Quand une entreprise sollicite des actes de philanthropies, nul doute, elle est en faillite. La MIBA est au plus mal. Derechef. Elle est en cessation de paiement depuis des mois. Mais son PCA croit encore au miracle. Sûrement parce qu’il est religieux sur les bords. Financièrement, la Minière de Bakwanga est morte.
Curieusement, la situation à la MIBA n’a nullement été évoquée à la réunion de la Troïka stratégique du lundi 7 novembre. Et pourtant, le conseil d’administration appelle comme à la résistance toutes les forces vives du Kasaï oriental pour que la Minière de Bakwanga ne ferme pas. Après une tentative de relance, la MIBA a derechef replongé dans le coma. L’entreprise accuse de dettes sociales de plus de 150 millions de dollars. Le PCA de la MIBA, Minière de Bakwanga, Jean-Pierre Tshibangu Katshidikaya, refuse de déclarer la mort clinique de la principale entreprise de l’espace kasaïen. Pourtant, euthanasier la firme, foi de la mouvance syndicale, pourrait susciter sa résurrection… par d’autres repreneurs. A ce jour, tous les signes vitaux et nerfs moteurs (capital, investissements, production) de la Minière sont à l’arrêt selon le dernier check-up établi, mi-juin 2015, par l’expert comptable et commissaire au compte de l’entreprise, Mme Eliane Munkeni Kiekie. Une année après, les chiffres donnent raison à la commissaire au compte. Mais le conseil d’administration de la MIBA aurait cette fois brandi des considérations sociopolitiques pour refuser d’euthanasier la Minière. Mbuji-Mayi, on le sait, est sous couvre-feu voilà pratiquement trois semaines.
Le capital social de la Minière de Bakwanga est nul depuis le 31 décembre 2014. Etabli à 108 millions de dollars, il a, en effet, été englouti dans les pertes enregistrées par l’entreprise courant 2014, soit plus de 263,9 millions de dollars. Voilà qui crée un gap d’environ 150 millions de dollars, note la commissaire au compte de l’entreprise, Eliane Munkeni. Alors que la MIBA ne dispose plus de fonds propres, ses dettes cumulées (à court, moyen et long termes) ont cependant continué à grimper et titillent les 300 millions de dollars. La commissaire aux comptes convie plutôt le conseil d’administration à se rendre à l’évidence : les réserves de la MIBA sont suffisantes pour continuer l’exploitation sans augmentation du capital ? Le conseil d’administration a-t-il déjà mûri les stratégies pour reconstituer les fonds propres de la Minière? Il sied, ici, de rappeler que le contrat d’amodiation que la MIBA avait conclu avec la firme chinoise Mercure-Ressources, filiale de fametal, a été unilatéralement résilié suite à l’éjection de M. Hubert Kazadi de ses fonctions de DG de la Minière. Un autre contrat d’amodiation a été conclu avec Sogewycs, une entreprise dirigée par M. Hyppolite Mutombo, frère du Gouv’ de l’ex-Kasai Oriental, Alphonse Ngoy Kasanji. Sogewycs s’est engagé à injecter 325. 000 dollars, assortis d’un loyer mensuel de 15.000 USD pour une production qui vise à terme le seuil de 18.000 carats/jour. Cette offre n’est qu’une goutte d’eau dans un océan des besoins financiers, à en croire l’un des administrateurs de la Miba, M. Prospère Ngandu Kayembe. Qui s’est révolté contre le fait que ce loyer avait été initialement négocié à 50.000 USD et a refusé d’apposer sa signature sur le contrat Sogewycz. Depuis d’autres partenaires se sont pointés, dont l’Indien PML, en vain. Pour la commissaire au compte de la MIBA, conformément à l’acte uniforme de l’OHADA sur les droits des sociétés commerciales et de groupement d’intérêts économiques, « si du fait des pertes constatées dans les états financiers de synthèse, les capitaux propres de la société deviennent inférieurs à la moitié du capital social, le conseil d’administration est tenu, dans les 4 mois qui suivent l’approbation des comptes ayant fait apparaître cette perte, de convoquer l’assemblée générale extraordinaire à l’effet de décider si la dissolution anticipée de la société a lieu ». Pour une correspondance dont l’objet requiert un caractère urgent tant il tient à la survie de l’entreprise, le PCA de la MIBA, Jean-Pierre Tshibangu mettra cependant deux mois et demi pour répondre à la commissaire aux comptes. Alors que l’Assemblée générale extraordinaire de la Minière devrait se tenir au plus tard le 19 octobre 2015, le PCA de la MIBA, dans une correspondance datée du 31 septembre 2015, écrit que «…si nous n’avons pas répondu jusqu’à ce jour, c’est parce que nous avons estimé qu’il fallait faire un travail en profondeur qui permettrait de nous donner un peu plus de visibilité». Opération plutôt pas assez réussie, disons 4,5 sur 10. Aussi pour le Président du Conseil d’administration, la MIBA dispose de réserves de 120 millions de carats. Et qu’avec un prix moyen de 20 dollars le carat, la Minière obtiendrait à long terme un chiffre d’affaire supérieur à 2 milliards de dollars. Ces perspectives-là, plus d’une année après, sont loin d’être atteintes. Pour ce qui est de la dette de l’entreprise qui frôle les 300 millions de dollars ou de recapitalisation de la Minière, le PCA se dit «convaincu que l’Etat congolais, qui est notre actionnaire principal, nous accompagnera… De plus, les deux actionnaires principaux pourront étudier la possibilité de recapitaliser la Société afin de diminuer ou annuler l’endettement et permettre le retour vers un accès aux capitaux à risque». Une assemblée générale des actionnaires de la minière (Etat Congolais et Sibeka) est envisagée dans les tout prochains jours…courant novembre 2015. Une année après, l’assemblée piétine. La Minière patauge, lâche ses derniers soupirs.
POLD LEVI MAWEJA