Empêtré dans la guerre en Ukraine et dans une crise à Taïwan, le président Américain Joe Biden accélère sa stratégie de containment de la poussée russe et chinoise en Afrique. Comme pendant la guerre froide, la RDC est au centre de cette stratégie d’endiguement. La secrétaire d’État adjointe aux affaires africaines des États-Unis, Mary Catherine Phee, a expliqué en détail pourquoi Anthony Blinken se rend en Afrique du Sud, en RDC et au Rwanda du 7 au 12 août en affirmant que les trois pays sont des acteurs importants sur le continent africain et à travers le monde pour contrer la Chine et la Russie.
Cette tournée de la task force Biden en Afrique coïncide avec le changement à la tête du commandement de l’AFRICOM. Le lt-général du Corps des Marines Michael E. Langley prendra la direction des forces américaines en Afrique à partir de cette semaine. Il remplace le général d’armée Stephen Townsend qui dirigeait ce corps depuis 2019.
Michael E. Langley a pour mission de contrecarrer l’expansion du groupe paramilitaire russe Wagner et la Chine dans toute l’Afrique et précisément en RDC.
Cette crainte du pentagone est d’autant plus prégnante que la RDC est depuis plusieurs années dans le viseur du groupe cofondé par Dmitri Utkine – un ancien officier du GRU – comme l’atteste une liste interne de pays-cibles datant de 2017.
Les ambitions de Viktor Tokmakov
Les diplomates occidentaux en poste à Kinshasa ont également noté avec appréhension l’arrivée courant 2021 de Viktor Tokmakov comme n° 2 de l’ambassade de la Fédération de Russie à Kinshasa. Ce dernier avait auparavant été 1er conseiller de l’ambassade russe à Bangui, où il entretenait des liens étroits avec Valery Zakharov, ex-conseiller chargé des questions de sécurité du président centrafricain Faustin-Archange Touadéra. Tous deux sont réputés être des artisans de l’implantation de la nébuleuse Wagner dans ce pays. Au regard de la doctrine diplomatique de Félix Tshisekedi selon laquelle «le Congo est ouvert, mais pas offert», et des déceptions à l’égard des partenaires occidentaux en matière sécuritaire et économique, Les propositions russes « d’accompagnement » du gouvernement congolais pour vaincre le M23, inquiètent de plus en plus les Etats-Unis. La Russie constitue une option sérieuse pour l’opinion publique congolaise anti rwandaise et poutinophile.
Le Pentagone craint la contagion malienne en RDC
Échaudé par la tournure des événements en Centrafrique et au Mali, le gouvernement américain redoute un rapprochement de la RDC avec la Russie.
Les temps sont durs et sombres pour la mission onusienne en RDC. Le Pentagone craint la contagion malienne dans ce pays. En tout cas, Monusco ou Minusma, les forces onusiennes n’ont plus sur le continent noir.
Au Mali, où la junte militaire venue aux affaires après le coup d’État d’août 2020 est toujours au pouvoir et file le parfait amour avec la société de sécurité privée russe Wagner, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) passe des moments difficiles.
Les forces françaises Barkhane et la force européenne Takuba sont poussées dehors par la junte au pouvoir au profit des contractors russes réputés plus efficaces.
En RDC, le planning du retrait progressif de la Monusco à l’horizon 2024 est déjà sur la table, et le pouvoir de Félix Tshisekedi en a même demandé la réévaluation.
Les Congolais sont de plus en plus nombreux à estimer que la Monusco n’est pas en mesure de les protéger contre les agressions extérieures, notamment celles du M23 et du Rwanda et veulent précipiter ce départ. Les bavures se multiplient. D’où, «l’intifada» contre la Monusco qui a poussé les casques bleus à ouvrir le feu sur des manifestants. Des pancartes à l’effigie du président russe Vladimir Poutine ont fait leur apparition lors de ces manifestations contre l’appui du Rwanda aux terroristes du M23. En février dernier, en soutien à la guerre russe en Ukraine, un convoi de plusieurs véhicules a défilé dans Kinshasa en arborant des drapeaux russes.
Un bureau AFRICOM en Zambie
Le Commandement américain pour l’Afrique a ouvert un bureau de coopération en matière de sécurité à l’ambassade des États-Unis en Zambie. Le général Peter Bailey, directeur adjoint de la stratégie, de l’engagement et des programmes, a fait cette annonce en Zambie lors d’une réunion avec le président Hakainde Hichilema. L’objectif de ce bureau est de contrôler la sortie des minerais stratégiques de la RDC en direction des ports sud-africains ou d’autres ports africains comme le Mozambique ou encore l’Angola. Selon plusieurs observateurs, HH a dû accepter la proposition de l’AFRICOM après en avoir été persuadé par la Fondation Brenthurst. L’influence du patron de cette fondation sud-africaine, Greg Mills, se fait de plus en plus sentir auprès du chef de l’Etat zambien. Dès l’ouverture d’un bureau Africom à l’investissement massif de First Quantum Minerals dans ce pays, la fondation sud-africaine Brenthurst de Greg Mills a aidé la Zambie et son nouveau président à s’affranchir de la tutelle chinoise établie sous l’ancien président Edgar Lungu.
La East African Force en RDC
Le président américain, Joe Biden a nommé Eric W. Kneedler ambassadeur des Etats-Unis au Rwanda en remplacement de Peter Vrooman muté au Mozambique.
Depuis le départ de ce dernier, c’est une chargée d’affaires, Deb MacLean, qui assume l’intérim. Le nouvel ambassadeur US à Kigali est un diplomate de carrière qui était en poste à Nairobi. Il y avait commencé comme conseiller politique en 2017 avant d’en devenir chargé d’affaires. C’est donc un connaisseur de la région qui entretient d’excellents liens avec Paul Kagame.
Le Kenya va assurer le commandement général du déploiement des troupes des pays de l’Est en RDC à un moment où il y a investi dans le domaine de la finance.
La nomination de Lucy Tamlyn au poste d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire des Etats-Unis à Kinshasa remplace Mike Hammer qui a occupé cette fonction entre septembre 2018 et mai 2022. Ce dernier a été nommé envoyé spécial des USA pour la Corne de l’Afrique.
Lucy Tamlyn était jusqu’ici chargée d’affaires ad intérim à l’ambassade des USA à Khartoum (Soudan). Auparavant, elle a occupé plusieurs autres postes notamment celui d’ambassadrice en République centrafricaine, au Bénin ou chef de mission adjointe dans les ambassades des États-Unis au Portugal et au Tchad.
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