Au lendemain de sa victoire à l’élection primaire de l’Union sacrée de la nation pour le perchoir de la chambre basse du parlement et à la suite de son audience auprès du président de la République Felix Tshisekedi, autorité de référence de cette méga famille politique, Vital Kamerhe a réitéré sa loyauté au chef de l’Etat tout en affirmant son engagement à redorer l’image de l’Assemblée nationale.
Le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC) a également remercié les regroupements politiques membres de l’Union sacrée de la nation et particulièrement ceux appartenant au Pacte pour un Congo retrouvé (PCR) qui l’ont aidé à remporter ce scrutin inédit.
Il a invité ses deux challengers à la course au perchoir de l’Assemblée nationale Mboso Nkodia et Bahati Lukwebo à travailler ensembler avec lui pour préserver l’unité au sein de la grande plateforme présidentielle. «Nous avons gagné ensemble. Nous avons pris l’engagement devant le président de la République de mener un combat loyal et démocratique. Que ce combat ne laisse pas des séquelles et qu’il ne nous divise pas», a-t-il déclaré.
Vital Kamerhe s’est fixé comme objectif principal pendant son mandat, celui de réformer les institutions. «Nous allons faire en sorte que la séparation des pouvoirs soit une réalité, pousser le gouvernement à remplir ses assignations à travers un contrôle parlementaire régulier», a-t-il martelé avant de s’engager à donner priorité à la question relative à la guerre d’agression par le Rwanda à l’Est du pays afin que «les cris de détresse des populations martyrisées soient relayés dans les débats parlementaires et que des solutions efficaces soient initiées pour y mettre fin».
Qui est Vital Kamerhe ?
Cet élu sexagénaire de Bukavu (Sud-Kivu) qui revient à la tête de l’Assemblée nationale nationale après une éclipse de près de quinze ans pour succéder à Christophe Mboso, avait été poussé à la démission en 2009 par le quatrième président de la RDC Joseph Kabila après avoir dénoncé l’autorisation donnée par ce dernier aux troupes rwandaises d’exercer le droit de suite contre les groupes génocidaires réfugiés en RDC sans l’aval du parlement.
Fils de Constantin Kamerhe Kanyiginyi et d’Alphonsine Nemberwa, le bientôt speaker de l’Assemblée nationale est ressortissant du territoire de Walungu. Marié à Mme Amida Shatur, il est père d’une nombreuse progéniture. Économiste de formation, Vital Kamerhe est un acteur clé de la politique congolaise de ces 2 dernières décennies. Polyglotte, il maîtrise les 4 langues nationales congolaises (Kikongo, lingala, swahili et tshiluba) qu’il a pu pratiquer au gré des mutations de son père, ancien cadre à la Caisse d’épargne du Congo (CADECO) aux quatre coins de la RDC.
Après ses études primaires à Bukavu et Goma (Nord-Kivu), il a poursuivi sa formation scolaire à Ngandajika dans le grand Kasaï avant d’entamer le cycle secondaire à Kikwit (grand Bandundu) et de l’achever à Kananga (Kasaï Occidental) où il obtient son diplôme d’État en 1980. Par la suite, il s’inscrit à la faculté des sciences économiques de l’Université de Kinshasa d’où il sort licencié en en 1987. Le 4 octobre 2019, Vital Kamerhe a défendu en anglais une thèse de doctorat en Grèce.
Entre 1987 et 1995, il a exercé les fonctions d’assistant à la faculté des sciences économiques à l’Université de Kinshasa avant de se lancer dans la politique active au sein de l’UDPS.
Ralliement aux tombeurs de Mobutu
À l’avènement de l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila en 1997, Kamerhe se rallie au nouveau régime et est nommé directeur administratif et financier au cabinet du général Denis Kalume Numbi, alors patron du service national pour la production agricole.
C’est au moment du déclenchement de la deuxième guerre du Congo en 1998 qu’il fait la connaissance de Joseph Kabila Kabange lors de la défense de l’aéroport de Kinshasa. À la mort de Laurent-Désiré Kabila en 2021, son fils et successeur est porté au pouvoir et amorce des négociations avec les adversaires du Congo : le dialogue inter-congolais. Vital Kamerhe est nommé commissaire général du gouvernement chargé du suivi du processus de paix dans la Région des Grands-Lacs, un poste stratégique. A l’issue du dialogue inter-congolais, il devient ministre de l’Information du gouvernement 1+4.
Le 31 mars 2002, Joseph Kabila qui venait de créer son parti le PPRD, le désigne comme secrétaire général de cette formation politique en juillet 2004 avec comme mission d’organiser sa campagne électorale de 2006.
Grâce au succès obtenu après l’élection de Kabila, Vital Kamerhe est élu député national à Bukavu avant de prendre les rênes de l’Assemblée nationale en 2006.
La controverse autour de l’opération conjointe RDC – Rwanda contre les rebelles rwandais FDLR au Kivu l’oppose au président Kabila auquel il reproche de n’avoir pas sollicité l’autorisation du parlement à cette fin, l’opération ayant été secrètement négociée entre les présidents congolais Joseph Kabila et rwandais Paul Kagame. Kamerhe qui y était opposé et avait porté le débat sur la place publique, fut accusé de lèse-majesté et poussé à la démission du perchoir le 26 mars 2009.
Le 14 décembre de la mêê année, il démissionne du PPRD et crée l’UNC avant de se porter candidat à l’élection présidentielle de 2011 contre Kabila. Il en sortira 3e avec 7,74% après Kabila et Étienne Tshisekedi.
En novembre 2018, Vital Kamerhe qui se préparait pour la présidentielle de cette année-là, s’est désisté en faveur de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Le 20 janvier 2019, Tshisekedi est proclamé cinquième président de la RDC et le nomme cinq jours plus tard directeur de son cabinet.
Le 8 avril 2020, après avoir piloté le programme de 100 jours du président, Vital Kamerhe est placé en détention provisoire à la prison centrale de Makala, pour présomption de détournement de deniers publics. Le 11 juin 2020, le parquet requiert contre lui 20 ans de prison mais après près de deux ans, Vital Kamerhe sera acquitté par la justice puis, en mars 2023, il est nommé vice-1er ministre, ministre de l’Economie nationale.
Membre du présidium de l’Union sacrée de la nation de Félix Tshisekedi, il va se faire élire à nouveau député national de Bukavu avant d’annoncer son intention de reprendre la tête du bureau de l’Assemblée nationale. Chose faite, le mardi 23 avril 2024, à l’issue de l’élection primaire organisée sur instruction du président Tshisekedi pour le départager avec Christophe Mboso et Bahati Lukwebo.
Le poste de président de la chambre basse du parlement étant exclusivement réservé à la majorité présidentielle par le règlement intérieur, Vital Kamerhe est donc le prochain speaker de cette deuxième institution de la République Démocratique du Congo.
Le Maximum