Depuis le soutien annoncé le 13 janvier 2021 de son regroupement politique Alliance CCU et Alliés à la coalition gouvernementale élargie Union sacrée de la Nation (USN) du président de la République Félix Tshisekedi, tous les médias se sont braqués sur Lambert Mende Omalanga, l’inamovible ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement des années Kabila.
Annoncé lundi à l’émission «JMK Today» de Jean Marie Kassamba sur Télé 50, l’homme a pulvérisé l’audimat selon l’aveu de Kassamba qui a déclaré qu’aucun autre invité n’avait suscité autant d’intérêt des téléspectateurs de cette chaîne depuis sa création il y a dix ans.
L’élu de Lodja (Sankuru) a su porter au paroxysme l’ingénierie du débat politique au cours de deux dernières décennies en RDC. Pendant son face- à-face avec Kassamba, c’est un Mende tout feu, tout flamme qui a électrisé les téléspectateurs à tel point que les questions pleuvaient de l’étranger comme de l’intérieur du pays. N’ayant rien perdu de son bagout et de son sens légendaire de la répartie, LMO a été redécouvert tel qu’en lui-même, cohérent, constant, assumant à la fois son passé politique et se projetant dans l’avenir avec le président Tshisekedi sans rien renier de sa proximité idéologique avec Joseph Kabila en faveur duquel il a plaidé afin que lui soit réservé un traitement préservant son honneur et sa dignité pour les éminents services rendus à la nation.
Dans la déclaration politique du député national et d’autres élus de son regroupement politique qui ont marqué leur ralliement officiel à l’Union sacrée de la nation, on peut lire leur motivation d’«apporter notre appui à cette coalition gouvernementale élargie pour mettre fin à la crise politico-institutionnelle qui freine depuis plusieurs mois l’émergence de la RDC. Nous voulons contribuer au rétablissement de la cohésion nationale et à l’éradication du climat délétère provoqué par les polémiques stériles et fratricides qui menacent nos intérêts nationaux».
Ils affirment leur souci de «prendre part activement dans ce cadre à l’élaboration d’un programme de gouvernement dédié à l’enracinement de L’Etat de droit, au renforcement de la souveraineté nationale, d’une véritable démocratie politique, économique, sociale et culturelle et à la lutte contre les antivaleurs de corruption et de tribalisme, de concert avec le chef de l’Etat, conformément aux dispositions pertinentes de la Constitution».
Cet engagement n’a été possible selon Mende que grâce à l’allégeance de son regroupement à la nation, aux idéaux patriotiques et non aux individus fussent-ils méritants ainsi que le clamait si bien son maître et inspirateur, Patrice Emery Lumumba: « Je n’ai ni pays… ni tribu. Je suis une idée».
Il en résulte que Mende a toujours mis le cœur à l’ouvrage et est resté très discipliné aux côtés aussi bien du défunt Dr. Étienne Tshisekedi que de Joseph Kabila sous lesquels il a eu à servir dans des gouvernements de coalition au titre de représentant des lumumbistes du MNC-Lumumba Originel devenu Convention des Congolais Unis (CCU). Au point que d’aucuns avaient fini par croire qu’il avait été encarté dans l’UDPS de Tshisekedi ou le PPRD de Kabila alors qu’il n’en était qu’un allié. Mende précise à ce sujet n’avoir jamais adhéré à aucun autre parti politique que le sien (CCU, nouvelle dénomination depuis 2003 du MNC Lumumba-Originel).
Porte-parole des gouvernements Muzito, Matata, Badibanga et Tshibala pendant près de 10 ans, il a, avec un rare talent, mis en œuvre un style de débat politique interactif dans lequel chacun admet l’altérité des points de vue. Livrée à la force sans violence du discours argumentatif, la dialectique portée par Mende a pour vertu de neutraliser les rapports de force et d’accoucher du consensus. C’est sous l’effet de cette éthique de la communication qu’advient la démocratie qui n’est autre que l’universalisation de l’espace public. A ce niveau, il s’insurge contre les experts improvisés, victimes du syndrome ou de l’illusion du savoir immédiat qui pousse moult scientifiques ou acteurs politiques et sociaux à se croire détenteurs de la vérité révélée parce que détenteurs d’un parchemin ou d’une parcelle de pouvoir ou encore parce que manipulant un micro, une plume ou une caméra. Ce sont ces prétendus omniscients qui ont mis le feu à la coalition FCC-CACH selon Mende. C’est pourquoi il se fait l’avocat de la recherche de cohésion entre les acteurs majeurs de la scène politique congolaise que sont le président Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila.
Critiquant le RCD-Goma, un mouvement rebelle dans lequel, contrarié par des menaces de mort insensées à Kinshasa, il avait pris part un an après son lancement, Mende dit s’être brouillé avec les mentors de ce groupe qui l’embastillèrent à Goma (Nord-Kivu) pour avoir tenu «des propos subversifs portant atteinte aux intérêts du mouvement en relation avec la guerre de Kisangani» au cours d’un entretien téléphonique avec le journaliste Stan Tossou de Canal Afrique-Johannesburg et d’un point de presse. Il révèle que c’est grâce à une intervention rocambolesque des services de sécurité de Mzee Kabila qu’il parvint à échapper à ses geôliers. «Je n’ai pas accepté ce que les Rwandais avec le RCD et les Ougandais avec le MLC avaient fait à Kisangani, une ville symbolique pour nous qui partageons les aspirations de Patrice Lumumba», avait-il expliqué à l’époque.
Il reste à ce jour, dans le paysage politique l’un des rares lumumbistes qui s’assume pleinement comme tel au parlement rd congolais avec le Parti lumumbiste unifié (PALU) de feu Antoine Gizenga avec lequel son regroupement s’est associé pour constituer le groupe parlementaire Palu et Alliance CCU et Alliés.
Lambert Mende est donc un continuateur de l’héritage nationaliste de Lumumba, car pour lui, «être lumumbiste aujourd’hui c’est mener le combat pour que le Congo soit libre de choisir ses partenaires économiques en fonction de ses propres intérêts». Toujours prompt à dénoncer le néocolonialisme des partenaires occidentaux de la RDC, il a eu à subir les foudres des fameuses «sanctions ciblées» occidentales avec d’autres proches de Joseph Kabila avant de se voir retirer récemment de ses listes d’infamies dont il continue à condamner le principe basé sur une conception néocoloniale des relations entre la RDC et ses partenaires occidentaux.
A.M