Pour la première fois depuis la deuxième moitié de la décennie ’90, la principauté militaire qui s’accroche au pouvoir à Kigali se trouve dos au mur et donne des signes de panique. Alors que le pays de Paul Kagame n’a eu de cesse de multiplier des agressions contre l’Est de la RDC à des fins prédatrices sans se laisser inquiéter outre mesure, fort du soutien des puissances occidentales dont il a toujours été l’enfant chéri, la dernière aventure des phalanges RDF-M23 semble tourner au vinaigre. En cause, essentiellement, le massacre de Kishishe, en territoire de Rutshuru (Nord-Kivu) où près de 300 civils dont des femmes et des enfants ont été massacrés le 19 novembre 2022, selon le gouvernement de la RDC, qui en a aussitôt saisi les instances internationales, dont le TPI.
Le M23 a tenté de nier puis de minimiser l’ampleur du drame. Mais une enquête de l’ONU a confirmé les faits, tout comme les Etats-Unis d’Amérique, la France, la Belgique et des experts des Nations-Unies.
Face à l’ampleur des récriminations et des condamnations, Kigali a décidé de se jeter à l’eau pour tenter de sauver les égorgeurs à sa solde. Alors que le dictateur rwandais s’évertuait jusque-là à nier toute collaboration entre son gouvernement et le M23, rejetant sur Kinshasa la responsabilité de la résurgence de cette fiction du Congo desk de Kigali après sa défaite de 2013, Kagame accuse désormais la RDC d’avoir «fabriqué» un massacre attribué au M23. Dans un communiqué publié mercredi 21 décembre 2022, le gouvernement rwandais a en effet déploré le fait qu’«une fabrication du gouvernement de la RDC qui l’a attribuée au M23, s’est rapidement répandu sans aucune enquête sur les faits par une quelconque entité crédible». Selon ce nouvel argumentaire qui vole littéralement au secours des assassins qui ont endeuillé Kishishe, le massacre du 29 novembre «était en réalité une confrontation armée entre le M23 et des groupes armés illégaux alliés aux FARDC».
En faisant état de «groupes armés illégaux», Paul Kagame et son régime se trahissent en attestant ainsi du fait que pour eux, le M23 est un groupe armé légal. Ce qui ne les empêche pas de soutenir qu’«accuser le Rwanda de soutenir le groupe armé congolais M23 est injuste et empêche d’aborder les causes réelles de la perpétuation du confit dans l’est de la RDC, ainsi que de son impact sur la sécurité des Etats voisins, dont le Rwanda», selon les termes de ce communiqué.
OH