Face au torrent de sanctions qui s’abattent, Kigali essaie tant bien que mal de sauver la face. Le gouvernement rwandais a vivement critiqué les mesures prises à son encontre par la plupart de ses anciens alliés occidentaux, allant jusqu’à prendre l’initiative de dénoncer certains programmes d’aide.
Mardi 18 février 2025, Kigali a presque fait sensation en annonçant la suspension des programmes belges d’aide au développement, accusant le royaume d’avoir pris fait et cause pour Kinshasa dans le conflit qui l’oppose à ce pays voisin. A la prise de la ville de Goma par les troupes rwandaises et les rebelles du M23, la Belgique avait, en effet, exhorté l’UE à envisager des sanctions contre le Rwanda. Un communiqué publié par le ministère rwandais des Affaires étrangères à cet effet, accuse la Belgique de mener «une campagne agressive, aux côtés de la RDC, visant à saboter l’accès du Rwanda au financement du développement, y compris auprès des institutions multilatérales. En conséquence, le Rwanda suspend le reste du programme d’aide bilatérale 2024-2029 avec la Belgique». Le budget de ce programme d’aide se chiffrait à 120 millions €, dont 95 millions n’avaient pas encore été versés, alors que le pays de Kagame bénéficie annuellement de quelque 1,3 milliards USD d’aide internationale pour un budget avoisinant les 4 milliards USD.
Mercredi 26 février 2025, le Rwanda a annoncé la suspension de toute coopération au développement avec le Royaume-Uni qui venait, lui aussi, de lui infliger des sanctions en raison de son soutien au M23. De Londres, Kigali reçoit, notamment, 41,3 millions £ au titre de financement budgétaire annuel direct, sans compter un financement extérieur du gouvernement. Difficile pour le pays de Paul Kagame de cracher sur un pactole aussi important. Les mesures de suspension de la coopération au développement avec la Belgique et le Royaume-Uni ressemblaient davantage à un vaste bluff diplomatique qu’à de véritables représailles contre des donateurs.
Rétropédalage
Revenant le 3 mars 2025 sur sa position initiale, le Rwanda a, toute honte bue, exigé que le Royaume-Uni lui paie les 50 millions £ au titre de dédommagement suite à l’annulation du programme d’expulsion des migrants de 240 millions de £, suspendu par le nouveau gouvernement britannique. Dans une notification officielle, Kigali exige cette rondelette somme à laquelle il avait pourtant renoncé quelques jours auparavant lorsque le parti travailliste avait décidé l’abandon du programme mis en œuvre par le parti conservateur. Sous prétexte que le gouvernement britannique n’avait pas encore mis fin officiellement à l’accord liant les deux pays, même si aucun migrant n’a été expulsé vers le pays des mille collines.
Dans un communiqué publié le 4 mars 2025, un porte-parole du gouvernement britannique a déclaré qu’«aucun autre paiement lié à cette politique ne sera effectué et que le Rwanda a renoncé à tout paiement supplémentaire».
Les représailles annoncées par le régime de Paul Kagame contre des donateurs occidentaux relevaient donc bel et bien d’un bluff diplomatique sans aucune consistance.
J.N. AVEC LE MAXIMUM