En séjour à Londres (Angleterre) dans le cadre de la semaine africaine organisée par le Financial Times, le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a été reçu, mercredi 19 octobre 2022 au Palais de Buckingham par le tout récent successeur de la Reine Elisabeth II à la tête de la couronne britannique, le roi Charles III. Les deux personnalités ont eu près d’une heure d’entretien axés sur la consolidation des relations bilatérales entre le Royaume-Uni et la RDC, la transition écologique et la situation sécuritaire à l’Est du territoire congolais.
Mardi 18 octobre, le président Congolais s’était entretenu avec James Cleverly, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères de Grande-Bretagne qui, en plus du traditionnel mot de bienvenue à l’intention du visiteur de marque, a déclaré que «la RDC exerce un leadership vital sur le climat et la conservation de la nature, notamment en en accueillant la pré-COP 27 il y a quelques semaines. Le Royaume-Uni vous soutiendra, vous et vos partenaires, pour assurer une stabilité régionale durable et un avenir plus vert et plus sûr».
Avec le Baron Popat, membre de la chambre des Lords au parlement et Envoyé du 1er ministre britannique pour le commerce en Afrique, Félix Tshisekedi avait eu, le même mardi, des entretiens autour de la promotion des investissements anglais en RDC.
S’agissant de la participation du chef de l’Etat congolais à la semaine de l’investissement en Afrique organisé par le Financial Time, après le discours prononcé devant un auditoire composé de patrons d’entreprises et de dirigeants de fonds d’investissements intéressés par les potentialités de la RDC, Félix Tshisekedi s’est brillamment prêté à un échange autour de la situation de son pays avec Khala Froula du Financial Times, rappelant notamment que l’actuelle présidence de la RDC était le résultat d’élections les plus pacifiques jamais organisées en RDC. Mais aussi, que l’accord de facto conclu avec le camp de son prédécesseur à la tête du pays se justifiait par le fait qu’il ne disposait de majorité au parlement.
Revenant sur les relations avec le Rwanda, Félix Tshisekedi a rappelé que la RDC «tire le diable par la queue» depuis que la communauté internationale avait demandé à la République du Zaïre d’accepter d’accueillir des millions de réfugiés rwandais fuyant le génocide en 1994, et exhorté la communauté internationale à reconnaître sa responsabilité dans la situation sécuritaire qui sévit à l’Est du pays.
Au sujet du climat des affaires, le président congolais a reconnu que des faiblesses subsistent mais qu’il y a «un signal fort d’une nouvelle volonté de changer les choses». Félix Tshisekedi a également défendu le droit de la RDC d’exploiter ses ressources naturelles, notamment pétrolières : «nous n’avons jamais dit que nous allions mettre la planète en danger. Nous sommes un pays solution mais en même temps nous aimerions conserver le droit d’exploiter», avait-il déclaré à ce sujet. «Nous avons besoin d’une prise de conscience internationale du fait que le bassin du Congo est un ‘‘bien mondial’’ et qu’il appartient donc au monde de le préserver», a encore expliqué le président de la République.
Au détour d’une question sur la situation économique en RDC, Félix Tshisekedi a révélé que son pays «publiera prochainement une étude indépendante attestant du fait que des milliards de dollars ont échappé à l’Etat à cause des fraudes orchestrées par les entreprises internationales de télécommunications».
Dans son allocution prononcée quelques minutes auparavant du haut de la tribune de l’Africa Summit de Londres, le chef de l’Etat de la RDC avait avantageusement présenté les opportunités qu’offrent le continent africain en général et la RDC en particulier, qui «constituent le graal dont l’humanité a besoin pour assurer sa survie. L’assurance de mes propos tient sur les statistiques qui démontrent que nous sommes le continent qui offre le taux de rendement net le plus élevé comparativement aux autre continents, avec la présence d’économies qui affichent des taux de croissance oscillant à 5 % l’an, pendant qu’ailleurs, certaines économies peinent à franchir le seuil des 2 %».
Evoquant le cas particulier de la RDC, le président de la République a rappelé à son auditoire qu’elle est «première productrice de cobalt au monde, avec un volume représentant près de 70 % de la production mondiale et abrite plus de 25 millions de tonnes de réserves identifiées dans son sous-sol, soit plus de 50 % des réserves de la planète. Elle est également riche d’autres mineraux entrant dans la fabrication des batteries électriques, tels que le cuivre, le manganèse, le chrome et le lithium».
Se basant sur des résultats d’enquêtes publiées par Bloomberg en 2021, Félix Tshisekedi a indiqué qu’elles ont mis en évidence le fait «qu’installer une usine traitant 10.000 tonnes de minerais par an (cobalt, lithium, manganèse, nickel ou cuivrre) coûterait 117 millions USD aux Etats-Unis d’Amérique, 112 millions USD en Chine, 65 millions USD en Pologne, mais seulement 39 millions USD en RDC».
L’activisme des groupes armés, dont certains identifiés comme terroristes, n’a pas échappé au discours de Félix Tshisekedi à l’Africa Summit de Londres. En RDC, la présence de ces groupes armés est «alimentée par les volontés prédatrices de certaines puissances, parmi lesquelles on retrouve parfois des pays voisins, comme c’est le cas du Rwanda, Etat-membre du Commonwealth, qui mène une guerre par procuration dans l’Est (de la RDC) sous couvert du groupe terroriste M23», a vigoureusement dénoncé le chef de l’Etat congolais. Non sans dénoncer «les silences parfois complices des puissances internationales ainsi que des médias internationaux, l’ignorance des cris d’alarme et de colère exprimés par nos peuples».
J.N. AVEC LE MAXIMUM.