Les soupçons de Jules Alingete Key et ses équipes de l’Inspection générale des finances (IGF) sur le détournement des biens et deniers publics et des biens sociaux par le directeur du Comité national des Jeux de la Francophonie (CNJF) se confirment. Quelques jours après l’appel à justification de sept véhicules acquis pour le compte du CNJF mais immatriculés au nom de tiers, Isidore Kwandja, le directeur du CNJF, brille par des balbutiements. Dans une correspondance signée le 25 août, jour de la réunion fatidique à l’IGF, Opez Group, fournisseur des véhicules à problème, a enfoncé davantage Kwandja en essayant maladroitement de le tirer des griffes des flics financiers. Opez group tente en effet dans cette correspondance d’endosser «le désagrément dû à un malentendu suite au retard pris dans le processus d’établissement des titres de propriété». Des arguments censés dissiper tout doute sur une intention dolosive dans le chef du responsable du CNJF. Sauf que cette note ne désamorce nullement la bombe. Bien au contraire, elle apparaît comme une manœuvre boutiquée pour sauver les meubles. Dans l’opinion, les interrogations restent pendantes surtout que d’autres documents rendus publics dans certains médias viennent démonter les arguments d’Opez et exposer le directeur national des jeux. En effet, c’est le même 25 août que les démarches tendant à obtenir de nouvelles plaques ont été entreprises et pas avant, des demandes d’immatriculation à la DGI et des bordereaux de versement à la Rawbank faisant foi. Ainsi pris la main dans le sac par les fins limiers de Jules Alingete, Isidore Kwandja aura beau tenter, comme un diable dans un bénitier, de présenter ses moyens de défense, il ne parvient pas à convaincre de sa bonne foi. «Vous parlez bien de la Société Opez Group et non du CNJF. C’est elle qui n’a pas fait les démarches nécessaires
Le CNJF attendait de bonne foi de recevoir les documents», a-t-il expliqué, sans dire comment et pourquoi le vendeur devait effectuer des démarches pour l’obtention des plaques d’immatriculation au profit de l’acheteur ni pourquoi tous les deux ont attendu le contrôle de l’IGF pour penser immatriculer les véhicules concernés au nom du CNJF…
Une fois de plus, l’IGF a donc endossé le costume de sauveur de la nation, épargnant au pays un abus de biens sociaux de plus.
Des sources proches du dossier révèlent qu’il ne s’agit ici que de la partie visible de l’iceberg des magouilles dans l’organisation des Jeux de la Francophonie. De plus en plus des voix s’élèvent pour appeler l’IGF à fouiner davantage. Des doutes persistent en effet sur les dettes déclarées encore à payer qui s’élèvent à plus de 29,5 millions d’USD alors que des soupçons de surfacturation affleurent dans un contexte où une bonne partie de l’opinion crie à une vaste gabegie financière autour de l’organisation dont la facture finale dépasserait les 300 millions d’USD. Une facture jugée inexplicable et irrationnelle alors que le pays n’a construit aucune nouvelle infrastructure, à l’exception des gymnases à Tata Raphaël et au stade des Martyrs.
A titre d’illustration, expliquent des spécialistes, la construction du stade olympique de Radès en Tunisie avec 60.000 places assises, achevé en 2001, a coûté 50 milliards de FCFA soit environ 90 millions d’USD. «Comment la RDC a-t-elle dû dépenser 200 millions d’USD pour des infrastructures aussi moyennes ?», s’interroge un analyste averti.
Un audit poussé de l’IGF révèle plusieurs zones d’ombre et des paiements à des entités non habilitées suite à des marchés de gré à gré. D’autres sources indiquent une forte dose de clientélisme dans la passation des marchés avec notamment le propriétaire d’Opez Group, un vieil ami de Kwandja, venu spécialement du Canada à cette fin. Autant d’éléments qui laissent planer des suspicions de surfacturation dans une période de vache maigre pour les finances publiques en difficulté.
Le Maximum