Par Lambert Mende Omalanga*
En ce début du mois de novembre 2023, alors que les résistants ‘’Wazalendo’’ (Volontaires pour la Défense de la Patrie), découvraient l’horrible image de corps d’hommes, de femmes et d’enfants congolais massacrés par la coalition RDF-M23 dans le Parc national des Virunga (Nyiragongo) et invitaient le gouvernement à tirer les conséquences de cette énième offensive terroriste des phalanges terroristes rwandaises et de leurs supplétifs du M23, le colonel Michael Walaka, un officier supérieur ougandais de l’East African Community Regional Force (EACRF) s’est fendu d’un communiqué cynique menaçant d’attaquer ces compatriotes excédés par tant de cruauté leur infligée par les RDF au motif qu’ils excluaient toute négociation avec le M23. «Un dialogue pacifique est préférable à une solution militaire pour une paix durable dans cette région», avait-il déclaré, paraphrasant presque mot pour mot un certain Bertrand Bisimwa, chef de la branche politique du M23 pro-rwandais qui, après le refus catégorique du dialogue avec ce groupe exprimé du haut de la tribune des Nations-Unies à New York par le président Félix-Antoine Tshisekedi a reproché au chef de l’État congolais de «prendre le risque fatal d’ébranler tout le processus de paix et de réduire à néant tous les efforts consentis par les chefs d’État de l’EAC et la communauté internationale pour le rétablissement de la paix en RDC ».
De tels atermoiements dans le chef du commandement de l’EACRF qui brille par une propension à s’ériger en force-tampon entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les terroristes de la coalition RDF-M23 dont les positions agressives et hégémonistes sont ainsi consolidées sont contre-productifs et inacceptables.
La hardiesse manifestée par les Wazalendo pour remédier à ce dysfonctionnement agaçait profondément les éléments de l’EACRF qui estimaient que leur « esprit panafricaniste et les sacrifices consentis en faveur du gouvernement et du peuple de la RDC dans la pacification du Nord-Kivu » étaient « mal récompensés », selon les mots du colonel Michael Walaka.
Cette controverse qui, par une litote de diplomates, passe pour un malentendu et qui provoque en réalité une sourde hostilité entre des populations martyrisées depuis plusieurs décennies et les contingents kenyans, sud-soudanais et ougandais de l’EACRF venus théoriquement à leur rescousse a été concomitante avec une nouvelle tentative d’incursion des RDF à Kibumba près de Goma. «Bien que les FARDC respectent le cessez-le-feu ordonné par les dirigeants de la sous-région, elles demeurent déterminées à protéger l’intégrité du territoire national », avait déclaré le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike Kaiko, porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu.
A l’évidence, les Congolais n’ont plus grand-chose à attendre d’une force régionale aussi peu sensible à leurs aspirations légitimes et qui, à l’exception du contingent burundais, pour couvrir ses carences semble s’octroyer une sorte de ‘’mission civilisatrice’’ semblable à celle revendiquée naguère par les colonisateurs européens convaincus de mieux connaître les besoins des peuplades autochtones infantilisées et chosifiées dont ils avaient mis le territoire sous coupe réglée en 1885.
D’où le bienfondé de la décision de président Félix Tshisekedi de mettre un terme à l’EACRF dont les contingents, sauf le burundais, se sont constamment fourvoyés dans une confusion outrancièrement utilitariste de leur mission à l’Est de la RDC et de recourir à d’autres partenaires aussi crédibles que ceux de la Southern Africa Development Community (SADC) qui ont démontré dans un passé récent plus d’efficience dans la mise en œuvre d’une solidarité plus active au bénéfice des Congolais au sein de la Brigade spéciale de la MONUSCO.
*Député national, membre de la Commission des Relations Extérieures