A la demande du gouvernement de la RDC, les casques bleus de la Monusco ont amorcé leur départ progressif du territoire national. Ce retrait est à l’image du bilan mitigé de la mise en œuvre des missions leur assignées au pays de Lumumba. Lundi 29 avril 2024, le contingent chinois de l’organisation mondiale s’est ainsi illustré en transférant au gouvernement congolais un impressionnant lot d’équipements estimé à quelques 7 millions USD. Un mois plus tôt, leurs collègues indiens avaient abandonné aux assaillants de la coalition RDF-M23 56 véhicules, 28 containers, plusieurs groupes électrogène. C’est à n’y rien comprendre …
Le don des casques bleus chinois à la RDC, conforme au plan de désengagement de la MONUSCO, comprenait près de quarante mille équipements médicaux, dont une ambulance, des véhicules et divers matériels et instruments. «Ce transfert d’actifs démontre l’engagement de la République populaire de Chine à soutenir les efforts de consolidation de la paix et de développement en RDC. Je remercie les casques bleus chinois pour leur dévouement et leur professionnalisme au cours des deux décennies de leur déploiement au Sud-Kivu», a déclaré Bintou Keita, la cheffe de la MONUSCO en RDC qui n’a rien dit sur le matériel pratiquement livré aux agresseurs par le contingent indien.
600 projets d’ingénierie
Sur le terrain des opérations en RDC, il est rappelé que depuis son déploiement en 2003, la compagnie du génie du contingent chinois a soutenu le renforcement des infrastructures routières au Sud-Kivu. Elle a mis en œuvre des projets d’ingénierie qui ont amélioré la mobilité dans la région, notamment, la réparation de mille huit cents km de routes, y compris la remise en état de plus de quatre-vingt ponts et la construction de vingt héliports, selon un communiqué publié par la mission onusienne.
Dans la province du Sud-Kivu, la MONUSCO est censée avoir officiellement cessé ces activités au 30 avril 2024. Même si dans la réalité, sur 10 bases restant, 6 doivent encore être transférées aux FARDC (Mikenge, Minembwe, Rutemba, Uvira, Baraka, Sanga et Kavumu). Les derniers casques bleus devraient effectivement être partis fin juin 2024, apprend-on.
Un pas en avant, deux en arrière
Dans la province voisine du Nord-Kivu, les casques bleus devraient demeurer plusieurs mois encore ci et là, en raison de la guerre d’agression qui y sévit depuis 2021. Nos confrères de Les Coulisses rapportent que le 28 mars 2024, le contingent indien de la Monusco a officiellement quitté son camp de la Rwindi en abandonnant à la merci des terroristes M23/RDF 56 véhicules, 28 containers renfermant divers matériels comme des groupes électrogènes. Sans surprendre grand-monde. «Le contingent indien a toujours été de connivence avec le Rwanda dans son agression du Congo», déclare à ce sujet une source citée par nos confrères.
Naturellement, un tel acte, assimilable à une trahison, est contraire au SOFA (accord de siège gouvernement – Monusco) qui stipule que tous les matériels sont alloués par la mission à la RDC sauf les insignes et les tentes.
Les casques bleus onusiens n’en sont pas pour la plupart d’entre eux à leurs premiers actes contraires aux intérêts du pays hôte.
La toute première mission onusienne au pays de Lumumba, l’ONU-CONGO (ONUC), créée par la Résolution S/4387 du Conseil de sécurité des Nations-Unies du 14 septembre 1960, avait reçu mission de restaurer la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire national. Cette force comprenait 19.828 hommes mais c’est sous sa barbe que Patrice Lumumba, le premier 1er ministre du Congo indépendant fut neutralisé puis assassiné le 17 janvier 1961. A cause du refus du commandant des casques bleus, le Suédois Von Horn, d’accéder à la requête de son collègue du contingent Ghanéen sollicitant que Lumumba lui soit remis, selon des sources sécuritaires américaines. Qui signalent qu’une controverse entre le gouvernement Lumumba et Dag Hammarskjöld au sujet de la nature de la mission de l’ONUC aurait été à la base de cette position de non-assistance à gouvernement démocratique en danger. Les mêmes sources renseignent que l’ONUC avait dépensé près d’un million USD en ‘‘gratifications’’ à des militaires congolais pour les amener à se désolidariser de leur gouvernement.
Des missions qui pèchent
La seconde mission onusienne en RDC est créée dans la foulée de la signature, le 10 juillet 1999, de l’Accord de Lusaka. La MONUC (Mission de l’organisation des Nations-Unies au Congo), initiée le 6 août 1999 par la Résolution 1258 du Conseil de sécurité, a été dotée d’un mandat d’observation. En 2006, elle a vu son mandat être complété par une mission d’accompagnement du secteur de la sécurité, de la mise en œuvre du programme de désarmement et réinsertion des forces négatives ainsi que du soutien à la consolidation des institutions démocratiques congolaises.
Mais la MONUC se révélera très vite complice de la déstabilisation du pays hôte, lorsque, du 2 au 9 juin 2004, elle laissa les mutins pro rwandais du CNDP de Laurent Nkundabatware et Jules Mutebusi occuper la ville de Bukavu.
On rappelle en outre que c’est sous le nez et la barbe des troupes onusiennes que le troisième président rd congolais Laurent-Désiré Kabila a été assassiné à Kinshasa, le 16 janvier 2001.
La MONUSCO, qui prend le relais de la MONUC, ne fait pas mieux. Si l’on tient compte de l’occupation de la ville de Goma par le Rwanda et ses supplétifs du M23 en 2013. Mais aussi de l’aggravation de l’insécurité à l’Est et de l’augmentation exponentielle des victimes des différentes conflagrations armées dans cette partie du pays.
J.N. AVEC LE MAXIMUM