En marge de la parodie électorale du 15 juillet 2024 qui a vu sa réélection avec 100 % de voix (!), le président Paul Kagame a animé une conférence de presse au cours de laquelle il n’a pas mâché ses mots à l’encontre des États-Unis, les accusant d’exploiter les minerais de la RDC de manière effrénée.
«Les États-Unis exploitent les minéraux de la RDC beaucoup plus que ne le ferait même le Rwanda à 100 %», a déclaré l’homme fort de Kigali qui semble de plus en plus gêné de prendre des coups à la place de ses mentors. Ses propos n’ont pas manqué de faire réagir la communauté internationale, fort préoccupée par l’intégrité du processus électoral rwandais.
En effet, alors que plusieurs observateurs s’interrogaient sur la transparence et l’équité du scrutin, le locataire de Urugwiro Village a choisi d’en découdre avec ceux qui à Washington ne le ménagent plus.
Sans mettre de gants, il a souligné que les États-Unis tirent d’importants bénéfices de l’exploitation des ressources minières de la RDC, pays limitrophe du Rwanda. Un commerce juteux qui, selon lui, porte grandement préjudice à son propre pays, le Rwanda (sic !).
Prenant paradoxalement la défense de son voisin congolais contre lequel il a déployé près de 5.000 soldats, le président Paul Kagame a estimé que ce sont les Américains qui profitent de la situation de manière éhontée, au détriment du développement économique de la RDC. «Pendant que le Rwanda se concentre sur la construction d’une économie durable et le bien–être de sa population, les États-Unis ne se préoccupent que de remplir leurs propres coffres aux dépens du Congo», a-t-il martelé.
Il a également affirmé que «les autorités américaines ferment les yeux sur ces pratiques, privilégiant leurs intérêts économiques à court terme plutôt que le respect du droit international».
Dans un contexte géopolitique déjà tendu, cette charge frontale contre Washington risque d’envenimer un peu plus les relations entre les deux pays à l’image de deux larrons en foire se disputant le partage du butin.
Cynique, Kagame dont l’armée est occupée à préparer des colonies de peuplement dans les provinces congolaises du Kivu, brandit ainsi la carte de l’anti-néocolonalisme.
Avec ces déclarations fracassantes à quelques heures de la mascarade électorale qui a permis à son régime minoritaire et monoethnique de s’adjuger cinq ans supplémentaires à la tête du Rwanda, Paul Kagame tente de la sorte de rallier l’opinion publique rwandaise à sa cause, en se positionnant en défenseur de la souveraineté et des intérêts des Africains face à la «cupidité» américaine.
LE MAXIMUM