En campagne électorale au Kongo-Central depuis le 11 décembre 2023, Moïse Katumbi a été contraint d’interrompre un meeting populaire à l’étape de la ville côtière de Moanda qu’il visitait pour la seconde fois en l’espace de 2 mois, puisqu’il s’y était déjà rendu fin septembre dernier. A la base, des échauffourées qui ont éclaté lorsqu’une partie de l’assistance a entrepris de lapider tout ce qui bougeait, menaçant l’intégrité physique du candidat n° 3 à la présidentielle du 20 décembre prochain, selon ses partisans. S’en sont suivis des tirs plus ou moins nourris d’armes à feu et une débandade généralisée soigneusement filmés par les équipes de communication du candidat président de la République. Ainsi que des dénonciations de complot ourdi par un parti politique adverse … ou encore, par le pouvoir politique en place.
Sur le plateau d’une chaîne de télévision kinoise, Olivier Kamitatu, ex-secrétaire général du MLC de Jean-Pierre Bemba Gombo (Union sacrée) passé dans le camp katumbiste, n’a pas hésité une seconde pour désigner les responsables des incidents de Moanda : c’étaient des militants du MLC. Ils auraient eu pour mission d’attenter à la vie de Moïse Katumbi en personne, selon ce porte-parole du candidat n° 3 qui liait ainsi ces événements aux piques à fleurets mouchetés que se sont lancés Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi ces dernières semaines.
Le pouvoir pointé du doigt
Dans un communiqué, le 13 décembre à Kinshasa, Kamitatu accuse des militants du MLC roulant à bord d’une jeep de l’Agence nationale des renseignements (ANR) qui aurait lancé des pierres sur l’assistance avant de se réfugier dans les locaux de ce service d’intelligence. Le porte-parole katumbiste rappelle également un incident qui se serait produit la veille à Matadi, lorsque le responsable provincial de l’ANR avait garé sa voiture à l’entrée du lieu d’hébergement du candidat Katumbi, dans l’intention de lui empêcher tout mouvement, selon lui.
Seulement, un communiqué du gouvernorat du Kongo-Central publié le même jour livre une version des faits plus nuancée, selon laquelle les incidents de Moanda auraient été aggravés par la garde de Moïse Katumbi qui a provoqué la panique en tirant des coups de feu en l’air pour dissuader les lapideurs. Selon ce communiqué signé par le gouverneur Guy Bandu, à Moanda s’étaient affrontés les membres d’un parti politique organisant une caravane motorisée et les participants au meeting d’un candidat à la présidentielle. Le calme est revenu grâce à l’intervention efficace et toute professionnelle de la police nationale congolaise, assure l’autorité provinciale.
Coup d’arrêt à Moanda
Quoique l’on en dise, il reste que Moanda a signé un coup d’arrêt momentané à la campagne de Moïse Katumbi dans la partie Ouest de la RDC, qui ne lui jamais vraiment souri, en réalité. Dans un communiqué sur son compte X (ex-Twitter), le candidat n° 3 à la prochaine présidentielle a dénoncé des «graves incidents (qui) démontrent la faiblesse de nos adversaires qui sont gagnés par la peur de perdre le pouvoir» et annoncé la suspension de son rendez-vous de Kananga (Kasaï) «pour ne pas céder à de nouvelles provocations. Je m’interdis d’exposer nos populations à la folie des ennemis de la liberté», a encore avancé le chairman katangais.
Les observateurs notent, néanmoins, que les raisons évoquées par l’ancien gouverneur du Katanga, connu pour ses réflexes identitaires notoirement mal dissimulés, ne suffisent pas pour justifier ce qui s’apparente à un jet d’éponges pour le moins prévisible. En réalité, l’Ouest et le Centre de la RDC se refusent au candidat n° 3 à la présidentielle du 20 décembre 2023, jugée laborieuse, voire, désastreuse par certains.
Avant le Kongo-Central, Moïse Katumbi avait essuyé ce que certains considèrent comme un échec cuisant à Kinshasa. Le 9 décembre, le candidat à la magistrature avait parcouru la distance qui sépare l’aéroport international de Ndjili à la Place Ste Thérèse de la commune du même nom, sans réussir à mobiliser suffisamment de partisans pour faire le plein des lieux : un terrain de football. De même que le 10 décembre à Matadi, où le stade Damar, très loin d’être rempli comme à certaines occasions mémorables, a trahi les mêmes carences de mobilisation de l’électorat. Obstinément, la partie Ouest de la RDC se refuse au candidat n° 3 à la magistrature suprême en RDC, ne lui laissant que l’alternative de l’auto-victimisation à outrance, estime-t-on.
J.N. AVEC LE MAXIMUM