Tirons les leçons du passé. Il ne suffit pas d’accueillir des promesses, même d’encaisser des milliards, de se réjouir pour que les infrastructures se concrétisent et ensuite s’utilisent et produisent les résultats escomptés. Nous avions attendu des routes, chemins de fer, ponts, aéroports mais nous n’avions vu que très peu, après de longues années. Pourquoi?
Il n’y a certes pas une seule et unique raison, mais nos partenaires nous reprochent notamment de ne pas avoir été capables de leur présenter des plans sérieux des infrastructures qu’ils devaient réaliser en échange de nos mines. N’est-ce pas le manque de préparation qui explique notre faiblesse? Sommes-nous mieux préparés aujourd’hui ? L’inspecteur Alingente nous ramène un bon pactole, mais qu’allons-nous en faire ? Ne faisons pas comme d’habitude, ne blâmons pas ceux qui posent des questions, fussent-elles gênantes. Ensemble, cherchons méthodiquement, patiemment des réponses adéquates. Évitons les précipitations. Eloignons-nous de «l’euphorie du gagnant à la loterie qui dilapide tout en quelques mois».
Corriger les erreurs du passé veut aussi dire ne pas répéter les approximations des sauts de moutons et autres maisons préfabriquées à des millions de dollars. Sept milliards ne développeront pas la RDC, si nous ne mettons pas à contribution nos cerveaux et notamment notre capacité de préparation. Cette fois-ci, prenons le temps de mettre en place une équipe de conception et de suivi compétente, de fixer des objectifs aptes à avoir des effets d’entraînement sur l’ensemble de notre projet de développement, de proposer une planification réfléchie, rigoureuse, cohérente pour une utilisation rationnelle de ce résultat admirable. Les milliards chinois ne nous aideront en rien, tant que nous considérerons l’Administration Publique comme le lieu où caser nos cousins et amis pour leur assurer des salaires à vie ; tant que nous embrasserons des projets non étudiés profondément …
Le pactole à recevoir peut nous servir à véritablement prendre un nouvel élan, pourvu que nous ayons en tête que tout se tient, tout s’influence. Ces milliards ne serviront à rien tant que nous serons sous l’emprise de la culture des plaisirs immédiats, des générosités inconsidérées, d’une justice au secours des voleurs et détourneurs des fonds publics, d’entretien de l’instabilité judiciaire et autres approximations. L’heure a sonné, de faire ce travail idéologique de changement des mentalités et de révolution culturelle. Je dirais de remise en cause de ce que nous avons été et sommes encore à certains égards. Ne gérons pas ce pactole selon nos critères habituels. Mettons en place un mode de gestion plus rigoureux, basé sur l’ordre, la prévision, la planification, la prudence et le contrôle».
Jean-Pierre Kambila, ancien directeur de cabinat adjoint de
Joseph Kabila