Plus un jour ne passe sans que de nouvelles sanctions ne soient annoncées contre le Rwanda pour son agression caractérisée de la RDC. La dernière en date émane de l’Allemagne qui a annoncé, mardi 4 mars 2025, la suspension de ses engagements financiers avec le pays des mille collines.
La pression internationale sur Kigali se fait de plus en plus forte, 4 ans après que le Rwanda se fut lancé dans une nouvelle agression de son voisin congolais en mars 2021. Quatre ans durant lesquels, à défaut de mettre sur pied une armée capable de protéger ses immenses frontières, Kinshasa aura brillé par une diplomatie très active. Jamais le président rwandais Paul Kagame n’a été aussi malmené à cause de ses projets hégémonistes et prédateurs au Congo-Kinshasa depuis ses premières expéditions armées contre ce pays en 1996. «La vérité, force est de le constater, est que nos adversaires ont su mieux se préparer sur le plan de la guerre diplomatique. Le M23, l’AFC, et même le Rwanda, n’ont malheureusement pas été à la hauteur de ces joutes stratégiques», reconnaît ainsi Stavros Papaioannou, un homme d’affaires d’origine grecque qui a pris fait et cause pour l’agresseur rwandais. «Au sein même du Conseil de sécurité, l’ambassadeur du Rwanda fait bien piètre figure, n’ayant guère la maîtrise de l’expression oratoire, et dégageant une antipathie qui ne peut que nuire à sa cause. Ils ont choisi un con pour représenter la cause du Rwanda», poursuit dans un posting rageur sur X, ce proche de l’opposant congolais à Félix Tshisekedi, l’ancien gouverneur du Katanga Moïse Katumbi. Face à l’extraordinaire levée de boucliers contre Kagame et ses hordes tueuses, il y a plus que de quoi se remettre en question. D’autant plus que des sources au siège des Nations-Unies à New York renseignent que Ernest Rwamucyo, l’envoyé spécial du Rwanda auprès de l’ONU a vu son mandat brutalement interrompu par Kigali. Il devrait faire ses valises et rentrer au pays après un an et quatre mois seulement d’affectation. Un désaveu cinglant.
Berlin suspend ses engagements financiers
Mardi 4 mars 2025, le ministère allemand du Développement a annoncé la suspension de nouveaux engagements financiers envers le Rwanda, invoquant euphémiquement le soutien du pays de Paul Kagame aux rebelles du M23. Selon le communiqué publié à cet effet, Berlin précise qu’il restreindra davantage la coopération bilatérale avec Kigali en concertation avec ses partenaires européens. La première puissance économique européenne envisage également de réévaluer les projets de développement en cours et de limiter la participation de hauts responsables allemands aux événements organisés par Kigali. De même qu’il examinera d’éventuelles mesures concernant les programmes multilatéraux impliquant le Rwanda.
La décision du gouvernement allemand a été communiquée au Rwanda à l’occasion d’un échange au cours duquel la position de l’Union européenne a été réaffirmée.
Lundi 3 avril 2025, Mélanie Joly, la ministre canadienne des Affaires étrangères, a publié un communiqué conjoint avec son collègue du Développement international et du commerce international annonçant, notamment, la suspension de «la délivrance de permis pour l’exportation au Rwanda de biens et technologies réglementés», ainsi que de «tous les nouveaux projets économiques gouvernementaux». Le Canada envisage de revoir, lui aussi, sa participation à des événements internationaux organisés au Rwanda.
La résolution du parlement luxembourgeois
Mardi 4 mars 2025, le parlement luxembourgeois a voté à l’unanimité la résolution sanctionnant l’agression rwandaise. Les élus de ce pays dont le gouvernement avait bloqué l’adoption de sanctions de l’UE contre la Rwanda demandent à leur gouvernement d’intervenir auprès du gouvernement rwandais en vue d’un retrait de ses troupes de la RDC, de soutenir l’adoption de sanctions européennes ciblées à l’encontre de personnalités rwandaises responsables des exactions commises en RDC et de renforcer l’engagement diplomatique du Luxembourg au sein de l’UE et des Nations-Unies pour œuvrer à une solution politique garantissant le respect de la souveraineté et de l’intégrité de la RDC.
C’est une vague sans précédent de sanctions qui s’abat sur Kigali. Elle survient après de nombreux coups de semonce de la communauté internationale qui ont été superbement ignorés par Paul Kagame. A commencer par celui du Bureau du contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du Département américain du Trésor qui avait imposé des sanctions au général James Kaberebe, ministre d’État rwandais chargé de l’intégration régionale en raison de son rôle dans le soutien au M23, le 21 janvier dernier.
Mardi 25 février 2025, le Royaume-Uni, un des plus grands soutiens du régime de Paul Kagame, a annoncé la suspension de la majorité de ses aides financières en guise de protestation contre le soutien des troupes rwandaises à l’avancée du M23 dans l’Est de la RDC.
Ces fonds seront suspendus «en l’absence de progrès significatifs», à l’exception des programmes britanniques destinés aux personnes «les plus pauvres et les plus vulnérables» au Rwanda, selon le communiqué publié par le Foreign Office à cet effet. Le Royaume-Uni a également annoncé qu’il prévoyait de «se coordonner avec ses partenaires sur de potentielles nouvelles sanctions». Alors que l’UE s’est contentée jusque-là à en appeler à la suspension de l’accord sur les minéraux critiques conclu avec le Rwanda.
Le 22 février 2025, le Conseil de sécurité des Nations-Unies avait donné le ton, sans prendre des sanctions formelles, en adoptant une résolution condamnant le Rwanda pour son soutien à l’offensive du M23 et réclamant le retrait immédiat de ses troupes de la RDC.
Nouvelles sanctions dans les bacs
Le chapitre des sanctions internationales contre le Rwanda semble loin d’être clos. Le 24 février 2025, les ministres des Affaires étrangères se sont réunis au parlement de l’Union européenne pour décider des sanctions contre Kigali. Etaient prévues, des sanctions individuelles contre neuf personnalités et une entité ainsi que le gel de 20 millions € débloqués par l’UE en novembre dernier dans le cadre de la facilité européenne pour la paix. L’adoption de ses sanctions, bloquée par le Luxembourg, sera relancée le 17 mars prochain à l’occasion du Conseil des ministres européens.
Les sanctions à l’encontre de la principauté militaire installée au Rwanda par Paul Kagame interviennent alors que Kigali a déjà urgemment besoin de quelque 120 millions USD pour combler le manque à gagner du financement du secteur de la santé après la fermeture de l’USAID par l’administration Donald Trump.
J.N. AVEC LE MAXIMUM