Dans la saga des 3 ambassadeurs récemment limogés par la ministre d’Etat en charge des Affaires étrangères, le démenti du professeur Ntumba Luaba et le rôle du dircab aux Affaires étrangères Kilufya, un proche de « Lamuka Ensemble pour la République » soulèvent des questions sur la régularité de cette mesure.
Ntumba Luaba Lumu, ancien ministre, ancien représentant de la RDC auprès de la CIRGL passé à l’opposition contre Joseph Kabila s’est fendu le week-end dernier d’une exégèse pour sauver la mise à Marie Tumba Nzeza, la ministre des Affaires étrangères du gouvernement Ilunga Ilunkamba, sommée par la chambre haute du parlement et le FCC de s’expliquer sur le rappel définitif au pays de trois chefs de missions diplomatiques pour des motifs et dans une forme jugés questionnables. « Le rappel d’un ambassadeur pour un motif quelconque relève de la compétence du ministre des Affaires étrangères au terme des Conventions de Vienne », selon l’ex-ministre de la coopération régionale et professeur de droit à l’Université de Kinshasa. Un avis contesté par Francine Muyumba, présidente de la Commission des Relations extérieures du Sénat qui signe et persiste : « Madame Marie Tumba Nzeza a outrepassé les pouvoirs reconnus au ministre des Affaires étrangères et serait mieux inspirée de rapporter ses décisions qui ne sont pas de simples rappels pour consultation qui relèvent de sa compétence. On se trouve bien en face de rappels définitifs assortis de désignations d’intérimaires pour remplacer les 3 ambassadeurs », dit-elle. Un autre législateur interrogé par Le Maximum accuse le professeur Ntumba Luaba de mauvaise foi : « Il n’a même pas l’excuse de l’ignorance parce qu’il sait bien qu’il n’y a aucune différence entre rappeler définitivement au pays un ambassadeur et le limoger. C’est du sophisme. La ministre elle-même en est tellement consciente qu’elle s’est gardée de réserver copies de ses messages en question au premier ministre, chef du gouvernement et au secrétaire général du ministère, une anomalie qui est loin d’être fortuite. Il n’y a aucun doute : on voudrait régler des comptes partisans à des hauts fonctionnaires sans considération pour leurs droits garantis par la constitution qu’on ne s’y prendrait pas autrement », conclut-il. Et de mettre en exergue le rôle que jouerait dans cette affaire l’ambassadeur Dominique Kilufya Kamfwa, ex-chef de mission à Bruxelles et à Ottawa après avoir dirigé le protocole d’Etat. Rappelé au pays par … l’ancien vice-ministre aux Affaires étrangères Ignace Gata sur ordre du président de la République honoraire Joseph Kabila pour de présumées accointances subversives avec son cousin germain Moïse Katumbi Chapwe, ce diplomate rongeait son frein. Avant d’être nommé par Marie Tumba Nzeza au poste de directeur de cabinet du ministère. « L’ambassadeur Kilufya semble avoir un os à peler avec Gata depuis son rappel par le gouvernement. Il a toujours défendu les positions de l’opposition Lamuka de Katumbi», témoigne le parlementaire, ancien diplomate lui-même pour qui la défénestration de Gata, Mukongo et Bin Ramazani ne serait qu’un coup d’essai et que les cachoteries consistant à ne pas réserver copie des décisions « administratives » des messages de rappel des trois diplomates au premier ministre Ilunga et au secrétaire général Ileka étaient de son initiative. Une source proche du dossier aux Affaires étrangères indique sur la foi d’une note interne du secrétaire général du ministère que la sanction contre les diplomates accrédités respectivement à New York et Genève était d’autant plus injustifiée qu’ils avaient bel et bien reçu l’instruction de l’alors ministre faisant fonction de titulaire des Affaires étrangères de soutenir la déclaration de soutien à la République Populaire de Chine sur la situation des Droits de l’Homme au Xijian. « C’était pendant le long intérim qui a précédé la formation de l’actuel gouvernement Ilunga. Leur faire grief d’avoir ainsi fidèlement exécuté une instruction de la Centrale relève de l’arbitraire. C’est totalement inacceptable », estime la source sous le sceau de l’anonymat.
Quant à Bin Ramazani Kithima, chef de la mission rd congolaise à Tokyo, l’accusation de vente de l’immeuble de la chancellerie dans la capitale nipponne est démentie par des documents officiels attestant, d’une part, que l’édifice, acheté par un ancien diplomate dans un quartier très mal famé de la ville, appartient toujours à la RDC et, d’autre part, qu’il avait mis en location pour pouvoir louer des locaux plus seyants, sur instruction écrite de ses supérieurs pour préserver le prestige du pays lors des deux visites au Japon du président Tshisekedi respectivement pour l’intronisation du nouvel Empereur et le sommet de la TICAD. Si ces informations se confirmaient, il est évident que soit la ministre d’Etat Marie Tumba Nzenza a commis une véritable bourde, soit elle s’est laissée manipuler comme une novice par son directeur de cabinet qui, parfaitement au courant de ce qui précède, l’aurait délibérément induite en erreur.
Une affaire à suivre.
LE MAXIMUM