La RDC et le Rwanda sont plus que jamais sur le pied de guerre. Mercredi 28 décembre 2022, deux avions de chasse Sukhois-25 des FARDC en patrouille sur le lac Kivu, frontalier entre les deux pays, ont essuyé des tirs près de Goma. Dans la ville volcanique stressée depuis des mois par les affrontements opposant, à quelques dizaines de km de là, les FARDC à la coalition RDF-M23, les Sukhois-25 demeurés discrets ces dernières semaines avaient repris les airs autour de 11 heures locales pour un survol de routine de la centaine de kilomètres de la ligne frontalière entre le Rwanda et la RDC, lorsque soudain, deux détonnations en provenance de la base militaire rwandaise dite Bralima visant les deux avions ont percé le silence. «Nous avons aperçu une fumée se dégager du point de chute des obus sur le lac», rapporte un témoin qui décrit la débandade provoquée par les déflagrations dans la ville volcanique congolaise. «Tout le monde a fui, je me suis caché, les motocyclistes ont abandonné leurs motos, ça courait dans tous les sens», explique-t-il.
D’autres sources surplace font état d’obus ou de projectiles sol-air tirés à partir de Rubavu au Rwanda, qui ont terminé leurs courses dans les eaux du lac Kivu.
Jusqu’au moment où Le Maximum mettait sous presse, l’armée congolaise n’avait pas encore communiqué sur l’incident. Interrogé par la presse, le colonel Ndjike, porte-parole des FARDC, a assuré que des enquêtes étaient en cours à ce sujet. «L’armée ne se base pas sur des rumeurs, elle cherche les faits avant de se prononcer», a expliqué cette source militaire.
Peu après l’incident, Goma24, un média en ligne proche de Kigali, avait dénoncé «une violation de l’espace aérien rwandais par un avion de chasse congolais» avant d’annoncer «des tirs de sommation côté Rwanda». Sur sa lancée, le porte-voix des RDF a ajouté que «le Rwanda n’entre pas dans le jeu car, si le Rwanda entre, Goma peut tomber dans une minute».
En fin d’après-midi, le gouvernement rwandais a publié un communiqué faisant état d’une nouvelle violation de son espace aérien le long du lac Kivu dans la province occidentale du Rwanda par un avion Sukhoi-25 de l’armée congolaise. Selon Kigali, «l’incident fait partie d’une série de provocations contraires à l’esprit des accords de paix de Luanda et de Nairobi». Mais le communiqué officiel des autorités rwandaises est resté muet sur les tirs essuyés par les aéronefs FARDC.
Pressions du congrès américain
Entretemps, Kigali a essuyé un nouveau revers diplomatique de la part des puissances occidentales (États-Unis, France, Belgique, Allemagne, Espagne) qui ont dénoncé son soutien au M23. Le congrès américain a, pour sa part, appelé l’administration Biden à «réexaminer le rôle du Rwanda dans les violations des droits de l’Homme et l’insécurité qui sévissent à l’Est».
C’est ce qui ressort d’une motion accompagnant le budget du Département d’Etat pour l’exercice 2023 publié la semaine dernière.
Dans cette motion, les législateurs fédéraux américains demandent au secrétaire d’Etat Antony Blinken d’informer le congrès sur les violations présumées des droits de l’homme par le Rwanda ainsi que le rôle de ce pays dans le conflit actuellement en cours en RDC. Ils appellent à «une évaluation du soutien apporté par le Rwanda au groupe rebelle M23 et de l’impact d’un tel soutien sur les populations civiles et la stabilité dans la région».
A l’international, la question de savoir si le Rwanda soutient ou non le M23 ne se pose donc plus, Kinshasa ayant réussi à démontrer que c’est Kigali qui a créé, armé et équipé ce groupe terroriste.
Le dernier rapport des experts des Nations Unies (28 décembre 2022) assure ainsi que le régime de Paul Kagame a fourni «des armes, des munitions et des uniformes au M23 et qu’il intervient aux côtés des rebelles ou seul pour combattre les FDLR».
J.N. AVEC LE MAXIMUM