A malin, malin et demi. L’inspecteur général chef de services de l’IGF, Jules Alingete Key ne s’est pas laissé démonté par la vague des alertes conspirationnistes visant sa personne, voire son poste, dans les médias et réseaux sociaux. Prenant son bâton de pélerin, il a mis le cap sur l’ex-Katanga, siège de deux grandes sociétés publiques congolaises, la Générale des carrières et des mines (Gécamines) et la Société nationale des chemins de fer (SNCC). Le gendarme en chef des finances publiques de la RDC s’est attelé pendant son périple à verrouiller les circuits de coulage des ressources dont disposent ces deux mastodontes de l’économie congolaise.
Dès qu’un groupe d’experts de l’IGF l’ayant précédé avait rappelé le b.a.ba d’une gestion orthodoxe des moyens financiers de deux entreprises, même le banc syndical s’était mis à crier à l’asphyxie par l’introduction d’une sorte de co-gestion illégale et contreproductive des entreprises publiques.
Jules Alingete a dès lors reçu mandat de s’impliquer personnellement pour savoir ce qu’il en était et, le cas échéant, y mettre bon ordre. Sur place, après avoir écouter les uns et les autres, il a rassuré quant au bien-fondé de la patrouille financière et des mécanismes de contrôle mis en oeuvre dans ce cadre.
Selon plusieurs experts, la Gécamines et la SNCC devraient se féliciter de la nouvelle méthodologie introduite par l’IGF, laquelle prend pied sur la législation en vigueur en RDC. «La bonne gouvernance résulte toujours d’un long processus d’application, de maîtrise et d’intériorisation des règles et procédures de gestion. Les vieilles habitudes ont souvent la vie longue et lorsqu’on n’y prend garde, elles ont tendance à revenir dès lors qu’une thérapeutique robuste ne leur est pas appliquée», a déclaré l’inspecteur général chef de l’IGF. Comme pour dire qu’il faut passer à un traitement de choc pour en finir avec le coulage systémique des recettes publiques.
En d’autres termes, il importe de mettre en oeuvre toutes les dispositions prévues par la loi des finances publiques pour préserver les biens sociaux à ce niveau.
Ministres et mandataires publics dont les livres comptables ne sont pas tenus avec une stricte orthodoxie financière devront se remettre en cause. Alingete précise que «le manque de discipline en matière de gestion publique et la boulimie des prédateurs dans la course à l’enrichissement sans cause ont été des vecteurs importants dans la cacophonie financière en RDC».
Cette position défendue fermement par Jules Alingete ne fait pas que des heureux dans la sphère de l’appareil d’État. On apprend ainsi de diverses sources que des cabales ont été échafaudées dans certaines structures de l’État dans le but de faire échec à la détermination du patron de l’IGF de nettoyer les écuries d’Augias en suivant de plus près la gestion financière des mandataires et autres hauts fonctionnaires.
Pour autant, l’inspecteur général-chef de service de l’IGF n’entend pas lâcher prise, au moment où sa machine de surveillance semble donner des résultats de plus en plus probants ainsi que l’attestent les statistiques des finances publiques et le satisfecit de nombre de partenaires et observateurs.
On constate en effet, s’agissant notamment des régies financières, qu’elles pulvérisent littéralement les assignations fixées par la LOFIP depuis que l’IGF y a entamé sa croisade. Au mois de juillet 2022, la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations (DGRAD), la Direction générale des impôts (DGI) et la Direction générale des douanes et accises (DGDA) ont largement dépassé leurs assignations avec une mobilisation globale de 1.701,9 milliards FC soit 117% par rapport aux assignations du mois de juin fixées à 1.458,8 milliards FC.
Ce chiffre est en hausse de 63,86% par rapport aux 1.087 milliards FC collectés en juin.
Dans l’ensemble, le gouvernement a pu annoncer avoir mobilisé entre janvier et juillet 2022, soit en sept mois seulement de l’exercice budgétaire annuel, «tout ce que le pays avait pu mobiliser pendant 12 mois pour l’exercice 2021», soulignant un «état satisfaisant de mobilisation des recettes publiques».
Par ailleurs, force est de constater que l’expression “canard boîteux” longtemps collée à plusieurs entreprises du groupe portefeuille tend à disparaître.
Ainsi que l’explique le PCA Lambert Mende Omalanga de Lignes maritimes congolaises (LMC), une société qui a renoué avec des résultats performants après de longues années de déprime, «la peur du gendarme financier a pu se manifester à travers un peu plus de discipline dans la gestion et l’encadrement des finances de l’Etat».
LE MAXIMUM AVEC P.L. MAWEJA