L’opinion nationale s’y attendait. Depuis novembre dernier à Genève où ce qui restait de l’opposition politique radicale en RD Congo avait rendu l’âme en novembre 2018, au prétexte qu’il valait mieux ne pas laisser s’organiser des scrutins électoraux et préparer une transition sans Joseph Kabila, que les va-t-en guerre mettraient tout en œuvre pour perturber les scrutins de décembre 2018. Et aussi, que les appels à l’insurrection le jour du vote, distillés ci et là par les leaders de la coalition genevoise, finiraient par prendre corps. C’est fait, à Kinshasa la capitale, depuis la nuit du 12 au 13 décembre, à 10 jours de la date fatidique. Aux alentours de 2 heures du matin, les entrepôts de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) sur avenue des Forces Armées à Kinshasa (ex Avenue du Haut Commandement) ont pris feu et consumé le matériel électoral y entreposé. Une catastrophe. Pour tous ceux qui, et ils sont nombreux, n’entendent pas transiger pour se choisir de nouveaux dirigeants pour les 5 années à venir en RD Congo.
5 années ? Ce n’est pas le projet de tout le monde dans la classe politique du pays tant convoité de Patrice-Emery Lumumba et de Mzee Laurent-Désiré Kabila. A Genève, en novembre dernier, un groupe de leaders politique de l’opposition radicalisée, coaché par des nébuleuses occidentales qui ne dissimulent que maladroitement leurs appétits gloutons sur les ressources du sous-sol rd congolais, en avaient décidé autrement. Quitte à heurter la constitution adoptée par referendum il y a un peu plus de 10 ans seulement. Le « candidat commun » de l’opposition qu’ils s’étaient choisis a reçu mission de torpiller par tous moyens possibles le processus électoral en cours. Appels insurrectionnels, menaces contre les matériels électoraux dont la machine à voter se sont multipliés d’autant plus que le processus devenait irréversible. Dans un posting sur son compte tweeter, Olivier Kamitatu Etsu, un leader de la coalition genevoise, ne s’en cachait nullement : « Si Corneille s’entête à imposer ses 100.000 machines à tricher, il devra déployer derrière chacune d’elles un policier pour qu’elles ne soient pas cassées, détruites ou brûlées … », avait-il récemment menacé. Depuis la nuit dernière, c’est vers la coalition Lamuka notoirement opposée au déroulement des scrutins auxquels ses ténors ne prendront pas part le 23 décembre 2018, que se tournent les regards.
L’incendie de la nuit du 12 au 13 décembre dans les entrepôts de la CENI fut d’une rare ampleur. Près des 8.000 des 10.368 machines à voter honnies, destinées à la ville-province de Kinshasa ont été consumées par les feux. Elles étaient destinées à 19 des 24 communes de la capitales rd congolaise qui à elle seule héberge quelque 4 millions d’électeurs enrôlés. 3.774 isoloirs, 552 kits bureautiques, 17.901 encres indélébiles, 800 nouvelles mots, et près de 9.500 batteries ont littéralement flambé.
Heureusement que « des dispositions utiles sont prises, après évaluation technico-opérationnelle préliminaire (…) afin de garantir (…) la poursuite sans faille du processus électoral », a assuré Corneille Nangaa, le président de la CENI au cours d’une communication jeudi 13 décembre 2018 à Kinshasa.
Toutes les réserves langagières observées par le patron de la centrale électorale rd congolaise ne sont pas parvenues à occulter la face mal dissimulée de l’iceberg de l’incendie de l’avenue des Forces Armées. « Cet incendie advient alors qu’on constate plusieurs manifestations de passions d’ordre politique suscitées par la perspective des scrutins du 23 décembre prochain. Les passions sont naturelles en politique, mais il faut les dompter pour mériter de la nation », conseille le patron de la CENI. Corneille Nangaa a cru devoir rappeler le code de bonne conduite signé par les partis politiques, dont le préambule et les articles 16, 17 et 25 préviennent les dérapages possibles. L’incendie de l’avenue des Forces Armées fut donc, à la limite … un dérapage … humain.
J.N.