Dans la partie Est de la RDC, l’annulation du sommet de la paix entre la RDC et le Rwanda, prévu le 15 décembre 2024, a réactivé les hostilités. L’AFC/M23 soutenu par l’armée rwandaise n’a pas tardé à relancer ses assauts sur le front de Lubero, occupant notamment la localité stratégique d’Alimbongo avant d’être stoppé net par les FARDC. Et de s’en retourner vers les fronts de Rutshuru et de Masisi où les combats font rage depuis plusieurs jours, sans véritables avancées. Ces dernières 48 heures, les supplétifs de Kigali en RDC semblent plutôt avoir été soumis aux supplices sur différentes lignes de front.
Dans la province du Nord Kivu, la dernière guerre d’agression contre la RDC lancée en 2022 tarde à prendre les allures habituelles : celles d’une guerre d’occupation éclair. Plus de deux ans après les premières attaques des proxys rwandais du M23 contre les positions des FARDC, marquées notamment par l’occupation d’importantes agglomérations de la région, à l’instar de Bunagana en juin 2022, la progression des rebelles marque le pas. Même si, selon des sources onusiennes, les agresseurs ont progressé de 😯 km vers l’Est et de 120 km vers le Nord au Nord-Kivu, il reste que seulement 2 des 6 territoires de la province sont partiellement occupés. Encore que la situation sur différents fronts demeure volatile, localités et collines conquises restent susceptibles de «changer de main» à tout moment.
Telle est la situation dans les territoires de Masisi et de Rutshuru, où les affrontements entre les FARDC soutenues par les Wazalendo et les rebelles de l’AFC/M23 soutenus par l’armée rwandaise ont redoublé d’intensité depuis quelques jours.
Un grand coup rebelle à Masisi
A l’issue de violents combats, le 3 janvier 2025, les forces de la coalition RDF-M23 ont marqué un grand coup en prenant possession de la localité de Katale, dernier verrou vers Masisi-Centre, le chef-lieu du territoire du même nom. 24 heures après, samedi 4 janvier, Masisi-Centre tombait entre les mains des assaillants qui avaient préalablement occupé la localité de Mushebere. Un véritable coup dur pour les forces loyalistes et le gouvernement de la RDC, compte tenu de l’importance stratégique de cette grande agglomération de la province du Nord-Kivu.
En effet, par sa position géographique, le chef-lieu du territoire de Masisi, situé à 70 kilomètres de Goma, chef-lieu de la province, sert de carrefour entre différentes localités et agglomérations de cette entité frontalière du Rwanda et facilite les échanges commerciaux et la mobilité des populations.
Masisi-Centre est également un important centre politico-administratif qui abrite de nombreux démembrements d’institutions nationales et fait du territoire un point de rassemblement entre différentes communautés de la région.
Au plan stratégique, Masisi-Centre permet de contrôler plusieurs axes stratégiques, notamment : la route qui mène vers Goma. Elle est essentielle au ravitaillement du chef-lieu du Nord-Kivu ; les axes vers le territoire voisin de Walikale, une région très riche en minerais stratégiques ; des routes secondaires vers diverses zones rurales riches en ressources agricoles et minières.
Agglomération stratégique
Sur le plan militaire, contrôler Masisi-Centre offre la possibilité d’établir un commandement permettant l’organisation des déploiements des troupes vers divers fronts. En même temps qu’il permet la sécurisation des voies d’approvisionnements divers autant que l’obstruction des lignes d’appuis logistiques des adversaires.
Il était donc de la plus haute importance, de récupérer à tout prix, le territoire de Masisi des mains des occupants, et les Forces armées de la RDC soutenus par les patriotes Wazalendo se sont mis à la tâche dès dimanche 5 janvier 2025, avec quelques succès notables. Mardi 7 janvier, des sources dans la région ont rapporté des affrontements violents sur l’axe Numbi-Ufamandu, certaines annonçant même la récupération de la localité de Ngungu dans le groupement Ufamandu par la coalition FARDC-Wazalendo. Plusieurs villages autour de Ngungu, notamment Kataandwa, Ruzirantaka et les environs, étaient effectivement passés sous le contrôle des troupes loyalistes. Sans plus. Un tweet de Guillaume Ndjike, porte-parole FARDC au Nord-Kivu, annonçait le même jour que «la contre-offensive des FARDC de ce 7 janvier a permis à ces dernières de récupérer plusieurs localités jadis occupées par les terroristes de l’armée rwandaise et ses multiples alliés. Des pertes importantes côté ennemi, bilan à suivre».
L’occupation de Ngungu par les FARDC soutenus par les Wazalendo a été confirmée mercredi 8 janvier 2025. Les rebelles de l’AFC/M23 soutenus par le RDF se sont repliés vers Mashaki, à 5 km de Masisi-Centre, selon nos confrères de TazamaRDC.
Masisi-Centre récupéré
Le même jour, les troupes loyalistes ont pris possession de l’agglomération de Masisi-Centre aux environs de 11 heures locales, ainsi que Lushebere, situé à 5 km à l’Est.
Sur l’autre ligne de front, à Sake, le comportement des FARDC soutenus par les Wazalendo s’est également avéré payant. Dès mardi 7 janvier dans la soirée, les collines des Trois antennes, Kihuli et la vallée de Kimoka autour de Sake avaient été reprises.
Néanmoins, mercredi soir, des sources locales ont annoncé l’arrivée de renforts en troupes rwandaises. Elles ont traversé la frontière congolaise à Kabuhanga dans le territoire de Nyiragongo. Des témoignages font état de 5 camions de marque Fuso remplis de soldats, des munitions et de rations aperçus à Rugari, qui se rendaient vers Rutshuru-Centre.
Quel que soit l’évolution des affrontements au Nord-Kivu, la volatilité de la situation sur le terrain révèle que les agresseurs rwandais et leurs proxys, qui effectuaient des promenades de santé sur le territoire congolais jusqu’à il y a peu, n’étaient pas aussi invincibles qu’on l’a laissé croire.
J.N. AVEC LE MAXIMUM