A quatre jours de la présidentielle 2023, les différents candidats à la magistrature suprême en RDC multiplient les opérations de charme pour gagner à leur cause quelques 43 millions d’électeurs. A coups de promesses, parfois mirifiques. C’est le cas, particulièrement impressionnant, du milliardaire katangais Moïse Katumbi Chapwe qui se distingue en la matière. Impossible de s’y retrouver, d’autant plus que l’ancien gouverneur de l’ex-Katanga avait pris le soin malin de prendre le départ de la course officiellement lancée le 18 novembre 2023 avant ses 25 autres concurrents.
Au cours d’un périple présenté comme une opération de redynamisation de son parti politique, Ensemble pour la République, Katumbi avait multiplié des meetings populaires et des promesses alléchantes aux foules venues l’écouter. Le 27 septembre 2023 à Moanda, l’homme d’affaire katangais avait ainsi décrété que «cette ville doit ressembler à Monaco… ici on doit avoir des bateaux de pêche». A Boma, à quelques lieues de là, il avait dit son rêve «d’organiser un championnat d’Afrique des Nations (CHAN) et la coupe d’Afrique des Nations (CAN) dans ce pays avec la ville de Boma».
Cet air de campagne électorale avant l’heure ne sera guère démentie lorsque, deux mois plus tard, l’ancien gouverneur du Katanga se prononcera bruyamment sur la situation sécuritaire qui sévit à l’Est de la RDC.
De l’électricité pour Kisangani, dès les premiers mois
Le 20 décembre 2023, Moïse Katumbi tient son premier grand meeting de campagne à Kisangani dans la province de la Tshopo. L’événement, qui se déroule Place de la Poste dans la ville martyre est empreint de solennité. Le candidat président qui a parcouru à pas d’homme les 15 km qui séparent l’aéroport de Bangoka du lieu de la manifestation en a profité pour drainer des centaines voire des milliers de sympathisants. Il annonce un budget quinquennal de 140 milliards USD et d’immenses projets en faveur des populations. Cela fait 28 milliards USD/an que le chairman katangais se fait fort de mobiliser. «Lorsque je serai président de ce pays, je n’aurai pas de salaire parce que Dieu m’a déjà béni. Je ne toucherai pas à la liste civile, même pour les billets d’avion, j’ai mon avion qui me fera voyager», avait-il annoncé à une foule qui ne demandait qu’à le croire. Dans la foulée, il promet de mettre fin aux souffrances de la population dans tous les secteurs de la vie nationale. Notamment, l’épineux problème de la fourniture en énergie électrique, «un petit problème» que Katumbi s’engage à résoudre dès les premiers mois de son mandat présidentiel.
A Bunia, le 22 novembre, c’est à l’insécurité endémique dans la région depuis près de 30 ans que Katumbi promet de mettre un terme aussitôt aux affaires. Il promet de disponibiliser, en sus, un fonds spécial de 5 milliards USD pour les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, durement touchées par les affres de cette guerre qui n’en finit pas. 5 milliards, c’est le quart du budget 2024, dont il disposerait s’il était élu président de la République, et le 1/5ème de celui qu’il entend mobiliser aussitôt à la tête du pays. Mais l’homme est réputé nanti, et sur le coup, personne ne s’interroge sur les moyens et les possibilités auxquels le candidat à la magistrature suprême du pays fait allusion. Les promesses sont accueillies par des salves d’applaudissements. «Nous allons mettre rapidement fin à cette insécurité. Nous, nous n’avons pas l’habitude de pleurnicher. Nous allons créer un fonds spécial pour la guerre. Nous commençons le travail au gouvernement, en Ituri et au Nord-Kivu. Les gens ont beaucoup souffert, nous allons disponibiliser 5 milliards USD pour la reconstruction parce qu’il est temps pour vous de jouir», clame, grand seigneur, le candidat n° 3 à la prochaine présidentielle sans élaborer sur les causes de l’insécurité. Dans la foulée est également annoncée la mise sur pied d’une juridiction spéciale chargée de juger les criminels de guerre de la région, entre autres. Notamment, la réduction des émoluments des députés nationaux. «L’affaire du salaire de 21.000 USD va se terminer», annone-t-il.
6 mois pour mettre fin à 30 ans de guerre
A Goma, Moïse Katumbi rapplique, flanqué de ses nouveaux ralliés, Franck Diongo, Augustin Matata, et Seth Kikuni, le 23 novembre. Au cours de l’inévitable meeting de campagne tenu au stade Afya, le candidat président de la République qui croule sous des soupçons de sympathies avec l’agresseur rwandais aborde la question sécuritaire. Et se fourvoie littéralement. «Je mettrai fin à la guerre en l’espace de 6 mois», clame-t-il, avant d’inviter les électeurs gomatraciens à ne pas quitter les bureaux de vote sans avoir décompté les voix qu’ils lui auront accordées. Katumbi promet également de doter les FARDC d’une flotte aérienne moderne, en remplacement de vieux coucous en usage actuellement. De même qu’il promet de s’installer dans le chef-lieu de la province du Nord-Kivu où il vient d’acquérir une résidence.
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A Oïcha, le 25 novembre, le candidat président de la République n° 3 a promis d’offrir un cheptel bovin aux populations pour favoriser l’élevage. Mais aussi des bourses aux étudiants dès la première année de son mandat à la tête du pays.
ll s’est également engagé à asphalter la RN4 jusqu’à Kisangani et Bunia. Sans trop préciser si les financements promis proviendraient de ses comptes privés ou des caisses de l’Etat.
A Butembo le même jour, le chairman katangais a lourdement insisté sur l’indemnisation de ses congénères hommes d’affaires préjudiciés par l’activisme armé des terroristes de l’ADF/MTN, et promis de s’y atteler aussitôt aux commandes de l’Etat.
Des stades modernes de football à profusion
Au cours de meeting animé devant une foule nombreuse au Rond-point VGH, le candidat président de la République, également président du TP Mazembe de Lubumbshi, a promis la construction d’un stade de football moderne, dont les travaux n’attendraient plus que le quitus de la FIFA (Fédération internationale de football associations). Ils coûteraient entre 16.454.280,00 et 49.362.840,OO USD pour des installations de 15.OOO places, selon des estimations d’experts. «Par rapport à la construction du stade, ils avaient refusé à la FIFA de le construire. Alors, si vous me votez, je vais vous construire des stades comme ceux de l’Europe», avait-il déclaré.
A Beni, à une cinquantaine de km de Butembo, Moïse Katumbi a promis l’amélioration des conditions de travail des FARDC une fois élu président de la République, ainsi que la réduction drastique du train de vie des institutions de la République.
Dès le 27 novembre à l’île d’Idjwi au Sud-Kivu, le registre des promesses électorales du candidat n° 3 varie sensiblement. Certes, ici aussi, un stade de football moderne aux standards internationaux a été promis aux populations locales. Mais aussi un hôtel 5 étoiles en vue de booster le tourisme dans ce coin paradisiaque de la RDC. Moïse Katumbi a également promis l’électrification de l’île, en plus de l’amélioration des salaires des agents et fonctionnaires de l’Etat.
Navettes Bukavu-Goma pour rétablir la paix
A Bukavu Place de l’Indépendance, le même jour, Katumbi a promis de restaurer la paix dans la région, expliquant qu’il s’interdisait de faire porter la responsabilité de la guerre imposée à son pays à quelqu’un d’autre, «comme le fait le régime actuel. Je ferai des navettes Nord-Kivu-Sud-Kivu jusqu’à ce que nous puissions mettre fin à la guerre. Si un ennemi ose troubler chez nous, nous frapperons fort. Je ne suis pas un père qui pleurniche trop. Un chef de famille qui pleurniche n’en est pas un. Un vrai homme c’est celui-là qui trouve des solutions aux problèmes de sa famille», avait-il assuré.
A Kamina dans le Haut-Lomami, l’ancien gouverneur du Katanga a animé un meeting Place de l’Ecran Géant, jeudi 30 novembre. Il a promis d’asphalter les routes reliant cette ville aux territoires environnant ainsi que de l’emploi aux jeunes, s’il était élu.
Changement total de cap, dès le 1er décembre 2023, le candidat n° 3 ayant décidé d’affronter l’électorat lumumbiste du Sankuru. Dans un stade Lumumba aux ¾ vide, Moïse Katumbi a égrené un long chapelet de promesses devant une assistance quelque peu dubitative: construction de l’aéroport national de Lodja, réfection de l’hôpital pour lépreux de Dikongo, réfection de la route Kananga-Bena-Dibele-Lodja, etc.
Des aéroports, des routes asphaltées
A Mbandaka (Equateur), l’ancien gouverneur du Katanga s’est engagé à relier le chef-lieu de la province à toutes les grandes villes de la RDC en construisant des routes «partout» (sic !). Mais aussi, d’électrifier la province et d’assurer l’adduction d’eaux potables, et naturellement, de construire des stades modernes.
A Gemena (Sud-Ubangi), le 4 décembre, Katumbi a promis d’éclairer la ville, de construire un stade de football moderne et ainsi qu’une morgue. Avant de s’engager à rouvrir l’usine de Coca Cola, de promouvoir les usines de café, de résoudre les problèmes d’électricité et de construire une université à Gbadolite.
Mêmes sons de cloche à Lisala et à Bumba (Mongala).
Le 9 décembre, Place Ste Thérèse dans la commune de Ndjili à Kinshasa, le candidat Katumbi a livré toute la mesure de ses capacités en matière de promesses électorales. En promettant qu’il fera de Kinshasa la plus belle ville d’Afrique, d’y construire 3 stades modernes mais aussi de libérer Mike Mukebay, Stanis Bujakera, Salomon Kalonda, Jean-Marc Kabund, aussitôt qu’il sera élu président de la République.
J.N. AVEC LE MAXIMUM