«M. Felix Tshisekedi, quel gachi! Vous n’avez d’estime pour votre pere et vous faites endurer une souffrance incomprehensible a votre mere pendant des mois (tradition Luba oblige) et finalement accepeter d’enterrer votre pere a Kinshasa, alors qu’il a un fief, Kabeya Kamuanga. De quoi avez-vous peur? Le rejet des villageois bien sur car, les Tshisekedi n’ont rien fait a Kabeya Kamuanga – C’est vraiment dommage que le corps de votre pere va errer a Kinshasa, quel gachi ! Apres vous comptez diriger la RDC, mais je reve ! ».
C’est sans le moindre commentaire ni correction la réaction d’un internaute en réaction de l’annonce du rapatriement, enfin, du corps d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, le leader l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) décédé le 1er février dernier dans une clinique bruxelloise. Le corps du défunt aura donc attendu 7 mois avant d’être rapatrié, en raison de motivations politiques dont on peut douter du succès.
Des sources familiales, dont un des fils du défunt, Félix Tshilombo Tshisekedi, ont annoncé que l’accord intervenu début juin dernier entre le gouvernement, la famille biologique et l’UDPS a été finalisé la semaine dernière. Les parties ont convenu du rapatriement du corps dès le mois prochain, mais aussi de détails organisationnels. Le gouvernement, qui prend en charge les frais d’organisation des obsèques, dépêchera à Bruxelles un aéronef pour ramener dépouille et membres de famille, comme déjà convenu en février dernier. Le corps sera exposé au Palais du Peuple pour le recueillement et les hommages officiels et populaires avant l’inhumation dans une propriété familiale à N’Sele. Les parties se sont aussi engagées à l’organisation dans la dignité et le calme des obsèques de l’ancien premier ministre.
7 mois après
7 mois de vaines et farfelues revendications auront donc particulièrement écorné le sacro-saint principe du respect dû aux morts cher aux africains en général et aux rd congolais en particulier. Parce qu’au finish, il semble bien que ce sont les propositions gouvernementales, de loin plus mesurées, qui s’imposent. Parce que les joutes qui ont entouré le rapatriement du corps d’Etienne Tshisekedi, décédé les armes à la main comme on dit, en pleines négociations sur la mise en œuvre de l’accord signé par les parties prenantes au dialogue du Centre interdiocésain deux mois plus tôt, tout s’est passé comme proches et partisans ont tenu à s’en servir pour atteindre des objectifs politiques discutables.
Les phantasmes autour d’une dépouille mortelle combattante ont emmené l’UDPS et la famille du défunt à aller jusqu’à exiger le départ d’un 1er ministre nommé par le Président de la République en vertu de l’Accord de la Cité de l’Union Africaine, signé le 18 octobre 2017. Une revendication derrière laquelle se dissimulaient les ambitions au strapontin du fils du défunt, Félix Tshilombo Tshisekedi, et d’une partie de l’UDPS sur laquelle la famille biologique semble avoir fait main basse. A elle seule, cette revendication derrière laquelle sont greffées d’autres autour du lieu d’inhumation, a duré plusieurs mois. Jusqu’à la nomination du Premier ministre Bruno Tshibala, un proche du défunt, début avril dernier.
Déclarations de la honte
Les sorties médiatiques récentes des membres de la famille d’Etienne Tshisekedi attestent encore de ce comportement que beaucoup dans l’opinion ont peu apprécié. Le 4 août 2017, Mgr Gérard Mulumba, le jeune frère du défunt qui fait office de chef de famille, rejetait encore la responsabilité du retard intervenu dans le rapatriement du corps d’Etienne Tshisekedi sur le gouvernement. «Ce n’est pas normal que le gouvernement puisse rejeter la responsabilité du retard à la famille. C’est le gouvernement qui refuse de signer le document qui doit sanctionner les discussions déjà entamées, mais il refuse de le faire. Le ministre Shadary nous a fait attendre lors de son déplacement à l’intérieur du pays pour de raisons d’État mais, après, il est revenu et, jusqu’aujourd’hui, il n’a plus appelé (…) C’est eux qui sont responsables de cette situation, je ne sais pas pourquoi ils font ça, ils nous ont roulés », a-t-il déclaré à la presse. L’ancien évêque du diocèse de Mweka avait sans doute oublié que l’opinion se souvenait encore des billets d’avion et des moyens financiers décaissés par le même gouvernement aux lendemains du décès d’Etienne Tshisekedi en février dernier. Sur les sommes reçues de l’argent du contribuable rd congolais, l’homme de Dieu observe un mutisme qui ne l’honore pas, pense-t-on à Kinshasa.
Quelques jours avant le prélat émérite, c’est la veuve, Marthe Tshisekedi, qui est montée au créneau pour s’en prendre au même gouvernement. Devant les caméras de TV5 Monde, le 27 juillet, elle a expliqué que « On était tombé d’accord pour travailler avec la famille politique, le parti et le Gouvernement. La famille politique et la famille biologique ont signé le document, mais pas la partie gouvernementale. Au moment où on attendait qu’il signe, le vice-premier ministre a commencé à voyager de gauche à droite » a soutenu Marthe Tshisekedi. Ajoutant que «Je ne suis pas en colère, mais comprenez ma douleur et mes larmes. C’est contre le gouvernement et contre Monsieur Kabila qui ne voulaient pas que mon mari soit enterré dans son pays natal». Après avoir placé trop haut la barre des revendications autour du rapatriement d’Etienne Tshisekedi, la famille biologique et le parti politique du défunt l’auront enfoui assez bas, somme toute.
Retour en mode combattant ?
Annoncé début septembre, le rapatriement du corps d’Etienne Tshisekedi coïncidera avec une série de manifestations publiques programmées par les radicaux de l’opposition. Des manifestations susceptibles de retarder les obsèques ou de les perturber. L’accord conclu entre le gouvernement, la famille et le parti politique du défunt stipule l’organisation dans la dignité et le respect des obsèques du défunt lider maximo. Mais il n’est pas certain que les parties signataires aient de la dignité et du respect le même entendement. Surtout si par respect dignité, les partisans d’Etienne Tshisekedi entendent faire livrer un dernier baroud politique à la dépouille.
J.N.