Dans la province du Sankuru où le candidat n° 3 à la présidentielle a animé un meeting populaire à Lodja, le 1er décembre 2023, tout est entrepris pour ranger «l’incident de campagne» dans les oubliettes. C’est ainsi que l’opinion qualifie la prestation de Moïse Katumbi au Stade Patrice Lumumba du lieu, devant une assistance plus curieuse que réellement acquise à sa cause. D’autre plus que de cause, l’homme d’affaires katangais n’en a pas exposé, se contentant de réciter une litanie de promesses «pour nécessiteux». Cela n’a pas plu, manifestement.
A Lodja, des sources contactées par Le Maximum assurent que le chairman katangais avait commis la grave erreur politique de ne s’entourer que du menu fretin politique. A l’instar de Frank Diongo (MLP) ou encore de Me Laurent Onyemba qui ne disposent pas d’aucun ancrage dans la région et ne peuvent y revendiquer la moindre représentativité. «Frank Diongo qui semblait mener les troupes katumbistes ne dispose même pas d’une représentation de son parti politique ici. Il n’est éligible ni à Lodja ni chez lui à Katako-Kombe. Comment aurait-il pu mobiliser et battre campagne pour Katumbi ?», interroge Alfred Okota, un acteur de la société civile locale.
Fiasco katumbiste
Au Sankuru, la campagne de Moïse Katumbi était d’autant plus vouée à l’échec à l’avance que Diongo avait cru bien faire en diffusant un audio, sur les réseaux sociaux des sankurois expliquant à la fois son désistement en faveur du candidat n°3 et en alignant maladroitement une litanie de promesses obtenues du challenger de Félix Tshisekedi en échange des votes en sa faveur. «Comme si le Sankuru était à vendre au plus offrant», se révolte Jérôme Okito, un commerçant de Lodja dont la réaction semble refléter l’opinion générale dans la région. Loin de plaire, les promesses de Moïse Katumbi ont paru injurieuses. Plusieurs jours avant le meeting du Stade Lumumba de Lodja, des réactions au message audio de Diongo fusaient de toutes parts, les unes aussi révoltées que les autres. Elles reprochaient quasi unanimement au président du MLP sa renonciation à ses ambitions présidentielles doublées d’une sorte de trahison et de couardise. «Il n’aurait jamais dû livrer le Sankuru».
Selon les informations parvenues au Maximum, tout indique que le candidat n° 3 doive mettre une croix sur les 1.267.082 électeurs du Sankuru ou presque. Les leaders politiques locaux, les vrais, à l’instar de Lambert Mende Omalanga (le député le mieux élu de Lodja et de la province depuis 2006), Christophe Lutundula (député inamovible de Katako-Kombe depuis 2006) et autres Jean-Charles Okoto (Lodja) s’emploient à l’y faire oublier dans une sorte d’opération «effacez le tableau».
«Effacez le tableau»
Le 11 décembre, Lambert Mende est ainsi arrivé à Lodja dans le cadre de la campagne électorale en cours. Pour son compte (députation nationale) et celui du candidat président de la République n° 20, qu’il porte. Comme d’habitude ici, c’est tout Lodja qui, de l’aéroport local au Stade PNR, est venu communier avec le leader lumumbiste, sous une pluie battante. En comparaison, la mobilisation à coups de billets verts pour l’accueil de Moïse Katumbi s’est révélée une véritable caricature. Sous l’orage, Mende s’est lancé dans une harangue de dissuasion des siens, appelés à ne pas confier leurs voix au premier venu pour des misérables oboles. «Je vous entretiendrai sur ce sujet durant tout mon séjour à Lodja et vous exhorte à en faire autant avec les vôtres partout où ils se trouvent», avait-il déclaré. Avant d’annoncer le lancement, dès le lendemain matin, des travaux de construction de l’aéroport de Lodja. C’était la principale promesse électorale de Katumbi aux lodjaciens.
Travaux de construction de l’aéroport
Le 12 décembre aux premières heures du jour, Lambert Mende que suivait une foule nombreuse a conduit tous les leaders politiques représentatifs de Lodja (Jean-Charles Okoto, Daniel Aselo …) à l’aéroport national de Lodja où ils ont pris part à la cérémonie de pose de la première pierre de construction de l’aéroport, selon la promesse du président Félix Tshisekedi datant de plusieurs mois.
La cérémonie qui s’est tenue en présence de Jules Lodi, gouverneur du Sankuru, a été présidée par Freddy Yodi Shembo, directeur général de l’Agence de pilotage de coordination et suivi des conventions de collaboration (APCSC). L’infrastructure aéroportuaire de Lodja comprendra une piste d’atterrissage de 2.200 m de longueur sur 30 m de largeur, avec un revêtement en béton hydraulique, une tour de contrôle, un bloc technique et une aérogare. Les travaux seront exécutés par la société Adi-Construction dans le cadre du Programme Sino-congolais.
H. OTSHUMBA