D’après le ministre des Hydrocarbures, Rubens Mikindo, le gouvernement va décaisser 4.355.359 euros pour l’exécution, en mode urgence, des travaux de dégazage des eaux du lac Kivu près du golfe de Kabuno. Les riverains du lac Kivu, côté RDC sont exposés en permanence à un risque d’explosion due à l’éventuelle brusque remontée à la surface d’une grande quantité de gaz carbonique et de méthane qui se concentre dans le lac. La vie de plus de 3 millions des personnes est en danger. Ainsi, le gouvernement a-t-il recouru à la procédure de gré à gré pour octroyer, courant octobre 2019, le marché du dégazage des eaux du lac Kivu à la société Limnological Engineering L.E. SAS. Voilà pratiquement 5 ans que l’Etat r-dcongolais recourt à des travaux d’urgence pour ralentir tant soit peu la montée du gaz du lac Kivu. En 2016, 190 millions FC avaient été décaissés pour un début d’exécution des travaux de dégazage du lac Kivu, dans le golfe de Kabuno, et d’élaboration de la cartographie des blocs d’exploration pétrolière des bassins sédimentaires. Un peu plus de 500 millions FC ont été prévus en 2017 dans le budget du ministère des Hydrocarbures pour le même travail. Un rapport de la société civile locale avait déploré que les dépenses effectuées par l’Etat pour le dégazage du lac Kivu ne paraissent pas être soutenues par des études techniques et financières préalables. Il sied de noter que l’Etat a toujours recouru au gré à gré pour réaliser ces travaux. Les eaux du lac Kivu regorgent d’importantes réserves de gaz méthane capables de répondre aux besoins énergétiques de la RDC et du Rwanda. Avec une superficie de 2.400 km2, la profondeur maximale du lac est de 485 m et son volume d’eau total est de 580 m3. Les réserves exploitables sont estimées à 50 milliards de Nm3, soit environ 40 millions de tonnes de pétrole. Les spécialistes indiquent que le gaz du Kivu se renouvelle chaque année et qu’il renferme mille fois GAZ METHANE DU LAC KIVU 4,3 millions d’euros pour éviter l’explosion plus du gaz que le lac Nyos, au Cameroun dont l’explosion en 1986 avait causé plus de 2.000 morts en quelques minutes. Les associations de la société civile notent une certaine équivocité de l’État sur la gestion du gaz du lac Kivu. En même temps qu’il finance au prix fort l’opération du dégazage, le gouvernement se lance dans l’exploitation du gaz méthane. Après plusieurs tentatives des projets mitoyens dont la Socigaz, le Rwanda a visiblement choisi de faire cavalier seul. Et de l’avis de plusieurs experts, les résultats sont patents. À ce jour, seul le Rwanda exploite le gaz du lac Kivu. Après sa station expérimentale de captage fonctionne depuis 1.963 et fournit actuellement 500.000 Nm3 du méthane à la brasserie-limonaderie du Rwanda (BRALIRWA), le pays des mille collines a inauguré le 16 mai 2016 la centrale Kivuwatt installée par l’entreprise américaine Contour Global. L’installation a une capacité de 26 MW. D’après les experts, le projet est une infrastructure unique au monde qui transforme une potentielle menace mortelle en une source d’énergie. La centrale électrique doit, à terme, augmenter de plus de 60 % la capacité de production d’électricité du pays. Kivuwatt est située sur la rive orientale du lac Kivu à Kibuye, petite ville de l’Ouest du Rwanda, et sa plateforme flotte sur le lac à 13 km de la rive. Cette plateforme pompe à plus de 300 m de profondeur de l’eau à forte concentration en gaz méthane et en dioxyde de carbone. Le méthane est ensuite isolé puis acheminé vers la centrale qui le transforme en électricité. Sept ans d’efforts ont été nécessaires à ce projet et 200 millions USD issus de capitaux privés mais aussi de prêts d’institutions internationales d’aide publique au développement, dont la Banque africaine de développement (BAD). Contour Global prévoit désormais de construire au moins deux autres plateformes afin d’augmenter la capacité de l’installation à environ 100 MW.
POLD LEVI M.