En territoire de Rutshuru (Nord-Kivu), les combats font rage entre les Rwanda defence forces (RDF) labelisés M23 et les FARDC depuis plus de 10 jours. Lundi 15 août, la société civile faisait état de détonations d’armes lourdes dans la zone. Information confirmée mardi 16 août par les FARDC qui ont dénoncé l’attaque de leurs positions à Rwanguba, Rangira et Muhibira dans le territoire de Rutshuru par «des terroristes se réclamant du M23 et leurs alliés des Forces de défense du Rwanda (RDF) en violation de la trêve imposée par le sommet des chefs d’Etat de Nairobi».
Après une accalmie de quelques heures, mercredi 24 août, les affrontements ont repris de plus belle autour de Rangira après une attaque rwandaise à partir de la colline de Mukarange surplombant la localité. Des sources locales assurent que les FARDC ont riposté vigoureusement à l’agression, sans plus.
Les Rwandais et leurs supplétifs sont à la peine dans leurs tentatives de gagner du terrain. La reprise des affrontements en territoire de Rutshuru en violation de la trêve décrétée à Nairobi a quasiment coïncidé avec l’annonce de l’entrée en RDC par le Sud-Kivu d’un contingent burundais chargé de «combattre les groupes armés nationaux et étrangers qui sévissent dans cette partie du pays frontalière avec le Burundi», selon un communiqué officiel.
Lundi 15 août, plus 600 soldats burundais étaient en effet entrés en RDC et cantonnés au centre d’instruction de Ruberizi dans le cadre de la mutualisation des forces décidées par les chefs d’Etat de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC). Les opérations se déroulent sous le commandement des FARDC.
Troupes burundaises
L’entrée en RDC d’une partie de la force de l’EAC n’est pas de bon augure pour les RDF et leurs affidés, de toute évidence. Alors que les combats décuplaient d’intensité sur les trois positions attaquées en territoire de Rutshuru mardi 16 août, un communiqué du M23 appelant à l’ouverture de négociations directes avec le gouvernement de la RDC a été rendu public. Plusieurs localités sont affectées par ces nouveaux affrontements, provoquant un déplacement massif de populations civiles et d’importantes pertes matérielles et humaines. Notamment, dans la localité de Tenda en groupement Bweza où les collines de Shwema et Muhimbira ont fait l’objet d’intenses pilonnages d’artillerie.
A Murengeza, des sources locales signalent de lourdes pertes subies par les assaillants à la suite d’une embuscade tendue par les FARDC dans la localité. En groupement de Jomba, des combats près de Rangira avaient fait des blessés dans la population civile. Selon un bilan provisoire, au moins 12 personnes ont été blessées par des éclats d’obus, dont 3 gravement atteintes. Par la suite, des sources indépendantes ont signalé des morts au cours de ces affrontements de grande intensité.
Le même mardi 16 août, des tirs de l’artillerie rwandaise avaient visé et atteint une centrale hydroélectrique à Rwanguba dans le parc national des Virunga endommageant les installations résidentielles et des ateliers de construction.
Le 17 août à l’aube, une accalmie était observée sur les trois fronts, les FARDC et les RDF campant dans leurs positions de la veille.
Samedi 19 août, de nouveaux affrontements ont éclaté à Shwema non loin de Rangira, à quelques 12 km de Rutshuru-Centre et se poursuivaient encore au moment où nous mettions sous presse.
Dans les localités riveraines de Bunagana sous occupation rwandaise, les populations vivent le calvaire, selon plusieurs sources.
Pillages et destructions méchantes
Samedi 20 août, la société civile de Rutshuru a accusé l’armée rwandaise de s’adonner au pillage systématique des biens de la population. Des portes sont détachées des maisons et des tôles arrachées et emportées par les assaillants. De même que des centres de santé et hôpitaux sont rageusement pillés et leurs biens emportés au Rwanda et en Ouganda, ont rapporté les animateurs de cette structure au général Constant Ndima en mission d’itinérance à Rutshuru.
A Rutsiro (groupement Bweza), la population a carrément été chassée par les troupes rwandaises qui ont systématiquement pillé les habitations, emportant volailles, chèvres et tout objet ayant quelque valeur.
Outre les taxes et impôts imposés à ceux qui sont restés dans les localités occupées, on fait état de l’exploitation aurifère dans certaines concessions autour de Bunagana. Et de rotations de petits avions en provenance du Rwanda, pour transporter les minerais afin de permettre à l’agression de s’autofinancer, une méthodologie dont Paul Kagame est coutumier depuis 1996.
Alors que les populations de la région expriment de plus en plus leur impatience de voir les FARDC récupérer les localités occupées par le Rwanda, le ministre congolais de la Communication et médias et porte-parole du gouvernement a déclaré au cours d’un briefing, lundi 22 août 2022, que l’offensive des troupes loyalistes sur Bunagana était suspendue aux mécanismes régionaux qui se mettent en place pour résoudre le problème.
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