Présenté par Néhémie Mwilanya, alors Dircab de l’ex-chef de l’Etat, Joseph Kabila, le Plan National Stratégique pour le Développement (PNSD), aurait dû guider, dans son premier volet, la gouvernance de la RDC jusqu’en 2021. Et même en 2050.
Mais ni l’actuel chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, ni son Dircab, Vital Kamerhe, ne s’en font l’écho. Au nom du principe de la continuité de l’Etat, et, à défaut de disposer d’un bras exécutif constitutionnel, le gouvernement, beaucoup d’analystes s’attendaient à ce que l‘institution Président se réfère à ce vademecum – validé par ailleurs par divers partenaires extérieurs dont la Banque Mondiale – dans sa gestion de la chose publique.
Il appert que l’option levée au sommet de l’Etat est celle d’ignorer, sinon rejeter le PNSD. Aucune communication du Palais de la Nation n’évoque ce document. La plupart des ministères expédiant les affaires courantes remettent même en cause le bien-fondé de ce plan, jugé confus et superflu.
Bien avant les élections, le ministre sortant du Plan, Bahati Lukwebo, à qui l’on prêtait des velléités d’ambitions présidentielles, avait élaboré un budget pluriannuel 2018-2022 présenté comme plus crédible que le PNSD. Son coût global se chiffrait à 58,57 milliards USD, soit une moyenne annuelle de 11,5 milliards USD, l’Etat ne devant mobiliser que 30,8 % de son financement, soit 18, 07 milliards USD. 7,2% du financement devaient provenir des partenaires extérieurs. Le restant étant à rechercher.
Selon un expert du ministère du Plan par contre, amorcés en 2015, avec un accompagnement international grâce à l’appui de la Banque Mondiale, les travaux sur le PNSD avaient abouti à la production d’un rapport de performance sur les 10 dernières années.
En 2016, sur instruction du gouvernement, l’exercice a été mené par l’expertise nationale et financé à 90 % par le Trésor public. Ces travaux aboutiront à la publication du PNSD en deux livres et quatre sous-livres.
Alors que le premier document s’étalait sur un horizon de 5 ans (2017-2021), le second était élaboré pour une période de près de 35 ans (2017-2050) et a fait l’objet d’une validation à la commission ECOFIN du gouvernement.
Mais, selon cette source, le PNSD était en déphasage non seulement avec les résultats de l’Étude nationale prospective (ENP), mais également avec le document cadre pour l’élaboration du PNSD publié par le cabinet du chef de l’Etat.
Pour mémoire, bien que présenté à l’opinion par Néhémie Mwilanya, son appropriation par l’ensemble des parties prenantes semblait mitigée. Certaines parmi ces dernières reprochaient au PNSD de n’avoir guère pris en compte plusieurs priorités provinciales.
En tout état de cause, les risques d’un dérapage étaient à redouter, selon les explications de l’expert, d’autant plus que le plan se fondait sur des stratégies de très long terme (35 ans) dans un environnement international où la prévisibilité du cadre macroéconomique est difficilement saisissable au-delà de 5 ans.
De plus, le PNSD était jugé peu réaliste notamment au sujet des projections du cadrage macro-économique face aux évolutions récentes, et peu conforme à un Programme d’actions prioritaires (PAP) crédible.
Le recadrage du PNSD avait permis l’introduction de trois éléments : d’abord, le Plan quinquennal 2018-2022 qui constitue le cadre stratégique et fédérateur axé sur les Objectifs du développement durable (ODD), arrimé aux résultats de l’Étude nationale prospective (ENP); ensuite, le Programme d’actions prioritaires (PAP 2018-2022) qui est, en pratique un cadre opérationnel du Plan Quinquennal constitué des programmes par secteurs qui se déclinent en réformes, actions et projets chiffrés à mener au cours de la période sus-indiquée. Enfin, le PNSD devrait disposer d’un cadre de mise en œuvre de Suivi-Evaluation jamais annoncé.
POLD LEVI MAWEJA