomba en territoire de Lodja. Il s’agit du député national Alexis Luwundji Okitasombo, un homme au regard fuyant et au sourire narquois tombé comme un cheveu dans la soupe en politique en 2011 après avoir perdu sa première vocation de creuseur artisanal de diamants. Proclamé «élu» député national cette année-là, à la surprise générale, il avait été aussitôt rattrapé par ses forfaits qui conduisirent à son invalidation pure et simple par la Cour suprême de Justice pour «faits de violences sur agents électoraux» au sujet desquelles le parquet général de la République, saisi d’actes de récidive dans son chef en 2018, lancera un avis de recherche non exécuté du fait d’un «exil» prolongé à Mbuji-Mayi.
En effet, dans l’après de mardi 28 février dernier, un groupe de partisans de Luwundji ont fait irruption dans le centre d’inscription (CI) de la CENI situé au sein de l’école Lokombe Fataki et ont non seulement passé à tabac les agents électoraux commis à l’enregistrement des électeurs mais ont également emporté tous les kits électoraux trouvés sur place. Selon un agent de la centrale électorale contacté par nos rédactions,«de gros bras qui arboraient fièrement les effigies du député national Alexis Luwundji prennent d’assaut depuis dimanche notre centre à Lokombe Fataki et nous obligent à nous délocaliser vers le village voisin d’Oyomba où, selon eux, le nombre de partisans du député précité est plus important. Hier mardi, ces hommes, ivres et drogués pour certains, sont revenus et ont commencé à molester tout le monde. Ils ont confisqué des kits électoraux dans la foulée. Alertés, des riverains sont venus à notre secours avant que cela ne dégénère en bagarre généralisée entre ceux qui attaquaient le centre et quelques électeurs qui le défendaient». La société civile fait état de cinq blessés dans le camp des assaillants du député Luwundji qui s’enfonce ainsi dans les attitudes d’une violence impénitente.
Comme il a fallu habiller les faits, un certain Billy Charles et Benjamin Pumila, demi-frère de Luwundji se sont activés après les faits pour relayer sur les réseaux sociaux des accusations visant des membres supposés de la Convention des Congolais Unis (CCU) d’un autre député national du même secteur que Luwundji, Jean-Marc Lombaku qu’ils ont accusés d’avoir pris en otage un centre d’enrôlement de la CENI en empêchant la population de se faire enrôler à Oyomba.
Ce posting fabriqué pour la consommation des juges et magistrats pouvant accéder aux réseaux sociaux n’est en fait qu’un leurre pour détourner l’attention.
Il y a peu, une tribune publiée dans les colonnes du Maximum dénonçait les manoeuvres d’obstruction à l’enrôlement des électeurs au Sankuru ainsi que le plan machiavélique visant à contrecarrer la réélection du président Félix-Antoine Tshisekedi en diminuant sensiblement le nombre d’électeurs ainsi que le nombre de sièges à pourvoir dans cette province de l’espace grand Kasaï ourdis par des acteurs politiques stipendiés à cet effet. «On ne voit pas quel intérêt aurait un parti comme la CCU, la plus grande force politique de la circonscription de Lodja, à empêcher l’enrôlement des électeurs alors que c’est sa seule voie d’avoir des élus aux prochaines élections. Ceux qui font obstruction au processus électoral doivent répondre de leurs actes devant la justice et ils ne sont sûrement pas de la CCU. Pour prévenir que les incidents survenus à Oyomba ne se reproduisent pas ailleurs, il faut que les responsables soient présentés à un juge et non transférés à la résidence du gouverneur Lodi qui a inauguré au Sankuru la pratique bizarre et illégale de «grâces gouvernorales», au profit de ses affidés en usurpant les prérogatives exclusives du président de la République sur la grâce présidentielle», a confié un haut cadre de la CCU.
A.M