Deux ans, 4 mois et deux semaines après son emprisonnement à Makala, la prison centrale de Kinshasa où il fut acheminé le 12 avril 2020, le président de l’Union pour la Nation (UNC) et ancien directeur du cabinet présidentiel a mis un terme à son éclipse politique. Lundi 22 août 2022, en sa résidence de la Gombe, Vital Kamehre a présidé une importante réunion du bureau politique de son parti, à laquelle furent conviées tout ce que l’UNC compte de personnalités, en réalité.
Pour cette rentrée politique, plutôt réussie, deux points seulement étaient inscrits à l’ordre du jour, même si VK a dû accorder quelques minutes d’entretien, ci et là : le mot du secrétaire général, Billy Kambale et la communication du président national. Point à la ligne. L’heure n’était pas aux discours, sauf celui du patron, qui ne fut guère bien long.
Lundi dernier en sa résidence, Kamerhe a mis un point d’honneur à rendre grâce et à remercier Dieu, les cadres, membres, sympathisants de l’UNC, alliés et associations alliées au parti ainsi que les serviteurs de Dieu et «toutes les autres personnes éprises de paix et de compassion qui n’ont cessé de (le) soutenir pendant toute cette période de dure épreuve ». Aux uns et aux autres, il a adressé une exhortation : le pardon et la réconciliation, inspirés des écrits bibliques selon lesquels «Joseph qui avait été vendu a sauvé ses frères et beaucoup d’autres âmes, qui avaient foi en Dieu».
L’UNC debout
De la vitalité de l’UNC en l’absence de son président en détention, VK s’est félicité parce que le parti est «resté debout». Et même plus, il déborde de vitalité ainsi qu’en a témoigné l’acquisition d’un siège national au coût de 500.000 USD, grâce aux contributions des membres et à la vente des cartes biométriques d’adhésion au parti, dont l’ambition, a révélé son président, est de former un grand groupe parlementaire au terme des prochaines législatives.
La situation politique du pays, marquée par le «drame de l’Est», n’a pas échappé à l’attention de VK, qui y consacrera un déplacement aux fins de contribuer à la recherche d’une paix durable qui, à l’en croire, est liée au problème plus global du développement du pays. Enumérant les énormes potentialités dont dispose la RDC, VK a assuré que le développement du pays «dépend des Congolais, bien plus, d’un leadership visionnaire, rassembleur, éclairé et qui met tous les Congolais au travail, tel que prôné par le chef de l’Etat. Le Congo a la vocation d’être la locomotive de l’Afrique et non pas la queue parmi les pays les plus pauvres de l’humanité».
Ni CACH ni USN
Sur le sujet, les idées de l’ancien directeur de cabinet de Félix Tshisekedi sont d’autant plus nettes qu’il semble en avoir préalablement discuté avec le président de la République et «plusieurs ambassadeurs» accrédités en RDC. Il dit avoir entrepris des consultations, à poursuivre, avec les leaders politiques et de la société civile en vue de la constitution d’une «union sacrée des intelligences congolaises» afin de faire face aux problèmes qui assaillent le pays.
La rentrée politique du patron de l’UNC aura donc été consacrée à l’avenir de son parti et du pays. Pas un traître-mot sur la coalition avec l’UDPS de Félix Tshisekedi dans le cadre du Cap sur le changement (CACH), ni sur l’Union sacrée de la Nation, la plateforme gouvernementale à laquelle appartient toujours une UNC amplement représentée dans les instances gouvernementales. L’énumération des destinataires de la communication de VK, lundi 22 août, en atteste : «Honorables députés, Excellences Messieurs les ministres et vice-ministres, chers mandataires, Camarades membres du parti à vos titres et qualités, Camarade secrétaire général, mes chers compatriotes, alliés, sympathisants et membres de notre cher parti politique, UNC, à tout le peuple congolais épris de paix et de justice», s’était contenté de mentionner VK à l’introduction de son speech.
Tout se passe donc comme si l’ancien directeur de cabinet du chef de l’Etat, et sans doute ce dernier avec lui, lorgnent désormais vers une structure plus large que l’actuelle USN et placent la barre au-delà des divergences de conjonctures et de conjectures politiciennes. Qui vivra verra.
J.N. AVEC LE MAXIMUM.