Les députés nationaux de la RDC ont approuvé mercredi 12 juin à Kinshasa, avec une écrasante majorité, le programme 2024-2028 du gouvernement Suminwa.
Sur un total de 405 députés qui ont participé au vote, 397 ont adopté le programme d’actions décliné par la 1ère ministre et 8 se sont abstenus.
Au cours des débats en plénière qui ont suivi la présentation de ce programme, les députés ont formulé beaucoup de recommandations et suggestions à la cheffe du gouvernement en vue de son enrichissement.
Très énergique, la 1ère ministre n’a pas sollicité les 24 voire 48 heures habituelles pour revenir répondre aux diverses préoccupations exprimées par les élus du peuple. Trente minutes ont suffi à Judith Suminwa pour regrouper les préoccupations de la chambre basse du parlement manifestées à travers les différentes questions. A la suite des réponses qu’elle a apportées, son programme d’actions a été approuvé, ce qui a entraîné l’investiture de son gouvernement par la représentation nationale.
Programme quinquennal
Le programme «ambitieux et détaillé» du nouveau gouvernement «sera un outil précieux pour orienter les politiques publiques au cours des cinq prochaines années», selon Sumwina Tuluka qui a chiffré le coût total des actions projetées à 92,9 milliards USD sur cinq ans.
Elle a promis en premier lieu de «créer plus d’emplois et de protéger le pouvoir d’achat des ménages» en RDC, pays classé quatrième le plus pauvre, d’après la Banque mondiale, malgré sa grande richesse en minerais stratégiques, particulièrement les «mines de demain», dont le cobalt.
En assurant la stabilité macroéconomique et en assainissant le climat des affaires, le nouveau gouvernement congolais entend «promouvoir l’image de la RDC comme destination fiable des investissements étrangers dans le secteur minier et des hydrocarbures, pour mieux redistribuer les fruits de la croissance économique et faire en sorte que les ressources énergétiques répondent aux besoins de la population».
Elle a pris l’engagement de «poser définitivement les jalons d’un Congo émergent », grâce à la création d’environ 2,6 millions d’emplois et d’une académie des mathématiques et de l’intelligence artificielle à Kinshasa.
Face aux conflits chroniques, notamment la résurgence de la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) soutenu par le Rwanda, l’équipe Suminwa s’engage à garantir la sécurité du peuple congolais avec des forces de défense et de sécurité mieux financées et bien équipée, sans renoncer au recours à une diplomatie agissante, dans l’optique de l’éradication des groupes armés opérant dans le pays souvent à partir ou avec l’appui d’acteurs extérieurs, ce qui constituent le deuxième pilier de son agenda et représente 20% du budget gouvernemental.
«A vous, qui êtes les dignes représentants de nos populations de l’Est du pays qui vivent au quotidien les affres de la guerre, la peur au ventre, je voudrais ici indiquer notre ferme volonté d’œuvrer pour le retour de la paix durable dans la partie Est », a-t-elle martelé dans un tonnerre d’applaudissements.
Pour bâtir un pays davantage connecté par les infrastructures modernes et l’Internet, la première ministre a fait part à la représentation nationale de son intention de construire 3.750 km de routes prioritaires et 400 ports modulaires, dont le port en eaux profondes de Banana, ainsi que de couvrir 50.000 km du réseau national en fibre optique.
Elle a ensuite énuméré plusieurs autres actions pour garantir l’accès aux services sociaux, renforcer l’efficacité des services publics et lutter contre le changement climatique, en particulier en augmentant la productivité du projet hydroélectrique d’Inga ainsi que la couverture universelle des soins et la finalisation du recensement biométrique des fonctionnaires publics.
«Compte tenu de l’ampleur de ces contraintes structurelles, le programme d’actions du gouvernement 2024-2028 traduit la ferme volonté du gouvernement congolais d’atteindre un double objectif, à savoir: consolider les acquis du premier mandat en vue de parachever l’avènement d’un Congo plus uni, mieux sécurisé, avant-gardiste à la souveraineté affirmée et plus prospère et, poser définitivement les jalons d’un Congo émergent dans lequel l’autorité de l’État est consolidée, la solidarité renforcée et les villes connectées pour le meilleur», a-t-elle résumé.
Pour atteindre ces objectifs, le programme d’actions du gouvernement a défini ses grandes orientations, objectifs, axes d’intervention et actions prioritaires en vue de guider ses décisions stratégiques et opérationnelles. Ce cadre d’orientation stratégique est structuré en six piliers :
construire une économie diversifiée et compétitive pour créer plus d’emplois et protéger le pouvoir d’achat des ménages ;
protéger le territoire national et sécuriser les personnes et leurs biens;
aménager le territoire national en vue d’une connectivité maximale ;
garantir l’accès aux services sociaux de base ;
renforcer les capacités du Congolais pour participer à la construction du pays ;
gérer durablement et de manière responsable l’écosystème de la RDC face aux changements climatiques.
Selon la cheffe de l’exécutif national congolais, ces axes permettront, par leurs synergies et leurs effets complémentaires et cumulatifs, d’accélérer le développement économique et social de la RDC. Ces piliers se déclinent en 52 axes stratégiques qui correspondent aux différents domaines d’intervention.
Après un débat très enrichissant, les élus nationaux ont voté à la quasi-unanimité la confiance à l’équipe Sumwina en approuvant son programme d’actions.
Le nouveau gouvernement, dévoilé fin mai 2024, est composé de 54 membres, dont la 1ère ministre, six vice-premiers ministres et dix ministres d’État, par rapport aux 57 membres du remaniement de mars 2023. Parmi eux, 30 nouvelles figures ont fait leur entrée, 15 ministres du précédent gouvernement ont été reconduits à leurs postes tandis que neuf autres ont été mutés à d’autres départements.
Agée de 57 ans, détentrice d’une maîtrise en économie appliquée de l’Université Libre de Bruxelles, Suminwa Tuluka avait été nommée en mars 2023 ministre d’État en charge du Plan. De 2020 à 2023, elle fut coordonnatrice adjointe du Conseil présidentiel de veille stratégique (CPVS), une entité affiliée à la présidence de la République.
Elle a été une des personnalités prises pour cible lors de la tentative de coup d’État déjouée du 19 mai. Par chance, les putschistes avaient été incapables d’identifier sa résidence, avant de s’attaquer à celle de Vital Kamerhe, actuel président de l’Assemblée nationale qui a investi Mme Tuluka.
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