Les soutiens du président rwandais, Paul Kagame ne s’identifient pas que parmi les multinationales en Occident. Ils existent bel et bien aussi dans certains États africains et sont prêts à tout pour mettre de l’eau au moulin de l’hégémonisme expansionniste et prédateur du n°1 rwandais à n’importe quel prix. Ce que la RDC, avec à sa tête Félix Tshisekedi se refuse d’accepter à son corps défendant et quel que soit le prétexte.
C’est la raison pour laquelle le président de la RDC Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo n’a pas participé à la réunion virtuelle des chefs d’État de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC), organisée vendredi 7 juin 2024. Une absence remarquable qui n’a pas laissé indifférents certains observateurs de la politique continentale et régionale. Si plusieurs observateurs saluent cette attitude ferme d’un Félix Tshisekedi qui ne veut nullement être embarqué dans un bateau qui n’est pas prêt à accoster dans un port autre que celui qu’il a indiqué à l’embarcation, d’autres voient dans cette absence du président congolais, la réaction d’humeur d’un leader qui n’est pas prêt à négocier pour en finir avec ce drame.
En boudant cette rencontre des chefs d’État de l’East african community, Félix Tshisekedi proteste contre les récentes déclarations de son homologue kenyan, William Ruto sur la situation dans l’Est de la RDC où Paul Kagame et ses supplétifs tuent, pillent et massacrent à volonté. Alors que toutes les enquêtes indépendantes ont mis à jour l’implication directe de Kagame dans la guerre de l’Est de la RDC où les militaires rwandais aux côtés des terroristes du M23 opèrent à visage découvert, Ruto s’entête à prétendre que le Rwandais Paul Kagame n’est concerné ni de près ni de loin par les massacres perpétrés par ses hommes en RDC. «En tant que chefs d’État, lors d’une réunion, nous avons demandé : le M23, les membres de ce groupe sont-ils des Rwandais ou des Congolais? Et la RDC nous a dit : ‘Ce sont des Congolais.’ Fin du débat. Si ce sont des Congolais, comment est-ce que cela devient un problème du Rwanda? Comment est-ce que cela devient un problème de Kagame ?», a déclaré William Ruto, il y a quelques jours, dans une interview accordée à Jeune Afrique.
Selon un diplomate cité par l’Agence congolaise de presse (ACP), le boycott de la réunion des chefs d’État de l’EAC par Tshisekedi est sans nul doute, une façon de désapprouver les propos révisionnistes du président kényan sur la crise sécuritaire en RDC. «Les propos du président kényan William Ruto sur la crise dans l’Est de la RDC est à la limite de la provocation d’un État souverain. Le président Ruto n’a eu aucun respect pour la RDC et aucune compassion pour ces millions de déplacés à cause de la barbarie du Rwanda», a-t-il analysé.
La rencontre tenue en mode virtuel avait été présidée par le président de l’Organisation sous régionale, Salva Kiir Mayardit, chef de l’État du Sud Soudan. Deux points étaient inscrits à l’ordre du jour. Notamment l’«examen de la proposition de nomination d’un nouveau secrétaire général ; et examen de la proposition de nomination d’un juge à la Division de première instance de la Cour de justice de l’Afrique de l’Est de la République du Kenya», selon un communiqué officiel de l’EAC. Les chefs d’État des pays membres ont aussi examiné le rapport des réunions consultatives du président du Sommet sur les relations avec les États partenaires dans la communauté est-africaine.
Un combat utile
L’attitude de Félix Tshisekedi prouve qu’il n’est pas prêt à tout gober, surtout lorsqu’il s’agit de questions touchant à la sécurité des Congolaises et des Congolais. Pour nombre de Congolais, les propos de Ruto sont cyniques et irresponsables surtout lorsqu’ils sont prononcés par un des principaux acteurs de la région, visiblement de mèche avec ceux qui se servent du sang des Congolais pour s’enrichir. Le président de la RD Congo est dans la posture d’un président de la République en quête des soutiens pour libérer son peuple longtemps pris en otage par un groupe d’individus dans la région des Grands Lacs, en Afrique, en Occident et partout dans le monde.
Le président Tshisekedi n’est donc pas prêt à cautionner l’agression de la RDC par Paul Kagame et ses soutiens à travers le monde pour des raisons expansionnistes, le pillage des ressources naturelles ainsi que le trafic illégal des matières premières de la RDC.
Même si les résultats de la bataille diplomatique que mène le président congolais pour que le peuple retrouve sa dignité ne paie pas dans les deux ou trois prochaines années, il finira par payer, tôt ou tard.
L’EAC avait déployée une force dans l’Est de la RDC. Face aux résultats mitigés, le gouvernement congolais s’était résolu à inviter cette force à quitter le pays. La raison en est que, au lieu de combattre les terroristes du M23, cette force s’était laissé aller à fraterniser avec elle, déplore un officiel congolais. Vendredi 8 décembre 2023, le mandat de la force Est-africaine envoyée par l’EAC en RDC prenait ainsi officiellement fin.
Premiers à arriver officiellement dans la province du Nord-Kivu, les militaires kényans étaient aussi les premiers à en repartir. Ils ont plié bagages avec environ 300 militaires à destination de Nairobi.
Lors d’un sommet régional à Arusha, en Tanzanie, les chefs d’État membres de l’EAC avaient acté le non-renouvellement du mandat des forces de l’EAC par Kinshasa. Car si la mission avait été déployée pour mettre fin au conflit avec la rébellion du M23 et qui aura duré plus d’un an, son bilan est très mitigé pour bon nombre d’analystes. Selon Onesphore Sematumba, analyste pour la région des Grands Lacs pour le compte de International Crisis Group, cette présence «a permis de stopper l’avancée du M23, et même d’obtenir un retrait partiel».
TFK