Pour les casques bleus, il ne fait plus bon vivre au Nord-Kivu où la population chauffée à blanc n’hésite plus à les attaquer de front.
Mardi 6 septembre à Beni, un convoi de la Monusco en provenance de Butembo a été pris pour cible par une foule sur le boulevard Nyamwisi. Selon des sources locales, les éléments FARDC chargés d’escorter les soldats onusiens ont tiré des coups de feu en l’air pour dissuader toute agression contre le convoi. Malheureusement, un civil atteint d’une balle a succombé quelques instants après avoir été admis aux soins à l’hôpital général de la ville.
Cet incident a mis une partie de Beni sens dessus dessous. Des manifestations spontanées ont éclaté ci et là à travers la ville, et des pneus ont été brûlés par des jeunes exaltés à certains endroits sur la chaussée des axes de circulation les plus fréquentés de la ville.
Dans un communiqué publié quelques heures après l’incident, la Monusco a déploré l’attaque de son convoi de retour d’une patrouille, précisant que des tirs de sommation avaient permis aux casques bleus de se frayer un chemin. La mission onusienne a surtout rappelé que «les attaques contre les casques bleus impactent négativement sur les appuis multiformes que ces derniers fournissent aux forces de défense et de sécurité congolais. Affaiblir la Monusco, c’est renforcer les forces négatives qu’elle combat avec ses partenaires congolais».
Incitations
Quelques organisations de la société civile décidées à faire décamper la mission onusienne de la RDC incitent régulièrement les populations à s’en prendre aux casques bleus et donnent l’impression d’être de conivence avec les terroristes et à leurs affidés que la présence onusienne aux côtés des FARDC gène sérieusement.
Le 6 septembre après les incidents de Beni, l’ONG Véranda Mutsanga au Nord-Kivu, une association culturelle convertie en groupe de pression politique a ainsi décrété que «la Monusco doit rester clouée dans ses bases et organiser son départ en paix». Dans un message abondamment relayé par la presse locale, Patrick Ricky Paluku, coordonnateur régional de cette structure, s’alarme de la reprise de la circulation des casques bleus qu’il présente comme «une provocation de la population victime de l’hypocrisie de cette mission qui alimente les groupes armés».
Dans la région, tout indique que la situation sécuritaire demeure délétère malgré les rodomontades sélectives d’un certain nombre de syndicats d’initiatives locales dont la capacité à enrayer l’affairisme criminel des groupes armés nationaux paraît singulièrement limitée. Des groupuscules maï-maï, agissant comme des supplétifs des terroristes ougandais de l’ADF en profitent pour se livrer impunément à des actes de pillage et de vandalisme, voire de criminalité sanglante au détriment de la population.
Samedi 3 septembre à Beni, une bombe de fabrication artisanale a été découverte à Boikene, un quartier de la commune urbaine de Ruwenzori. 3 jours plus tard à Butembo, 50 km plus loin, le même type d’engin connu pour être une des armes de prédilection des ADF pour semer la mort parmi les civils, a éclaté devant les locaux de l’ANR (Agence nationale des renseignements), blessant grièvement plusieurs personnes.
Curieusement, aucune association locale n’a levé le petit doigt pour inviter même dans un communiqué les maï-maï à cesser de prêter main forte aux ADF.
LE MAXIMUM