Martin Fayulu Madidi se déclare «président élu» de la RDC. Ce leader d’une minuscule formation politique dénommée Engagement Citoyen pour le Développement (ECIDé), dont le nombre d’élus au parlement ne dépasse pas trois députés, ne manque pas de toupet. C’est depuis fin 2018, après la présidentielle qui a vu la victoire de l’opposant radical Félix Tshisekedi sur son challenger Emmanuel Ramazani Shadary puissament soutenu par Joseph Kabila, l’alors président sortant de la RDC, que Fayulu a developpé son discours obsessionnel appuyé par certains princes de l’Eglise catholique romaine, dont on connaît l’opposition farouche depuis les années des indépendances à tout pouvoir susceptible d’échapper à leur influence ou à celle de leurs mentors occidentaux.
Au cours de la présidentielle de 2018, ces calotins avaient fait adopter à l’assemblée des évêques de la RDC la mise en place d’une mission d’observation des scrutins dotée de moyens inusités jusque-là. Des dizaines de milliers d’appareils de communication furent distribués aux observateurs catholiques pour leur permettre de «rendre compte de l’évolution des votes en temps réel».
Candidats des évêques
Pas étonnant que, comme ils le firent à l’occasion des présidentielles précédentes, de 2006 et 2011, ils ne résistèrent pas à la tentation de proclamer vainqueur le candidat de leur obédience. Leur «choix» dicté par quelques puissances occidentales se porta sur Martin Fayulu, un candidat qui avait été désigné au terme d’un conclave politique tenu à … Genève en Suisse plusieurs mois plus tôt.
Alors qu’en 2006 et en 2011, les princes politiciens de l’Eglise catholique n’avaient pu apporter le moindre début de statistiques chiffrées prouvant la victoire de leurs protégés, les moyens financiers et matériels obtenus notamment des miniers actifs en RDC et farouchement opposés à la révision du Code minier imposée par Joseph Kabila ainsi qu’on l’apprendra plus tard, permirent de brandir des données visant à soutenir leur tricherie. Martin Fayulu fut crédité d’un pourcentage électoral supérieur à tous ses challengers et subrepticement communiqué par la CENCO aux chancelleries et à la «communauté internationale» (occidentale) avant que la centrale électorale congolaise et le juge constitutionnel ne proclament les résultats de l’élection présidentielle. Ainsi naquit le mythe «Fayulu président élu» auquel cette ‘‘souris naine’’, pour reprendre l’expresion du lumumbiste Lambert Mende, s’accroche désespérément depuis lors, au point de compromettre tout rassemblement ultérieur des forces de l’opposition politiques derrière un candidat à la présidentielle autre que lui-même.
Illégalité
L’affaire fut pourtant une véritable arnaque, illégale et tricheuse.
Illégale parce que les lois en vigueur en RDC réservent l’exclusivité de la proclamation des résultats électoraux à la CENI et la Cour constitutionnelle. Fayulu et ses affidés ont donc violé délibérément le prescrit de la constitution congolaise pour satisfaire des intérêts étrangers inavoués.
Au-delà de la constitution, une batterie de dispositions légales stipule différentes mesures d’application de ce précepte constitutionnel. Notamment l’article 71 de la loi électorale qui donne compétence au président de la CENI ou à son remplaçant, de proclamer les résultats provisoires ; la loi organique régissant le fonctionnement de la CENI qui, en ses articles 3 et 9 réaffirme le mandat de la CENI d’organiser les élections et sa compétence exclusive pour en publier les résultats provisoires ; l’article 16 du Code de bonne conduite des partis politiques (dont l’Ecidé de Fayulu), regroupements politiques et candidats indépendants qui oblige les parties prenantes au processus électoral de s’abstenir de se prononcer avant la publication par la CENI, sur les tendances ou les résultats provisoires ; ainsi que la charte de bonne conduite des observateurs électoraux en RDC à laquelle la CENCO avait formellement adhéré, en vertu de son article 22 qui engage les organisations ou associations mandantes à être impartiales et indépendantes à l’égard des parties prenantes au processus électoral ; les oblige de s’abstenir de se prononcer sur les tendances et les résultats provisoires avant la publication par la CENI et ; de transmettre au Bureau de la CENI avant toute publication, une copie de leur rapport d’évaluation objectif des opérations électorales.
Résultats partiaux
« Président élu » d’un groupe de princes de l’Eglise catholique et d’obscures puissances de la finance occidentale, Martin Fayulu n’a été donc rien de plus qu’un usurpateur. Car d’un point de vue technique également, la commission d’observation électorale des catholiques n’a jamais réussi à superviser les votes sur l’ensemble du territoire national. Car son déploiement a été limité à moins de 10 provinces (soit 64 % de couverture) sur les 26 que compte la RDC, révèlent aujourd’hui des analystes électoraux. Les résultats des catholiques qui ont fait de Fayulu le «président élu» étaient donc basées sur les seules provinces de Kinshasa (18 %), du Kwilu (13 %), de l’Equateur (8 %), et du Maï-Ndombe (4 %). La mission d’observation électorale de la CENCO ayant quasiment été absente au Centre de la RDC, particulièrement au Kasaï Central (0,03 %), au Kasaï (0,03 %) et au Kasaï-Oriental (1%), fiefs électoraux de Félix Tshisekedi. C’est donc un président de la République de l’Ouest et non pas de l’ensemble de la RDC que se précipitèrent de proclamer les calottes sacrées acquises à sa cause aux lendemains des scrutins de décembre 2018.
Mission d’observation usurpatrice
En rajoute au discrédit de cette mission d’observation électorale convertie en commission électorale nationale par la volonté de quelques membres du clergé catholiques manifestement corrompus (des sources crédibles ont fait état de financements de l’ordre de 30 millions USD pour fabriquer un président de la République sur mesure) une réalité révélée par la CENI : l’effectif total des observateurs électoraux de la CENCO accrédités par la centrale électorale n’avait représenté que 7 % de l’ensemble des observateurs électoraux (soit 25.540 sur 187.000). Ce fut donc scandaleusement insuffisant pour généraliser les résultats de leur observation sur l’ensemble de la RDC et surtout les imposer à l’impressionnante majorité constituée par les autres organisations ayant assuré le même service sur le même terrain. Même au nom de Dieu le Père.
A la présidentielle 2018, c’est la mise en œuvre du complot dit de Genève qu’a incarné Martin Fayulu.
J.N. AVEC LE MAXIMUM