La RDC envoie des signaux peu rassurants à 1 mois du lancement d’un projet type Plan Marshall des Etats-Unis pour l’Afrique. La gestion des finances publiques, depuis janvier 2019, ne reflète guère l’orthodoxie et la rigueur espérées, déplore la société civile. En clair, les signes avant-coureurs du scénario d’une apocalypse financière brossé par la très sérieuse agence de notation S&P Global Ratings sont régulièrement annoncés et tendent à justifier la note assez médiocre collée, par anticipation, à la RDC de «B-/B».
Après l’affaire de 15 millions USD des pétroliers, voilà l’institution président de la République encore citée dans l’affaire de la brève interpellation par les services, des inspecteurs de l’Inspection générale des finances (IGF) alors qu’ils menaient, selon l’ONG Ligue congolaise contre la corruption (Licoco) un audit financier dans différents ministères.
On rappelle que les Etats-Unis ont annoncé pour le 1er octobre le lancement d’une nouvelle agence de financement du développement destinée à l’Afrique, The Development Finance corporation (DFC) qui deviendra opérationnelle à cette date. Pour la RDC, il va falloir avant tout réintégrer l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), estime le directeur exécutif de la Haute académie de la société civile congolaise, Hasco, Richie Lontulungu.
Le déficit de démocratie, les atteintes répétées aux droits humains et autres raisons avancées en 2010 par Washington pour exclure la RDC ne tiennent plus, selon lui, car ce pays a enregistré d’énormes progrès sur le plan politique après la tenue des élections du 30 décembre 2018.
Il y a encore quelques semaines, Mme Élodie Ntamuzinda W’igulu, membre de la plénière de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) déléguée de la RDC à la 5ème conférence annuelle de l’AGOA qui s’est tenue à Washington, du 10 au 11 avril 2019, a imploré les décideurs américains de bien vouloir réintégrer la RDC dans cette structure dans un délai raisonnable.
L’AGOA est une loi américaine sur la croissance et les opportunités de développement en Afrique, votée et promulguée en mai 2000 par le Congrès américain, sous l’égide du président Bill Clinton. Elle permet aux pays d’Afrique subsaharienne d’exporter sur le marché américain sans droits de douanes et prévoit des programmes pour créer d’importantes opportunités pour les pays remplissant les conditions et changer fondamentalement la structure de leurs économies.
L’AGOA vise entre autres, à promouvoir le commerce et les investissements entre les Etats-Unis et l’Afrique subsaharienne en accordant aux pays admis un accès exceptionnel au marché américain, encourager le développement économique et les réformes en Afrique subsaharienne et favoriser un accès et des possibilités accrues pour les investisseurs et entreprises en Afrique subsaharienne.
Il sied cependant de relever que le président Donald Trump a remis en cause certaines clauses de l’AGOA notamment celle qui supprimait les contingentements au textile et aux vêtements en provenance d’Afrique subsaharienne.
Les USA ont, on le sait, annoncé leur ferme volonté d’investir derechef dans l’ancien Zaïre. Mike Pompeo, le Secrétaire d’Etat américain (ministre des Affaires étrangères) en a donné l’assurance au chef de l’Etat, Tshisekedi Tshilombo, lors de son dernier séjour aux Etats-Unis.
A travers l’USAID, Washington s’est déjà engagé à accorder à la RDC près de 140 millions USD de dons-projets. Mais les efforts politiques ne suffisent pas, selon certains experts, la RDC doit aussi et surtout lutter contre la corruption. Les officiels américains et la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, l’ont dit sans fioritures au chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi lors de son récent voyage à Washington.
POLD LEVI