Selon Igor Morozov, membre du Comité des Affaires étrangères du Sénat de Russie, des nuages noirs s’amoncellent au-dessus de la tête de George Soros. Morozov commentait ainsi la publication d’une pétition lancée par des citoyens américains qui exigent que leur gouvernement saisisse les actifs personnels de George Soros et les biens de toutes ses organisations. « Je n’exclus pas que l’apparition d’un groupe d’initiative de citoyens américains qui signent cette pétition augure de jours noirs pour Soros », a-t-il souligné dans une interview parue chez nos confrères de l’agence Reuters. « Ces mêmes jours qu’il aimait inscrire au calendrier de pays en voie de développement, d’économies et de marchés émergents. Je crois que si la justice américaine se penchait réellement sur les technologies et les instruments utilisés par Soros et sur tout ce qu’il a accumulé pendant sa vie, son empire s’effondrerait ». Le législateur russe a également souligné que les Américains n’ont commencé à s’intéresser aux activités déstabilisantes du milliardaire d’origine hongroise que parce qu’elles commençaient à toucher à la sécurité de leur pays.
Déstabilisateur universel
« Soros utilise ses instruments de financement pour détruire des économies en développement, affaiblir ou remplacer des élites politiques, modifier les orientations politiques, c’est-à-dire pour déstabiliser », a-t-il précisé. Et de rajouter qu’il a fait fortune parce que les enjeux de la destruction de tel ou tel pays, de tel ou tel marché régional étaient très élevés. « Je crois que les turbulences provoquées par les technologies qui sont les siennes ont enfin atteint la côte américaine et les Américains eux-mêmes ont commencé à en ressentir les effets ».
Auparavant, une pétition intitulée « Déclarer que George Soros est un terroriste et saisir tous les actifs de ses organisations connexes en vertu des lois RICO (Racketeer Influenced Corrupt Organizations, ndlr) et NDAA (National Defense Authorization Act, ndlr) » a été publiée sur le site officiel de la Maison-Blanche et a déjà passé à ce jour le cap de 100.000 signatures, ce qui met l’administration américaine dans l’obligation légale d’y donner suite.
On peut y lire, entre autres informations que « George Soros a volontairement et constamment tenté de déstabiliser et de commettre des actes de sédition contre les États-Unis et leur citoyens ». Selon Eric Piermont de l’AFP, même l’Etat d’Israël accuse George Soros d’activités subversives contre lui.
Israël aussi prend ses distances
La diplomatie israélienne a dû réaffirmer son opposition aux ONG financées par George Soros, après une déclaration de l’ambassadeur d’Israël en Hongrie, préoccupé par les critiques à l’encontre de ce milliardaire juif américain d’origine hongroise.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a commenté la récente déclaration de l’ambassadeur d’Israël en Hongrie, Yossi Amrani, préoccupé par le fait que la campagne anti-Soros dans le pays alimente l’antisémitisme et évoque « les démons et les ombres du passé ». Ces déclarations ayant donné à croire que l’Etat juif soutenait le milliardaire sulfureux, la diplomatie israélienne a fait la mise au point, en précisant que le but des déclarations faites par l’ambassadeur d’Israël en Hongrie consistaient simplement à souligner que ce pays regrettait « toute manifestation d’antisémitisme dans tous les pays et soutenait les communautés juives partout contre cette haine ».
Toutefois, la diplomatie israélienne a réaffirmé sa prise de position contre le soutien financier que Soros accorde aux ONG qui critiquent la politique israélienne dans les territoires palestiniens occupés.
« Elle [la déclaration de l’ambassadeur, ndlr] ne voulait en aucune façon délégitimer la critique adressée à George Soros qui attaque systématiquement les gouvernements israéliens démocratiquement élus en finançant des organisations qui diffament l’État juif et dénie son droit à se défendre », souligne le document.
La semaine prochaine, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, doit se rendre en Hongrie où les autorités font face à une opposition interne et externe aux tentatives d’adopter des lois qui limiteraient la liberté des ONG financées par Soros et qui permettraient, en particulier, de fermer l’Université d’Europe centrale financée par le milliardaire.
La Hongrie, son pays d’origine, n’en veut pas
Ces derniers jours, tous les Hongrois ont commencé à recevoir dans leur boîte aux lettres un document officiel intitulé « Stoppons Bruxelles » où les autorités demandent aux citoyens « quelle attitude adopter envers la politique de l’UE, qui menace selon elles l’indépendance du pays », rapporte Radio Pologne.
C’est un sondage qui s’inscrit dans le cadre de la campagne publique « Consultations populaires 2017 ». Il contient six questions concernant la politique migratoire et économique de Bruxelles — notamment les quotas de l’UE pour l’accueil de réfugiés du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord dans les pays européens, les impôts et le travail des organisations non gouvernementales.
Le début de la campagne a coïncidé avec les manifestations organisées dimanche dernier à Budapest, pendant lesquelles plusieurs milliers de personnes ont défilé dans le centre de la capitale hongroise pour soutenir l’Université d’Europe centrale appartenant à la fondation de George Soros. Cet établissement scolaire pourrait fermer ses portes si le parlement adoptait les nouveaux amendements prévus à la loi sur l’éducation.
Radio Pologne rappelle que la Hongrie avait déjà organisé un tel sondage en 2015 quand les autorités souhaitaient connaître l’avis des citoyens sur la vague migratoire et le danger du terrorisme après la publication, par Bruxelles, d’un plan de répartition de 120 000 réfugiés du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord entre les pays de l’UE. L’Onu avait critiqué ce sondage et mis en garde contre la montée de la xénophobie dans le pays.
Soutien à une politique migratoire décriée
Puis, en octobre 2016, la Hongrie avait procédé à un référendum où il était proposé aux citoyens de répondre par “oui” ou “non” à la question de savoir s’ils étaient prêts à autoriser l’UE à prendre une décision sur le déplacement d’étrangers en Hongrie sans l’accord de l’Assemblée nationale (parlement). Le référendum avait échoué car moins de 50% des électeurs étaient venus aux urnes. Dans le même temps, sur les 40% de votants plus de 98% avaient répondu “non”. Le premier ministre hongrois Viktor Orban avait alors qualifié ce résultat de “révélateur” et déclaré que les politiciens européens devaient en tenir compte au lieu de chercher à « imposer leur volonté à la Hongrie ».
Aujourd’hui, le pays compte parmi les principaux opposants à la politique migratoire de Bruxelles initiée par l’Allemagne et la France. Avec d’autres États d’Europe de l’Est — la République tchèque, la Slovaquie et la Pologne — la Hongrie fait partie du groupe de Visegrad qui s’oppose aux quotas migratoires. Ces pays ont ensuite été rejoints par la Roumanie ainsi que, de facto, par l’Autriche. Ils ont fermé leurs frontières extérieures pour bloquer la vague de réfugiés. En particulier, la Hongrie continue de renforcer ses frontières avec la Serbie et la Croatie.
Le premier ministre Viktor Orban est connu pour sa critique intransigeante de la politique de Bruxelles. Selon lui, les migrants sont une « armée hostile » qui menace la stabilité de l’État hongrois où les attentats ne se produisent pas justement parce que les autorités mènent une politique migratoire ferme en expulsant 99% des “visiteurs indésirables” du pays.
Après l’échec du référendum en octobre dernier, le gouvernement d’Orban a tenté d’adopter des amendements à la Constitution du pays afin d’interdire les quotas migratoires pour la répartition de migrants sur le territoire hongrois mais le projet de loi a été bloqué au parlement. Seulement deux voix ont manqué à la coalition au pouvoir.
En organisant cette nouvelle campagne de sondage auprès des citoyens, Viktor Orban et son parti conservateur Fidesz-Union civique hongroise espèrent s’assurer le soutien de l’opinion publique dans leur lutte contre les initiatives migratoires de l’Europe occidentale.
Ongs en voie de désapprobation nationale
Le questionnaire « Stoppons Bruxelles » demande également aux Hongrois s’ils approuvent l’activité d’ONG étrangères qui s’ingèrent dans la politique intérieure de la Hongrie — mais quasiment tout le monde comprend qu’il est avant tout question d’ONG financées par la fondation Open Society du milliardaire américain George Soros, d’origine hongroise.
A la fin des années 1980, le parti Fidesz, à l’époque dans l’opposition, recevait un soutien de la fondation Soros et Viktor Orban bénéficiait personnellement d’une bourse d’Open Society. Cependant, au cours de ses sept dernières années au pouvoir, le chef du gouvernement hongrois a radicalement changé son attitude envers l’activité du milliardaire qu’il qualifie aujourd’hui de « menace pour l’indépendance de la Hongrie, au même titre que la politique de l’Union Européenne ».
Hongrie : 60 ongs sorosiennes
La Hongrie abrite actuellement plus de 60 ONG financées par Soros, que les forces de l’ordre accusent pour la plupart d’aider les migrants clandestins à pénétrer en Hongrie et à y obtenir le statut de réfugié. En janvier, les autorités hongroises ont annoncé leur intention d’expulser du pays toutes les ONG chapeautées par George Soros.
Dans son allocution annuelle du 10 février, le premier ministre Orban a déclaré que Soros et l’UE avaient “attaqué” la Hongrie avec l’intention de “l’inonder de migrants”. De plus, les structures financées par la fondation Open Society, selon lui, « cherchent secrètement à influencer la politique du pays ». Durant ce même discours, Viktor Orban a annoncé que la Hongrie était prête à accueillir les habitants d’Europe occidentale fuyant la “pression des migrants”.
L’une des meilleures universités d’Europe centrale et de l’Est, l’Université d’Europe centrale de Budapest, risque également de fermer. Fondée par George Soros il y a 26 ans, elle pourrait aujourd’hui être victime de la confrontation entre le premier ministre hongrois et le milliardaire américain.
S’appuyant sur des impératifs de sécurité nationale, le gouvernement hongrois a suggéré d’adopter plusieurs amendements à la loi sur l’éducation : il est question de durcir les exigences envers les universités ayant une accréditation au-delà de l’Union Européenne. En particulier, si ce projet de loi était adopté, un établissement scolaire doté d’une double accréditation devrait recevoir une autorisation internationale signée au niveau intergouvernemental pour exercer une activité pédagogique en Hongrie.
Cela concerne justement l’Université d’Europe centrale accréditée en Hongrie et aux États-Unis, dont les diplômés reçoivent un double-diplôme — hongrois et américain. A l’heure actuelle, elle accueille 1 800 étudiants de 117 pays et aucun accord intergouvernemental entre ces deux pays n’est nécessaire.
C’est pratiquement ce que les réseaux Soros tentent d’imposer à un certain nombre de pays de l’hémisphère et notamment en Afrique comme la République Démocratique du Congo grâce à des réseaux qui s’appuient sur des associations « citoyennes », certaines confessions religieuses ou des groupes politiques comme le Rassemblement de Moïse Katumbi.
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