Léon Kengo a opposé une fin de non-recevoir à la commission de Suivi routier qui proposer de mener une enquête plus approfondie sur la gestion des routes en RDC. Le président du Sénat l’avait déclaré en aparté au sénateur Léopold Ndolela, foi d’un sénateur…cette fois, Léon Kengo le redit urbi et orbi, au cours de la plénière du Sénat de mercredi 14 décembre : pas de mission d’enquête sur le Fonds national d’entretien routier, FONER.
Pourtant, «Toutes les routes sont fin mandat », avait lancé de la chambre basse du parlement le député Muhindo Nzangi. Au sénat, la Commission de Suivi routier a proposé, dans la suite de son rapport, une série des recommandations à la plénière du 14 décembre, dont celle qui enjoint le gouvernement de financer l’OVD à hauteur de 32 millions de dollars à court terme. Mais difficile pour la chambre des sages de se faire une lumière sur les recettes et les dépenses du FONER qui finance, en fait, les travaux des routes exécutés notamment par les agences, Office des routes et OVD (Office des Voiries et Drainage). La Commission de Suivi routier n’en a pas eu l’autorisation lors de sa constitution, il y a quelques semaines. Aussi a-t-elle rendu un rapport dont elle a reconnu les insuffisances faute d’une enquête sur terrain. Mais la recommandation de la Commission visant à plonger, entre autres, dans les comptes du FONER, s’est heurtée à un niet du président du Sénat. « Non…Il ne faut pas que le problème de suivi ne soit que le problème du Sénat. Le gouvernement existe aussi, les assemblées provinciales. Nous ne devons pas tout tirer à nous ! En plus, les moyens qu’on nous donne ne suffiraient pas… »
La voirie de la capitale totalise un linéaire de 3.364 Km, soit plus de 40% de l’ensemble de 7.433Km de voiries urbaines de tout le pays. Quelque 679 Km des routes de la capitale sont asphaltés. Des bitumes qui tombent en lambeaux à l’image des avenues Luambo ex-Bokassa, et Commerce, en plein centre des affaires, dans la commune de la Gombe. Tant pis pour personne. Matata et Kimbuta s’en rejettent la responsabilité.
Au ministère national des ITPR, l’on tient pour alibi, l’article 204, point 24 de la constitution, qui stipule notamment que la voirie et les équipements collectifs provinciaux et locaux relèvent respectivement de la compétence exclusive des provinces et des entités territoriales décentralisées. Réponse du berger à la bergère. A l’Hôtel de ville de Kinshasa, l’on accuse le gouvernement Matata de ne verser qu’à compte-goutte les fonds de la rétrocession qui représentent pourtant 80% du budget annuel de la ville. Et que le gouvernement Matata s’est servi, plus de 4 ans durant, des frais d’investissements de la ville à sa guise. Rectificatif, « En appui au gouvernement provincial, le gouvernement central intervient dans les voiries et ouvrages de la ville de Kinshasa, en plus des voiries structurantes qui sont le prolongement des routes nationales, partant notamment de la nécessité d’assurer une certaine cohérence dans la fluidité du trafic routier ou selon que le financement provient des ressources extérieures», soutient Fridolin Kasweshi. « On me construit de larges boulevards alors que mon projet était plutôt un hôpital », s’est plaint le Gouv de la ville, André Kimbuta devant témoin…le Chef de l’Etat, lors de la Conférence des gouverneurs en 2014.
En décembre 2015, le gouvernement central soutenait disposer, pour la ville de Kinshasa, de plusieurs études sur les voiries dont celles du projet portant sur 22 artères d’une longueur totale de 66 Km des voiries urbaines sous financement de la Banque arabe de développement économique pour l’Afrique, BADEA.
22 artères
Cinq de 22 artères étudiées [Croix rouge (commune de Kinshasa), Bianda (comm. Mont-Ngafula), Biangala (Lemba), Kimwenza (Kalamu) et Kisenso (Kisenso)] qui représentent un linéaire total de 12,36 Km ont été sélectionnées pour les travaux de bitumage avec un budget évalué à 18 millions de dollars répartis à hauteur de 8 millions de dollars pour la Banque arabe de développement économique, 8 millions de dollars pour l’OFID et 2 millions pour le gouvernement r-dcongolais, a révélé Fridolin Kasweshi, ministre des ITPR sous Matata. « A ce jour, les accords de prêt de 8 millions de dollars avec respectivement la BADEA et l’OFID ont déjà été signés et ont déjà eu l’approbation de deux chambres du parlement et ratifiés par les ordonnances –loi n°14/009 et 14/010 du 10 juin 2014 du président de la République. Le processus devant permettre l’exécution de ce projet prévu sur 24 mois est en cours», avait-il rassuré, fin 2015. Près d’une année après, ni Kimwenza ni Kisenso, ni, ni, n’ont été réhabilitées. Par ailleurs, concernant la construction de l’autoroute devant directement relier le centre-ville de Kinshasa à l’aéroport de N’djili, l’Agence Congolaise de Grands Travaux (ACGT) cherche un tiers partenaire qui puisse financer les travaux et exploiter la voie pendant une certaine période pour s’auto-rembourser. Les partenaires chinois ayant désisté. Durant ces trois dernières années, les crédits les plus élevés accordés à la voirie structurante, donc relevant du pouvoir central, n’auront été versés qu’en 2013 avec une enveloppe de plus de 15 milliards de Fc, nettement 15.809.521.950 FC. Le projet de réhabilitation de l’avenue Elengesa a également été repris dans un programme de plus de 3 milliards de Fc (3.443.000.000 FC). Pourtant, Elengesa est pratiquement un boulevard de plus d’une dizaine de Km qui relie les communes populeuses de Ngiri-Ngiri, Makala, Bumbu…Selembao. Avis d’experts, sa réhabilitation permettra de désengorger l’avenue de Libération ex-24 novembre ainsi que l’avenue Kasa-Vubu. Autre artère susceptible de permettre la fluidité de la circulation plutôt dans la partie Est de Kinshasa, c’est l’avenue de la Paix. Le ministre des Infrastructures et des Travaux publics a reconnu que «la construction de l’avenue de la Paix permettra de désenclaver plusieurs quartiers des communes de Kisenso, Matete et Mont-Ngafula ». Mais voilà 13 ans que sa construction est chaque fois annoncée, les travaux commencent, puis s’arrêtent. L’avenue de la Paix est longue de 14,5 Km et fait partie de principales artères de la voirie de Kinshasa qui restent encore non revêtues. Autre artère principale dans la voirie de la capitale, l’avenue By-pass, ouvrant sur 13,7 Km Salongo, Rond-point Ngaba et Triangle Cité verte au centre-ville. La route de By-pass a été construite en 1981. Elle s’est fortement dégradée depuis. Un projet a été élaboré en 2011 en vue de sa réhabilitation et modernisation en une chaussée de 2×2 bandes pour un montant de quelque 40 millions de dollars, cependant sans frais des expropriations et autres frais connexes relatifs aux délocalisations des concessionnaires. Il s’agit entre autres, note Kasweshi, des tuyaux de la REGIDESO, des câbles de la SNEL. Mais le projet ne sera jamais aligné dans le budget de l’Etat de quatre dernières années. La réfection de By-pass aurait été finalement prise en charge par le contrat SOPECO. By-pass étant le prolongement de la nationale n°1. Un contrat de concession de 11 ans a, en effet, été signé en 2008 entre, d’une part, l’Etat r-dcongolais et la firme chinoise CREC-7 à travers sa filiale SOPECE pour la gestion du péage sur la route nationale n°1 Kinshasa-Matadi. Les recettes de péage sur ce tronçon de la nationale N°1 sont passées depuis début 2015 à USD 3,5 millions le mois. Et en retour, les Chinois se sont engagés notamment à entretenir régulièrement la route Kinshasa/Matadi et à verser USD 130.000 par mois à la province du Kongo central. Trois postes de péage sont, en effet, érigés entre Kinshasa et Matadi. Depuis, SOPECE a revu à la hausse le prix de son péage. Ce qui n’est pas sans énerver les transporteurs routiers. Dans la capitale, en plein Kin, les artères qui sont réellement modernisées l’ont été grâce aux financements extérieurs. Il s’agit notamment de l’avenue Kasa-Vubu et la boucle Matonge sur financement de la Banque mondiale, les avenues Kabambare, Sergent Moke et Kabinda sur financement de l’Union Européenne, alors que le Fonds kowétien a permis la réfection de l’avenue de la Libération dont le tronçon Rond-point Moulaert-UPN. La JICA (coopération japonaise) a financé les travaux de modernisation de l’avenue des Poids-Lourds. Pourtant, il n’est pas de sources de financement qui font défaut. Le gouvernement a, par exemple, alloué plus de 1 milliard de dollars pour des travaux de construction et de réhabilitation des infrastructures publiques en 2015, et le Fonds spécial de développement a été dotée, deux exercices de suite 2015 et 2016, d’un crédit de plus de 35 millions de dollars.
POLD LEVI M