Le président rwandais Paul Kagame a récemment procédé à une série de mises à la retraite au sein des Rwanda Defence Forces de plusieurs officiers généraux et supérieurs, provoquant un certain étonnement dans l’opinion.
Parmi les hauts gradés mis sur la touche, figure le tout puissant général d’armée James Kabarebe, qui a joué un rôle éminent au sein des forces armées rwandaises et qui a occupé plusieurs postes de responsabilité, dont celui de ministre de la Défense et de conseiller militaire du président.
La décision de Paul Kagame met également fin à la carrière active de plusieurs autres généraux, à l’instar de Fred Ibingira, Charles Kayonga, Frank Mushyo Kamazi, Martin Nzaramba et Eric Murokore. Au total, 83 officiers supérieurs, 6 officiers subalternes, 678 réservistes en fin de contrat, ainsi que 160 membres du personnel militaire en congés médicaux sont également concernés par cette mesure dont les raisons exactes n’ont pas été officiellement divulguées. Des sources officielles rwandaises évoquent une volonté de renouvellement et de modernisation de l’armée, mais certaines spéculations font état des défis sécuritaires internes qui auraient fait craindre une contagion au pays des mille collines de la vague de coups d’Etat en Afrique.
La mise à l’écart des forces actives du très respecté général James Kabarebe apparaît à cet égard comme un acte de défiance du président rwandais vis-à-vis d’un personnage devenu gênant pour son omnipotence dans la principauté militaire de Kigali.
On signale par ailleurs que Kabarebe est cité dans un récent rapport des Nations unies comme le principal artisan de l’agression en cours de l’Est de la République Démocratique du Congo.
Le président Paul Kagame qui règne sans partage au Rwanda depuis 1994 conserve toujours un rôle clé dans le fonctionnement de l’armée et continue d’influencer toutes les décisions stratégiques.
Il sera intéressant de suivre les conséquences et les changements concrets que ces retraites engendreront au sein de l’armée rwandaise.
Le renouvellement de la hiérarchie militaire peut apporter de nouvelles perspectives, mais doit également s’accompagner d’une transition en douceur et d’une gestion prudente des connaissances et de l’expérience des officiers sortants.
Le Rwanda, qui connaît une transformation remarquable depuis le génocide de 1994, se projette volontiers comme un acteur clé dans la stabilité de la région des Grands Lacs africains. Mais ce chambardement qui touche même des officiers n’ayant pas atteint l’âge légal de la retraite, semble révéler quelques inquiétudes pour l’avenir dans le chef du président du Rwanda.
FK