Il aura mis un peu plus de 7 mois pour placer le dialogue national inclusif sur orbite à Kinshasa. Lui, c’est l’ancien premier ministre du Togo, également ancien secrétaire général de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), Edem Kodjo. Depuis le week-end dernier, les travaux préparatoires du dialogue, solennellement ouverts 23 août 2016 malgré une journée ville morte décrétée l’opposition tshisekediste, ont pris fin. Non sans quelque succès, l’essentiel étant acquis : le dialogue proprement dit commence jeudi 1er septembre 2016 et s’étendra sur quelque 15 jours. Selon les prévisions de la Feuille de route rendue publique à la fin des travaux préparatoires (texte intégral ci-après). Un dénouement qui sonne comme une victoire après 7 mois d’embûches de toutes sortes : de la part de la Majorité présidentielle au pouvoir, qui a longtemps rechigné à poser les gestes de décrispation attendus ; mais aussi et surtout de l’opposition politique tshisekediste réunie sous la bannière du Rassemblement des forces acquises au changement, qui a récusé jusqu’au bout le Facilitateur nommé par l’Union Africaine. Des uns et des autres, le diplomate Togolais a tiré l’essentiel : la Majorité présidentielle au pouvoir a dû lâcher du lest en libérant un certain nombre de personnes tenues à l’opposition politique comme des détenus d’opinion. Le dernier lot de ces libérations a été annoncé vendredi dernier, 24 heures avant la clôture des travaux préparatoires du dialogue. L’opposition, elle aussi, a dû revenir à la raison et n’exige plus le départ d’Edem Kodjo. Désormais, c’est la transformation du groupe de soutien à la Facilitation en groupe de facilitation où l’actuel facilitateur et ses collègues auront la même influence, selon les explications de Martin Fayulu à nos confrères de la radio Top Congo qui émet à Kinshasa.
Pourtant, il y a quelques jours encore, le président du conseil des sages du Rassemblement, Etienne Tshisekedi, traitait encore carrément et publiquement le Togolais de Kabiliste et le récusait. L’affaire n’a pas marché, le « vieux » aura échoué à exiger crânement l’absurde, le Togolais l’aura vaincu sur ses propres terres. Notamment, en faisant adopter des principes conducteurs qui rencontrent les attentes de toutes les parties : le respect de la constitution de 2006 telle qu’amendée en 2011 et des lois de la République, mais aussi la mise en œuvre de la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations-Unies et des autres résolutions et textes pertinents. On est loin de la politique de table rase propre à une partie de l’opposition politique rd congolaise, tout autant de la seule prise en compte des textes de lois en vigueur en RD Congo, qui fut le cheval de bataille de la Majorité présidentielle pendant longtemps ; l’engagement des parties à promouvoir le dialogue et la résolution pacifique des différends ; l’engagement à adopter le consensus comme mode de prise de décisions durant les travaux du dialogue ; la détermination à renforcer l’Etat de droit par le respect des valeurs de la démocratie … ; l’inclusivité du dialogue dans toute la mesure du possible …
Autre principe rassurant, c’est celui relatif à l’objectif du dialogue, qui est engagé pour « … traiter principalement de la problématique spécifique de l’organisation, dans le pays, d’élections apaisées, crédibles et transparentes, conformément aux principes énoncés dans la Constitution … » : il a le don de faire voler en éclat l’alibi du glissement derrière lequel s’abritait l’opposition pour accuser Joseph Kabila et sa Majorité présidentielle de vouloir s’éterniser aux affaires à n’importe quelles conditions, en même temps qu’elle tentait, elle-même, d’accéder au même pour par des raccourcis anti-démocratiques avérés.
J.N.
Ci-attaché, la Feuille de route du dialogue politique national inclusif.
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