Ce sera la première activité d’envergure du parti politique Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, depuis son échec à la présidentielle en décembre 2023. Deux décisions du président de ce parti datées du 14 août 2024 convoquent une «Convention Nationale Extraordinaire» en 2024. Une commission préparatoire a été mise sur pied. Elle est chargée de : produire la note conceptuelle de la convention extraordinaire ; préciser les objectifs et les résultats attendus ; fixer le programme ; déterminer les thèmes à aborder et les experts à inviter ; proposer la liste des participants en concertation avec le secrétaire général du parti ; proposer le budget et le financement ; proposer les dates et le lieu du déroulement.
Aux termes de ces décisions signées par Katumbi, la commission préparatoire comprend 12 membres dirigés par Benoît Kalasa Mukanda Bantu (Coordonnateur), Dieudonné Bolengetenge (Rapporteur général) et Laurent Onyemba (Rapporteur général adjoint). Elle dispose de 20 jours pour rendre son rapport.
Borderline
La mise en branle du parti katumbiste intervient 10 jours après une sortie médiatique du président de la République Félix Tshisekedi qui a déploré les positions politiques floues et contradictoires du candidat malheureux à la présidentielle 2023. Expliquant les difficultés d’une ouverture politique à cette frange de l’opposition interne, le chef de l’Etat avait qualifié Moïse Katumbi de «Borderline» (littéralement, souffrant d’un trouble de la personnalité), ce qui a provoqué de vives réactions de ses affidés, notamment Hervé Diakiese et Francis Kalombo. Selon Diakiese, Ensemble pour la République n’a nullement modifié sa position à l’égard du pouvoir de Félix Tshisekedi dont il juge l’élection à la présidentielle totalement fantaisiste. «Le parti a néanmoins décidé de faire une opposition républicaine en demeurant actif au sein des institutions de la République».
Alors qu’elle se bat pour arracher le poste de porte-parole de l’opposition politique en RDC, la formation politique de Moïse Katumbi a réussi à faire élire Mme Inamizi Munongo au bureau de l’Assemblée nationale en qualité de questeur adjointe. Mais au sénat, l’exercice consistant à défier les lois de la nature pour faire élire un membre de l’opposition minoritaire au bureau de la chambre a fait flop. Salomon SK Della, candidat des katumbistes au poste de rapporteur-adjoint du Sénat n’a pu tenir tête face à l’autre candidat de l’opposition, Jean-Claude Baende, vainqueur par 56 voix contre 43.
Défoulements
Sur le coup de la déception, des cadres du parti katumbiste se sont passablement défoulés contre leurs adversaires de la majorité, accusés de n’avoir pas permis la représentation de l’opposition au bureau de la chambre haute. A l’instar d’Olivier Kamitatu pour qui «le rejet délibéré du candidat représentant le seul parti d’opposition du Bureau du Sénat anéantit toute illusion d’inclusivité et de réconciliation. Ce geste illustre à quel point la démocratie congolaise est devenue une caricature grotesque, révélant la vraie nature d’un régime corrompu, aveuglé par le tribalisme, le népotisme et un mépris flagrant des lois et des engagements. L’opposition congolaise se voit désormais investie d’une mission historique : celle de mettre un terme à ces dérives insupportables et de restaurer une vraie dignité démocratique dans notre pays».
Quitter les institutions ?
Dans les travées de la majorité parlementaire, il en est qui ne se sont pas privés de dénoncer des «propos qui trahissent les traits franchement ‘borderline’ des katumbistes», selon les termes d’un parlementaire qui s’est confié au Maximum. Qui rappelle que lorsqu’une candidate d’Ensemble pour la République a été élue au bureau de la chambre basse du parlement,Kamitatu n’avait pas osé qualifier la démocratie congolaise de «caricature grotesque». On se demande si le grotesque, c’est quand les desseins politiques de certains ne sont pas réalisés.
Pour Me Laurent Onyemba, autre cadre katumbiste, «Salomon Kalonda n’a pas perdu … c’est l’opposition qui est effacée. On préfère une opposition de façade à la vraie. La leçon est assimilée. Il est temps de quitter toutes les institutions pour lever une option à la hauteur des enjeux».
Peut-être en sera-t-il question lors de la «Convention nationale extraordinaire en 2024» du parti de Katumbi qui ne devrait pas faire l’économie d’une auto-évaluation, ainsi que le suggère Onyemba. Dans un posting de remerciement sur son compte X, le rapporteur général adjoint de la commission préparatoire mise sur pied le 14 août estime qu’«en démocratie il faut savoir s’auto-évaluer».
J.N. AVEC LE MAXIMUM