Ce n’est pas le riz du parc agro-industriel de Bukangalonzo ni les poulets du DAIPN qui seront offerts aux agents et fonctionnaires de l’administration publique lors des festivités de fin d’année. Le gouvernement a opté pour les importations. Et là encore, c’est un expatrié, le Libanais Socimex, qui rafle la mise. Un marché de plus de 1,6 milliards de FC, précisément 1.610.089.120FC , soit 1.750.096 de dollars.
A quelque 4 semaines des festivités de fin d’année 2015 sinon de nouvel an 2016, le ministre du Budget, Michel Bongongo, qui se charge du dossier, devrait avoir définitivement accordé le marché à Socimex. C’est plutôt un revirement par rapport aux engagements pris précédemment par l’Etat. « Le gouvernement dispose enfin d’un «plan plus ou moins clair qui puisse permettre aux opérateurs économiques r-dcongolais de participer notamment à l’approvisionnement du pays en produits alimentaires de première nécessité pendant le dernier trimestre de l’année de manière à ce que les festivités de fin d’année se passent dans les meilleures conditions possibles». Ces propos sont de l’ancien Vice-Premier ministre et du Budget, Daniel Mukoko Samba. Hélas, son successeur, Michel Bongongo, a préféré le Libanais Socimex aux importateurs nationaux. L’importateur libanais a remporté le marché d’inonder la capitale en vivres frais et riz pour les festivités de fin d’année. Le ministre du Budget a en effet accordé à Socimex l’offre d’importer plus de 20,000 sacs de riz de 50 Kg ainsi que plus de 21,000 cartons de poulets, poids 12. Depuis la publication du rapport MENA qui a conclu à des marges de bénéfices exorbitant que gagnent voilà des lustres des importateurs des produits vivriers de la place, le gouvernement cherche à obtenir la baisse des prix des produits de grande consommation, essentiellement alimentaires. Mais ce secteur est largement dominé par les expatriés, SOCIMEX, CONGO FUTUR, SOKIN…affiliés à la FEC. L’Etat avait résolu de soutenir les importateurs nationaux ou encore la production locale. C’est dans ce cadre que s’explique la construction, en marge des budgets 2013 et 2014, du parc de Bukangalonzo et la réhabilitation du domaine agro-industriel présidentiel de la N’Sele. Des infrastructures qui auront coûté au bas mot 200 millions de dollars. Hélas, il ne se compte plus que du bout de doigt ces importateurs nationaux que voulait soutenir le ministre du Budget. Qui n’a jamais dit en quoi consistera ce soutien, d’ailleurs. Aujourd’hui, ce n’est plus qu’histoire. En outre, le ministère de l’Economie, du temps de Jean-Paul Nemoyato, avait, l’on se rappelle, entrepris des démarches auprès de la Fédération des entreprises du Congo en vue d’élaguer de la structure des prix tous les éléments qui favorisent la surenchère. La FEC, par contre, avait dû organiser un atelier à ce sujet et en a réservé la primeur au Premier ministre, Matata Ponyo. Commentant le fameux rapport Menaa qui avait étalé au grand jour la supercherie des importateurs expatriés, ce haut cadre de l’ex-ONATRA dit se souvenir des chinoiseries administratives qu’a connues l’importateur Kansebu au point de craquer. L’Etat, fait-il comprendre, a sacrifié les nationaux sur l’autel des bakchichs versés par des groupes asiatiques devenus maîtres du marché et de l’économie en R-dC. Il n’y a rien de nouveau dans le rapport Menaa Finances sur les prix des produits importés en R-dC ainsi que des bénéfices largement au-delà du tolérable que se font des importateurs expats. Un dossier bien détaillé sur les marges bénéficiaires exorbitantes que réalisent les importateurs avait déjà été élaboré par des limiers du ministère de l’Economie, sans recourir à une prétendue expertise étrangère, du temps de Bulambo Kilosho.
A l’époque, non seulement le ministre de l’Economie avait transmis à son collègue des Finances de l’époque, (un certain) Augustin Matata Ponyo, ledit dossier en vue de remettre l’Etat dans ses droits face à des importateurs véreux, mais Socimex, Congo Futur, Sokin, etc., avaient également souscrit, le 10 juin 2010, au principe du rabais des prix des biens de consommation importés. Le sucre blanc, par exemple, aurait dû connaître, à cette époque, une baisse de 30%, le prix du lait en poudre diminuerait de 18%, celui du riz blanc thaïlandais de 13% contre 1,56% pour le riz venu du Vietnam. Côté surgelés : le poulet à bouillir aurait vu son prix baisser de 6,4% alors que celui du mpiodi «national», le chinchard, décroîtrait de 5%. L’on a plutôt assisté à du yo-yo sur les étals.
Consommer local …
Au nom du principe de la succession de l’Etat, le nouveau cabinet devrait, aurait dû plutôt se préoccuper de l’applicabilité de la grille tarifaire convenue entre les experts du ministère de l’Economie et les importateurs de biens de consommation, au lieu de commander un audit -dont le coût n’a pas été révélé – sur ce qui est déjà connu et corrigé sinon en passe de l’être. Hélas, l’on ne cessera de le décrier, le problème, le drame en R-dC, c’est la politique de la table rase. Chaque gouvernement, chaque ministre a tendance à vouloir réinventer la roue. Il ne trouve rien de bon dans tout ou presque hérité de son prédécesseur. Pourtant Bulambo négociait avec une firme norvégienne en vue de la relance de la pêche industrielle. Les Norvégiens étaient prêts, avait-on appris, à injecter quelque Usd 32 millions et lancer une dizaine des bateaux pêcheurs dans les eaux intérieures r-dcongolaises, sur le fleuve Congo, notamment dans la zone d’embouchure…pré-carré de l’ancienne Pêcherie maritime du Zaïre, PEMARZA dont les actifs et missions ont été repris par la SOCOPE, Société congolaise des pêches. La SOCOPE envisageait plutôt de se lancer dans une exploitation côtière n’utilisant que des moyens légers et les capacités des pêcheurs autochtones dès juin 2010. Voilà donc 5 ans déjà ! Et on est encore loin du début du commencement. La nouvelle société des pêches n’a jamais pu mettre sur le marché ne fut-ce que ses fretins. Les chinchards de la SOCOPE, ça n’était que du poisson d’avril. D’ailleurs, à l’entreprise on s’en justifiait. Si la SOCOPE n’arrive pas à attraper du poisson, c’est la faute au fleuve du Congo, a fait savoir la haute direction de la compagnie. Le fleuve a un débit remarquable. C’est le deuxième après celui du fleuve Amazone, en Amérique latine. Mais cet avantage, soutient la SOCOPE, devient plutôt un gros handicap au point d’empêcher une pêche côtière efficace. Les eaux du fleuve Congo, en se jetant dans l’océan, troubleraient la quiétude de nombre d’espèces des poissons consommés en R-dC. Pourtant, l’on doit affirmer sans crainte d’être contredit que la R-dC ne dispose pas de moyens ni financiers ni techniques pour fouiner dans les fonds marins. Toutefois, la SOCOPE semble disposer d’un alibi pour justifier non seulement son incurie mais aussi le changement- fut-il temporaire- de l’objet social de l’entreprise. La Société congolaise de pêches s’essaie désormais dans la gestion des ports. Et elle a déjà un gros contrat. Celui de la réhabilitation et de l’exploitation de l’ensemble du site portuaire du quai ONATRA de Ango-Ango, non loin de Matadi. Des Chinois de Bosa pêchent au même endroit des poissons à l’aide de deux chalutiers de fortune fabriqués avec du bois de la forêt de la Mayombe. Au regard de son potentiel, la R-dCongo peut produire jusqu’à 707.000 tonnes de poissons chaque année. Voire plus, du fait que les richesses aquatiques du pays qui reposent dans les profondeurs d’un espace estimé pratiquement à près de 90.000 Km2, sont longtemps demeurées quasi inexploitées. La production locale avait dépassé les 250.000 tonnes, il y a encore quelques années, du temps de PEMARZA, la Pêcherie maritime zaïroise.
POLD LEVI