Lundi 11 avril 2016, le facilitateur du dialogue national, l’ancien Premier ministre togolais et ancien secrétaire général de l’OUA, Edem Kodjo, a tenu son tout premier point de presse. Cela s’est passé au 6ème niveau de l’immeuble Serkas sur le boulevard du 30 juin à la Gombe, presqu’au même moment où il prenait possession des locaux mis à sa disposition par le Gouvernement de la RD Congo. Les services de la facilitation s’attelaient encore à donner une forme diplomatique aux installations (accrochages des photos de Mme Zuma en face de l’effigie de Joseph Kabila) lorsque le facilitateur a entrepris de s’adresser à la presse. « Je connais ce pays depuis toujours et j’ai accepté cette mission avec émotion », a confié d’emblée Edem Kodjo. Une mission délicate mais pas impossible, a-t-il expliqué, avançant que « rien n’est impossible s’il y a bonne volonté ».
Ce décor planté, l’homme d’Etat Togolais a rappelé les consultations entreprises en janvier dernier, qui lui avaient permis de répondre à de nombreuses sollicitations, en ce compris celles qui n’avaient pas de rapport avec le dialogue. C’est, selon lui, la preuve que ces assises sont soutenues et suscitent un engouement certain.
Devant les représentants de la presse, Edem Kodjo s’est montré résolu : « Nous allons aller tout droit en avant. Le dialogue doit être lancé et poursuivi », a-t-il indiqué. Le facilitateur a annoncé la mise en place à partir du même lundi d’un comité préparatoire. Il devrait, selon lui, être fin prêt à la fin de la semaine au plus tard. Le comité sera représentatif de tout l’orbite rd congolais et comprendra des représentants de la société civile, de l’opposition politique et de la majorité présidentielle, selon ses propos.
Néanmoins, le diplomate n’ignore pas les difficultés de sa tâche. « Je sais que tout le monde n’est pas d’accord mais je continuerai à parler avec eux », a-t-il dit en substance, un peu pour attester du fait qu’il n’attendra plus avant de lancer les travaux, mais ne fermera pas la porte aux retardataires.
S’agissant des acteurs politiques et de la société civile opposés au dialogue national, Edem Kodjo a indiqué qu’il y avait une grande évolution depuis sa rencontre avec l’UDPS d’Etienne Tshisekedi, à Bruxelles, puis dernièrement (mars) à Paris. Etienne Tshisekedi tenait à ce que certains équivoques soient préalablement levés, notamment la qualité exacte de l’alors Envoyé de Mme Zuma. C’est, a-t-il dit, ce qui a été fait avec sa nomination officielle en qualité de facilitateur, et qui a permis le « soutien ferme » d’Etienne Tshisekedi qui se montre même pressé de voir les choses se mettre en place.
C’est la question d’un journaliste qui a permis au facilitateur du dialogue d’aborder le problème des délais constitutionnels. Edem Kodjo y a réservé une réponse en deux volets : « Nous ne pouvons pas travailler en dehors de la constitution », a-t-il soutenu. Avant de relever que les jours qui passent sans que rien n’ait été mis en place constituent un problème réel par rapport à ces délais. « Les délais risquent de ne pas être respectés dans les meilleures conditions », a-t-il très diplomatiquement expliqué, tout en se refusant à prendre parti pour un camp ou pour un autre sur cette polémique brûlante.
« S’il y a des problèmes, il faut avoir le courage de les circonscrire et de les réduire », a encore déclaré le facilitateur du dialogue national. Selon lui, les travaux du dialogue devraient s’étendre sur quelque 2 semaines. Ils visent la production d’une feuille de route consensuelle pour la suite du processus électoral.
J.N.