Jeudi 23 mars à 13h, un régulier de la compagnie aérienne Gomair atterrit à l’aéroport national de Lodja (Sankuru). À bord se trouve le député national Lambert Mende Omalanga, élu du coin. Au bas de la passerelle, s’étalent volontairement au sol trois jeunes partisans qui attendent que le meilleur élu du Sankuru leur marche sur leurs corps, un honneur auquel Lambert Mende renonce par respect pour la personne humaine mais qui en dit long sur la vénération dont fait objet cette icône de la politique congolaise auprès de sa base électorale du territoire de Lodja. Au sortir de l’aéroport et tout le long des artères de la cité de Lodja se dessinent des colonnes humaines estimées à plus de 40.000 personnes (hommes, femmes, jeunes et moins jeunes) selon la police locale qui se sont spontanément mobilisées pour réserver un accueil inédit pour le moins historique au leader de la «Convention des Congolais unis (CCU)» venu se faire enrôler. Peu avant d’aller prendre sa carte d’électeur au CI de la CENI dans l’école primaire Olela Kele, Lambert Mende Omalanga a eu droit à un bain de foule au rythme des chants traditionnels et par- tisans qui réduisaient à la portion congrue toutes les parodies des leaders poidsplumes qui y avaient paradé quelques jours auparavant accompagnés de groupes plutôt squeletiques. Les images de cet accueil inédit indiquent que Lodja et le Sankuru reconnaissent en Lambert Mende surnommé «Ngelo», « Tshoyii lodima avua » leur leader naturel. Au grand dam de l’alors vice premier ministre en charge de l’Intérieur Daniel Aselo et de son acolyte le gouverneur Jules Lodi qui avaient fait fermer la radio communautaire Losanganya installée par Lambert Mende et barricader le stade Lumumba dans l’espoir de réduire son impact sur les populations locales en l’empêchant de communiquer. Ces détracteurs de Mende au Sankuru ont reçu à travers son accueil à Lodja l’ultime retour de bâton pour avoir tenté de tronquer la réalité. Leurs simulacres, tout SANKURU Lambert Mende triomphe à Lodja comme les récents défilés d’une multitude de ‘‘souris naines’’ de la politique locale n’ont rien changé au lien affectif profond entre ‘‘Lowoko doka’’ et sa base électorale de Lodja et du Sankuru. Le temps a fini par rattraper la réalité. Quand la démocratie est criée avec pathos par des gorges enrouées, alors que depuis l’avènement de Jules Lodi à la tête du Sankuru, des soldats arrachent nuit après nuit des civils à leur lit sans mandat judiciaire que Lodja, la principale agglomération de la province vit constamment dans la hantise avec des centaines de jeunes emprisonnés sans jugement et que beaucoup d’entre eux sont torturés par des agents de police véreux pour avoir refusé de faire allégeance au désormais ex-VPM de l’Intérieur et à son factotum Lodi, ces dérives ont fait le lit de l’accroissement exponentiel de la popularité de Lambert Mende connu ici comme le champion de la défense des opprimés depuis son retour d’exil dans les années 1990. Meeting au terrain PNR C’est dans le stade municipal du PNR du quartier Lokenye à quelques encablures de la rivière Djese que l’ancien ministre de la Communication et médias s’est adressé à une foule compacte venue des six territoires que compte la province natale du Héros national Patrice Emery Lumumba, le Sankuru. S’exprimant en langue tetela, Mende a remercié ses nom- breux partisans pour l’accueil et leur attachement qui aura survécu à moult épreuves avant de déplorer l’acharnement dont il fait l’objet de la part de certains de ses frères, acteurs politiques du coin, membres comme lui de l’ «Union sacrée de la Nation (USN)», la plate- forme politique du président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo mais aussi la marche à reculons dans la gestion de la province depuis bientôt cinq ans. En effet, depuis le rendez-vous manqué avec l’histoire qui a vu l’imposteur Joseph-Stéphane Mukumadi prendre les rênes du Sankuru jusqu’à l’avènement de Jules Lodi Emongo, l’actuel gouverneur de province, les histoires de luttes de coteries identitaires ont pris le pas sur les impératifs de développement et entravent le décollage économique de la province. Au gré du casting qui change avec les saisons, c’est sous une véritable démocrature que la province natale de Patrice Lumumba a vécu tout au long de ces cinq dernières années au cours desquelles on a assisté à une gestion prédatrice caractérisée par des pratiques kleptocratiques qui semblent avoir la peau dure. Contraint de ravaler ses illusions, le peuple sankurois attend impatiemment la fin règne des touristes-jouisseurs qui ont pris son sort en otage en se coalisant contre ceux en qui il se reconnaît le plus au Sankuru comme Mende Omalanga (Dikelemba). L’affaire des huissiers de la Cour d’appel du Sankuru qui se sont heurtés aux agents d’une police corrompue qui faisaient obstruction à l’exécution d’une décision de la Cour d’appel ordonnant la réouverture de la «Radio télé Losanganya» dont Lambert Mende est le promoteur, participe de cette ambiance délétère tout comme les menaces et intimidations proférées par le chef de l’exécutif provincial encouragé par un certain Daniel Aselo, dont le limogeage de ses hautes fonctions de vice-premier ministre de l’Intérieur, quelques heures seulement après l’arrivée et l’adresse de Mende à Lodja a été célébré comme une véritable délivrance par une population excédée par tant de mépris envers leurs droits fondamentaux. «Le limogeage d’Aselo a été vécu comme la fin d’une peste ici. Même ses propres frères du secteur de Lukfungu ont fêté son départ», a rapporté vendredi un observateur local. Lambert Mende a en outre appelé ses partisans à s’enrôler massivement non seulement pour donner à Félix Tshi- sekedi, leur frère ressortis- sant de l’espace grand -Kasaï la chance de rempiler pour un second mandat mérité à la tête du pays mais aussi pour maintenir voire multiplier le nombre de sièges à pourvoir dans sa circons- cription électorale afin de déjouer un complot visant à réduire le nombre d’électeurs dans trois sur six territoires du Sankuru. «Nous l’avions déjà dénoncé. Le gouverneur Jules Lodi tenait à réduire sensiblement le poids électoral de la circonscription de Lodja, la plus importante de la province dont il n’est pas ressortissant au nom d’une fumeuse conception du ‘‘règne’’ à tour de rôle qu’il s’est mise dans la tête au mépris des règles démocratiques élémentaires. C’est pour atteindre cet objectif qu’il a fait fermer six médias audiovisuels qui auraient pu contribuer à une sensibilisation efficiente des populations à l’enrôlement des électeurs. Mais heureusement, à ce jour, Lodja pourra, peut-être, tenir ses promesses car, on vient de franchir le cap de 310.000 sur 460.000 électeurs attendus même si le délai d’enrôlement restant est très court», signale en substance un membre de la société civile locale qui salue l’appel de Lambert Mende à la CENI de proroger encore les opérations d’enrôlement dans toute la deuxième aire opérationnelle. En effet, le strict respect de la date butoir du 4 avril 2023 risque de priver des nombreux compatriotes de leur droit de voter au regard des retards accumulés dans les opérations et des disfonctionnements techniques (fréquentes pannes des machines). Le Magazine Jeune Afrique n’avait pas tort de citer dans sa parution début mars le nom de Lambert Mende Omalanga parmi les six personnalités de toute la RDC sur lesquelles Félix Tshisekedi peut compter pour sa réélection en 2023.
ALFRED MOTE