La démocratie en RD Congo a littéralement pris les mors aux dents. Définie théoriquement comme le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple, elle semble avoir perdu la tête dans notre pays, au regard des événements et des prises de positions qui se succèdent chaque jour et à l’approche de la fin du deuxième mandat du Président Kabila Kabange. « En décembre 2016, élections ou pas élections Kabila doit partir », déclarent certains opposants alors que la constitution, rappelée avec autorité par la Cour Constitutionnelle dans un arrêt rendu le 11 mai, prévoit des dispositions qui gardent le Chef de l’Etat en place jusqu’à l’installation du prochain Président élu. « Décembre 2016 s’il n’y a pas d’élections, nous allons constater la mauvaise foi du Président en place à organiser les élections et le Président du Sénat assurera l’interim », jure un juriste proche du G7 (nouvelle plate-forme anti-Kabila) alors qu’aucune disposition légale n’a prévu un tel interim. « Kabila refuse de donner l’argent à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) pour bloquer la machine électorale et se maintenir au pouvoir », selon Martin Fayulu, leader d’un petit parti politique qui, avec seulement deux députés sur les 500 que compte le parlement congolais, est présenté par certains médias comme un des principaux leaders de l’opposition. Sans expliquer par quel mécanisme Kabila pourrait bloquer les moyens alloués à la CENI par le parlement, autorité budgétaire à laquelle d’ailleurs les dispositions légales donnent le pouvoir de contrôler l’exécution de sa loi budgétaire ?
De mémoire de Congolais, aucun député de la majorité ou de l’opposition n’a interpellé le Gouvernement durant les quatre dernières années au sujet de l’enveloppe annuelle que l’autorité budgétaire allouait à la centrale électorale dans le cadre de l’organisation des élections en 2016. Des mauvaises langues disent qu’ils voulaient tous « glisser », comme leurs collègues du Sénat. Fallait-il encore que Joseph Kabila intervint ici garant de la stabilité des institutions pour les instruire de contrôler l’exécution de la loi budgétaire au mépris du principe de la séparation des pouvoirs chers aux honorables députés ? « Nous ne viendrons pas au dialogue convoqué par Joseph Kabila », claironnent en chœur Vital Kamerhe et ses amis qui estiment, pince sans rire, que seule la communauté internationale (en fait la France, les USA, la Belgique et Tutti quanti) est habilitée à prendre une telle initiative 56 ans après le martyr de Lumumba ! On croit rêver … Pourtant, ces « modèles » sont eux-mêmes habitués aux consultations (Dialogue) au-delà des structures des débats formels, comme leur parlement ou congrès. Des consultations convoquées par leur Chef d’Etat, même au plus bas dans les sondages, chaque fois que de besoin, et toutes les composantes de leur classe politique y prennent part même les plus extrêmes comme le Front National (FN) en France afin de lever face aux grands enjeux, des options salutaires pour la stabilité de leurs nations. Au plus bas dans les sondages comme jamais un Chef d’Etat Français avant lui, François Hollande n’en a pas moins consulté la France à travers les différents leaders de toutes les formations politiques devant la menace terroriste afin de lever les options salutaires pour la nation.
En RD Congo aujourd’hui, toutes les voix se mélangent. Celle de Moïse Katumbi, candidat Président, qui se serait mis à préparer dans un mépris total de la constitution, l’apocalypse avec des soldats de fortune Américains et Sudafricains, si jamais Kabila ne quittait pas le pouvoir le 19 décembre 2016. Vital Kamerhe, dit le « Pacificateur » (sic !), candidat de l’UNC à la présidence, promet de son côté de chasser Joseph Kabila « même par la violence » si jamais ce dernier n’organisait pas les élections dans les délais constitutionnels. Quant à Etienne Tshisekedi, le ‘lider Maximo’ et candidat naturel et éternel de l’UDPS, il réclame rien moins que l’imperium et le rétablissement de « sa » vérité des urnes disqualifiée par le juge du contentieux électoral de 2011, étant lui-même déjà candidat pour succéder en 2016 à celui qu’il ne reconnaît pas comme Président ! Tshisekedi réclame la démission forcée (resic !) de la Cour Constitutionnelle et de la CENI après avoir envoyé son délégué dans cette institution d’appui à la démocratie.
Les partenaires de la communauté internationale, les USA en tête, demandent l’organisation des élections rd congolaises « dans les délais constitutionnels » alors que la CENI, structure technique indépendante qui a la charge d’organiser les élections, soutient qu’il est techniquement impossible de les organiser d’ici décembre 2016.
Perdus dans leurs contradictions, certains souhaitent que le Président du Sénat se prépare à assurer l’interim du Président de la République, oubliant que lui-même était déjà arrivé au terme de son mandat en 2011, et que le Président de la République en place n’est pas dans un cas d’empêchement.
Au regard de cette cacophonie qui règne au sein d’une certaine opposition et parmi les nostalgiques de la communauté internationale, on comprend clairement que la question de la RD Congo fait perdre le nord « aux surdoués » de la démocratie comme les Américains qui en oublient jusqu’aux principes élémentaires comme la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice, etc … et aux apprentis démocrates rd congolais qui ferment les yeux devant des évidences, en optant pour la politique de la terre brûlée. En République Démocratique du Congo, la démocratie perd effectivement la tête …
LE MAXIMUM