L’information n’est pas passée inaperçue. Pas les observateurs avertis sur les enjeux essentiellement économiques qui président à la déstabilisation récurrente de la RD Congo par les puissances financières occidentales depuis la nuit des temps.
Lundi 3 juillet dernier, Albert Yuma, le patron récemment reconduit à ses fonctions de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), le patronat rd congolais, a conduit devant le 1er ministre une délégation de banquiers russes de la VTB Bank, conduite par son directeur général en personne. Au menu des entretiens avec le 1er ministre UDPS, Bruno Tshibala Nzenze, le projet d’émission d’un bon d’un milliard de dollars par la banque, qui veut les injecter sur le marché financier rd congolais menacé d’asphyxie sous le regard amusé des institutions de Brettons Woods. Complices des puissances occidentales, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International conditionnent leur assistance au pouvoir en place à Kinshasa par des « couleuvres politiques », selon l’expression d’un conseiller au cabinet du ministre des finances interrogé par Le Maximum : la mise en place du Comité National de suivi de l’Accord politique et du processus électoral (CNSA), l’application des mesures de décrispation politiques et un calendrier électoral clair programmant la tenue des élections à la fin de l’année en cours. Soit, exactement les mêmes casus belli qui opposent le gouvernement de la RD Congo à l’Union Européenne pour son ingérence avérée dans un pays réputé indépendant.
Les Russes se jettent à l’eau
Les Russes, eux n’en demandent pas tant et s’en tiendraient à des conditionnalités strictement économiques et financières à la mesure des risques encourus en raison du climat politique et de son influence sur les affaires en RD Congo. Pour le reste, VTB Bank est prête à se jeter à l’eau et à rééditer l’expérience réussie en terre angolaise voisine. Ce n’est pas vraiment un secret : Luanda asphyxiée par les mesures économiques et financières des mêmes institutions de Brettons Wood malgré ses immenses ressources pétrolières, n’a eu la vie sauve que grâce à un investissement russe similaire. Tous le voyageurs en provenance de « Lunda », ainsi que les rd congolais désignent ce pays voisin vous le diront : l’économie angolaise redresse lentement mais sûrement la tête. Au point que les observateurs craignent que la vague d’échanges commerciaux à la limite du licite tolérée à certains postes frontaliers avec la RD Congo, comme Lufu dans la province du Bas-Congo, ne s’estompe dans les mois et années à venir.
L’information livrée par la télévision publique rd congolaise, la RTNC, est tombée comme un véritable coup de massue dans certaines oreilles … occidentales. Qui voyaient déjà d’un œil torve et révolté les investissements chinois en RD Congo. Contre l’ambitieux programme dit des Cinq Chantiers de la République, qui devait être financé par les chinois d’Exxim Bank dans le cadre des désormais célèbres contrats chinois, c’est la patronne du FMI en personne, la Française Christine Lagarde, qui avait effectué le déplacement de Kinshasa pour dissuader Joseph Kabila d’en permettre tant aux asiatiques. L’affaire, qui portai sur un prêt de 8,5 milliards USD, n’a vraiment jamais été portée à la connaissance de l’opinion en RD Congo, mais elle a fini par s’ébruiter.
Indignation des milieux occidentaux
Le milliard russe semble susciter la même indignation, probablement parce qu’il représente une menace contre l’ordre économique esclavagiste imposé par les Occidentaux au continent africain. D’autant plus que le banquier russe, qui a déjà eu maille à partir avec les Occidentaux, comme la RD Congo, doublement frappée de sanctions de l’Union Européenne et des Etats-Unis pour son rôle présumé dans la situation … politique Ukrainienne.
Ci et là, des voix s’élèvent pour attirer l’attention sur le taux d’emprunt : les russes pourraient dramatiser les risques encourus par leur investissement et appliquer un taux élevé de remboursement, contraires aux normes des institutions de Bretton Woods. Ou encore, que la célérité avec laquelle l’affaire est menée est inquiétante : lundi dernier, Albert Yuma a déclaré que avoir reçu des assurances de Bruno Tshibala quant à l’obtention, dès cette semaine, du « mandat » requis pour que les russes mettent le pactole à disposition dans les dix semaines qui suivent, c’est-à-dire, d’ici la fin le mois d’octobre prochain.
En Angola voisin, c’est bien 1,5 milliards USD que les russes ont injecté en 2014 à travers leur filiale Afrique dans le cadre de la réorientation de leurs activités vers des nouvelles opportunités en Afrique. « Au-delà de l’environnement politique peu rassurant, les perspectives de la RDC sont satisfaisantes pour les investisseurs étrangers. D’où la nécessité de faire de cette opération de levée de fonds une affaire véritablement nationale et pilotée en toute transparence », note pourtant ce banquier rd congolais. Il n’est pas le seul, heureusement.
J.N.
VTB BANK EN RD CONGO : Le milliard USD russe qui fait enrager
