C’était quasi fête, mardi 27 août 2024 à Lusambo. Au chef-lieu de la province du Sankuru, Victor Kitenge Kanyama, le nouveau gouverneur est arrivé de Kinshasa via Mbujimayi, pour y prendre ses quartiers. L’homme était attendu et l’accueil lui réservé par les populations locales l’ont démontré. L’ancien député national de Katako-Kombe, adoubé par des doyens des politiciens de la région, Christophe Lutundula, Lambert Mende, Bernard Mpetshi auxquels s’est joint l’élu UDPS/T de Kole Célestin Ekoto, a reçu un accueil très enthousiaste. Le cortège gouvernoral, parti du Port Tshibuadi a été suivi et chaudement applaudi jusqu’à la résidence officielle du patron de l’exécutif provincial, dans le centre de Lusambo. «Il apporte le changement tant attendu par les Sankurois», soutenait à Lodja, capitale économique du Sankuru à 475 km de là, un fonctionnaire de l’Education nationale.
A Lusambo, Victor Kitenge Kanyama, fort de son expérience d’ancien magistrat puis de parlementaire, a tout de suite montré la voie qu’il entend suivre et imprimer. «Considérons la pauvreté comme le premier ennemi de la province du Sankuru», a-t-il déclaré. Rompant avec les roulements de mécaniques menaçants et les postures pessimistes longtemps ressassés par ses deux prédécesseurs Joseph Stéphane Mukumadi et Jules Lodi, il soutient que le Sankuru regorge de potentialités agricoles et minières considérables : le riz, le café, le manioc, le diamant et surtout de remarquables ressources humaines… Comme pour dire qu’il suffirait de faire passer la main là où il faut pour conjurer le misérabilisme qui constituait l’ordinaire de cette grande entité au cœur de le RDC.
Nouvelle ère au Sankuru
Mardi dernier, c’est une nouvelle ère qui a commencé pour la province d’origine du Héros national, Patrice-Emery Lumumba, estiment beaucoup donc parmi les sankurois. Pour une fois, un gouverneur de province parle le langage hautement unificateur et rassembleur du développement, au détriment du langage de politique «politicienne» qui a tant divisé ici. Plus de clivages, plus d’opposition entre ressortissants de ci et ceux de là : mettre la main à la pâte est désormais priorité qui s’impose. Tel semble être le challenge que s’est imposé Victor Kitenge Kanyama pour enfin pouvoir aller de l’avant.
Les défis qui attendent le nouveau gouverneur du Sankuru n’en sont pas moins énormes.
Loin s’en faut. L’homme et son équipe, encore à constituer, doivent faire face à d’immenses défis dans une province où tout est prioritaire : des infrastructures à construire et à moderniser ; une économie exsangue à redynamiser et à remettre sur les rails ; des besoins sociaux criants. L’ouvrage est titanesque. Et requiert le soutien de tous pour être mené à bon port.
Le premier pilier sur lequel VKK entend s’appuyer est l’unité des acteurs politiques du Sankuru, qui n’ont pas tous brillé par leur empathie avec leus bases dans l’action jusque-là.
Victor Kitenge a accédé aux commandes de la province du Sankuru en remportant haut la main les élections organisées à cet effet en avril dernier. Aligné sur les listes de la coalition Agissons et Bâtissons (AB) de l’Union sacrée emmenée par le nouveau speaker du Sénat Jean-Michel Sama Lukonde représentée au Sankuru par le brillant ex-VPM aux Affaires Étrangères Christophe Lutundula, il a nettement battu son challenger Jules Lodi, adhérent «de la 25ème heure» de l’UDPS/T selon quelques mauvaises langues. C’est tout dire de la ferveur et du soutien populaire dont bénéficie le nouveau gouverneur : une base politique solide animée par ses aînés dans la carrière politique, le député national CCU-AE Lambert Mende Omalanga (Lodja) et les sénateurs AB Christophe Lutundula (Katako-Kombe) et A2TC (Mosaïque UDPS/T) Bernard Mpetshi auxquels s’est rallié le député national UDPS/T Célestin Ekoto n’est sans doute pas dû au hasard. La veille, lundi 26 août dans la journée arrivait à Lodja en provenance de Kinshasa, Lambert Mende Omalanga. L’élu national et leader politique incontestable local, qui porte à bout de bras le nouveau gouverneur, a reçu un accueil délirant des lodjaciens, comme de coutume ici depuis de longues années.
Soutiens politiques
Ces quatre acteurs politiques sankurois, sans nul doute les plus en vue de tous, se montrent fermement engagés à rompre les amarres.
Ceux qui ont rattaché et condamné, longtemps, le Sankuru à vivre déchiré entre ressortissants de la savane et ceux de la forêt. Le remède à ce mal ainsi identifié n’est rien d’autre que le langage et le narratif de la conciliation autour du développement, embouché par le nouveau patron de l’exécutif du Sankuru aussitôt qu’il a foulé les pieds à Lusambo. Ce ne sont pas des slogans creux, ni des paroles en l’air.
Deux mois avant de gagner son poste d’attache à Lusambo, Victor Kitenge Kanyama s’’était assuré de l’accompagnement de l’Inspection générale des finances (IGF) pour la réussite de son action à la tête du Sankuru. Vendredi 31 mai 2024, le gouverneur du Sankuru avait été longuement reçu par Jules Alingete Key, l’Inspecteur général-chef de service de l’IGF, pour recevoir des lumières relatives à la gestion des finances publiques et de bonne gouvernance. «Il faut reconnaître que l’IGF, c’est un service qui a démontré son sérieux depuis un certain temps, en tout cas depuis que M. Jules Alingete Key, le chef de service est à la tête de l’IGF, dans le domaine de la gestion des finances publiques», avait déclaré le tout nouveau gouverneur.
Alors que de son côté, son hôte confirmait que «nous avions comme d’habitude, donné des conseils pour qu’il y ait une cohésion entre l’exécutif et le parlement provincial, de manière à ce que les choses puissent aller de l’avant et demander à ce que le gouvernement central puisse vraiment aider le gouvernement provincial de Sankuru avec des interventions économiques parce que les moyens propres sont très limités et insuffisants».
Selon l’inspecteur général – chef de service de l’IGF Jules Alingete livrant son point de vue sur la gestion des provinces à cette occasion, «le gouvernement central devrait suffisamment intervenir pour permettre au gouvernement provincial du Sankuru de disposer des moyens de poser des actions allant dans le cadre d’exécution de la vision du président de la République, chef de l’État Félix Tshisekedi, qui voudrait voir non seulement la population de Kinshasa, du grand Kasaï et d’ailleurs et notamment celle du Sankuru bénéficier de sa vision, de ses actions en ce qui concerne l’amélioration du vécu quotidien en termes de desserte en eau potable , en électricité, en accessibilité des routes, de l’agriculture, de l’éducation». Au Sankuru enclavé, on n’en attend pas moins.
J.N. AVEC LE MAXIMUM