Qui pour sauver le quinquennat Tshisekedi dans la province du Sankuru? Peu de gens croient que Jules Lodi fera mieux que Joseph[1]Stéphane Mukumadi. Il apparaît, dès les premières actions du nouveau gouverneur Jules Lodi Emongo qu’il serait tout sauf «mieux que l’imposteur Mukumadi». On en a une révélation éclatante avec sa tendance au simulacre et au jeu d’acteur propre à la « théâtrocratie » dont, comme le disait si bien Platon, les démocraties décadentes font le lit. Arrivé à la politique un peu comme un cheveu dans la soupe, Lodi dépense les subsides de l’État pour conjurer sa peur d’être effacé par quelques grands noms de la politique au Sankuru, ce qui lui fait commettre des impairs inqualifiables. Il a ainsi opté ensuite pour la posture du chef d’une guerre intercommu[1]nautaire qui ne dit pas son nom avec une politique séparatiste et ségrégationniste qui cible les communautés dites «forestières» (Kole, Lodja et Lomela) par ailleurs majoritaires dans la province du Sankuru en déclarant à sa cour que «c’est le tour des communautés de la savane», auxquels il appartient en tant que ressortissant de Katako-Kombe. Com[1]ment a-t-on pu croire qu’un tel monsieur pouvait être capable de diriger une province confrontée à autant de défis que le Sankuru ? TRIBUNE Jules Lodi, le revers de la médaille Sortie tout juste de trois ans de reculade sous le règne très contesté du tristement célèbre gouverneur Joseph Stéphane Mukumadi qui a cédé sa place à l’actuel chef de l’exécutif provin[1]cial, le Sankuru n’aura vraiment pas eu de chance en ce premier quinquennat finissant du président de la République, Félix[1]Antoine Tshisekedi. Dans les premiers signaux qu’il a envoyés lors de son élection en mai 2022, figurait déjà un «oxymore sur pattes», dont Mukumadi avait dessiné l’esquisse. Il avait alors envoyé différents messages contradictoires aux communautés dont il avait désormais la charge au niveau territorial en annonçant qu’il allait incarner à la fois le «jeune enfant éternel et le père sévère» (sic !). Il surjoue l’empathie, mais prend ses décisions par procuration. Car, chassez l’habitus propre à la technostructure politicaillarde, il revient au galop. La seule attitude qui guide désormais l’action de ce gouverneur parangon de la caste publicitaire «chef de chantiers», est de donner, quelle que soit la question posée, une réponse à priori et abstraite. La «théâtrocratie» est ainsi devenue autocratie. En ce sens, Jules Lodi incarnera depuis son avènement la fin de l’Etat de droit au Sankuru. Censé faire la poli[1]tique selon la vision du président Félix Tshisekedi en province, il campe dans des positions contradictoires qui ne parraissent guère susciter l’adhésion des masses. Son incessante agitation démobilise la popula[1]tion de cette province appelée à s’enrôler dans la deuxième aire opérationnelle de la CENI. D’une part, il a pris la curieuse ini[1]tiative de fermer les principaux médias audiovisuels mobi[1]lisant les populations à l’enrôlement dans les territoires des zones ‘‘forestières’’ de Kole (Lowumba 1), de Lodja (Radio Télé Losanganya, Radio grand Tamtam) et de Lomela (les radios Ekitela et Numbapela) au motif qu’il y aurait «trop de débats polémiques» (resic !). Cette mesure ayant été annulée partielle[1]ment pour illégalité la Cour d’appel du Sankuru qui a ordon[1]né la réouverture de Radio Losanganya, il a instrumentalisé la police locale pour empêcher l’exécution de cette décision judi[1]ciaire allant jusqu’à faire molester les huissiers de la Cour commis a cette réouverture. Interpellé le 12 février 2023 par ses ‘‘confrères’’ du barreau du Sankuru qu’il recevait (il fut avocat à Kinshasa dans une autre vie), il a déclaré, pince-sans[1]rire : «je m’opposerai toujours à l’exécution de toute décision judiciaire qui contrarie la position du conseil de sécurité provincial que je préside car une position du conseil de sécurité n’est peut pas être soumis au bon vouloir de la justice» (reresic!). Pire, il a ordonné des arrestations arbitraires et irrégulières assorties de tortures de certains jeunes leaders de Lodja et d’ailleurs, accusés de divers délits et crimes mais en les soustrayant à leur juge naturel tout en accordant la ‘‘grâce’’ à d’autres criminels, privilège réservé au seul président de la République à l’égard des délinquants dûment condamnés par les cours et tribunaux … Masquant mal son jeu pervers, il joue à la fois le rôle de gendarme, de procureur, de juge et de magistrat suprême créant une véritable confusion qui transforme la province en une véritable jungle. Les multiples protestations des responsables des cours et tribunaux, du ministère public, du barreau et de la société civile du Sankuru face à cette chienlit n’émeuvent pas outre mesure Jules Lodi qui poursuit comme si de rien n’était son interventionnisme dans des affaires ne relevant nullement de sa compétence en violation des principes de la séparation des pouvoirs, du droit de la défense et de la promotion des droits des victimes des infractions dont il accorde la ‘‘grâce gouvernorale’’ aux auteurs. Voilà où peut conduire l’ivresse du pouvoir. Conséquence de tous ces abus, de nombreux jeunes et moins jeunes dans les entités ciblées par le nouveau ‘‘propriétaire’’ du Sankuru se sont mis à l’abri dans la brousse, à Kinshasa, à Lubumbashi ou en Angola par peur des traitements inhumains et dégradants qu’une police totalement aux ordres de Lodi fait subir à quiconque s’oppose à ce dernier. De telles monstruosités dont plus aucun peuple au monde n’oserait prétendre qu’elle font sens n’ont pas leur place dans la province natale de l’inoubliable Héros National Patrice[1]Emery Lumumba où elles risquent de provoquer la résurgence des conflits communautaires des années 60 (forêt-savane) mais aussi d’impacter très négativement les statistiques de l’électorat pour 2023 censé jouer un rôle important dans la réélection du président Félix Tshisekedi et le nombre de sièges à pourvoir aux élections législatives nationales et provinciales. Ce bordel incompréhensible créé par le nouveau gouverneur perfuse maintenant tous les strates de l’environnement socio-politique de la province. Un seul devoir s’impose aux autorités gouvermentales et judiciaires du pouvoir central: libérer le Sankuru de la gestion arbitraire frisant la rébellion de Me Jules Lodi au risque de créer les conditions d’un embourbement de cette entité dans un sous-développement éternel.
ALFRED MOTE