En séjour à Montréal (Canada), à l’occasion de la 49ème session de l’Assemblée parlementaire de la francophonie, Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, a prononcé mardi 9 juillet un discours fort remarqué devant les délégations présentes à ces assises, mettant l’accent sur la situation sécuritaire à l’Est de la RDC, exacerbée par les rebelles du M23, ouvertement soutenus par le Rwanda.
Le président de la chambre basse du parlement a interpellé l’OIF sur la tragédie qui secoue la RDC, de loin plus grave que ce qui se passe en Ukraine et au Moyen-Orient, mais dont personne dans la communauté internationale ne semble se préoccuper. «A ce jour, le nombre de morts occasionnés par cette guerre d’agression et de pillage des ressources de la RDC est estimé à plus de 10 millions sans que la communauté internationale, dont nos pays francophones sont membres à part entière, ne hausse le ton pour sanctionner et décourager ainsi les pays agresseurs, dont le degré de crime commis sur le sol congolais dépasse tout entendement. Ce qui se passe dans mon pays est autant dramatique que la situation que la communauté internationale continue de déplorer en Ukraine et au Moyen Orient», a-t-il martelé.
Le speaker de l’Assemblée nationale a ainsi décrié le viol commis sur des femmes et filles congolaises, dont le Rwanda et ses supplétifs du M23 font une arme de guerre. «Chaque jour, des dizaines de personnes sont tuées et des villages entiers sont incendiés. L’armée rwandaise et le M23 poussent leur cynisme jusqu’à faire du viol des femmes et des filles congolaises une redoutable arme de guerre. Ces atrocités sont documentées par les experts des Nations-Unies qui estiment le nombre de victimes à plus de 500.000 rien que pour les dernières opérations », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, Vital Kamerhe n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour exprimer son mécontentement au sujet de l’escamotage, par la secrétaire générale de l’OIF, la Rwandaise Louise Mushikiwabo, de la présence des troupes de son pays ainsi que celles de l’Ouganda sur le sol congolais, alors qu’elle avait, dans son discours, mentionné d’autres pays secoués par des conflits. «Il est regrettable que Madame la secrétaire générale de l’OIF ait fait le tour d’horizon des pays touchés par la guerre sans mentionner la guerre dans la partie orientale de la RDC qui est le premier pays francophone. Je préfère croire que c’est un simple oubli et non une façon subtile d’éluder la présence des troupes rwandaises et ougandaises sur le territoire congolais», a-t-il fait remarquer.
Appelant ces deux pays à retirer du sol congolais leurs troupes, Vital Kamerhe a rappelé l’obligation de renforcer la diplomatie parlementaire entre la RDC, l’Ouganda et le Rwanda, condamnés par l’histoire à vivre en bonne entente. «La solution la moins coûteuse est connue de tous. C’est le retrait des troupes rwandaises et ougandaises du territoire congolais qui va ouvrir la voie à une approche pacifique. Nous devons renforcer la diplomatie parlementaire parce que le Rwanda, l’Ouganda et la RDC sont condamnés par l’histoire à vivre en bonne entente. L’exemple de la France et de l’Allemagne devrait nous interpeller, qui furent des ennemis redoutables pendant la 2ème guerre mondiale, aujourd’hui complices, dans le cadre de l’Union européenne pour le bien de leurs peuples respectifs», a-t-il affirmé.
À l’en croire, «la paix retrouvée, la RDC n’avancera pas seule. Elle entraînera à coup sûr, au nom de la solidarité africaine, les autres pays africains dans sa marche vers le développement».
Axée sur l’intelligence artificielle, la 49ème session plénière de l’Assemblée de la Francophonie (APF), ouverte vendredi 5 juillet à Montréal (Canada), a été clôturée mercredi 10 juillet 2024. C’est à l’invitation du parlement du Canada, sous l’égide du président de la Chambre des communes, Greg Fergus, et de la présidente du Sénat, Raymonde Gagné que près de 300 participants venus des quatre coins du monde francophone y ont pris part.
KP