Il est un grand moment de la vie politique : la présentation du programme de gouvernance des candidats. Pour la présidentielle de décembre 2023 en RDC, ce moment sacré de la vie de la République aura moins de saveur d’autant plus que tous les potentiels adversaires sérieux du président sortant, Antoine-Félix Tshisekedi Tshilombo, ont géré des institutions du pays au niveau national ou provincial. Plutôt que de vendre aux congolais des projets de société naturellement sexy mais difficilement réalisables, ils seront traités en fonction de ce qu’ils ont réalisé.
Les spécialistes de la communication sont formels sur le fait que dans une communication réelle, l’influence qu’un locuteur peut exercer sur un public ne relève pas tant de l’argumentation que de la persuasion.
En RDC, la population semble se concentrer sur l’identité des protagonistes que sur leur acte de communication.
De ce fait, il est évident que Moïse Katumbi, Matata Ponyo et Delly Sessanga, trois des potentiels candidats déclarés de l’opposition à la magistrature suprême seront jugés, durant la campagne électorale, en fonction de ce qu’ils ont fait pendant leur passage dans les institutions du pays que pour leurs beaux discours ou programmes de gouvernance.
Bilan contre bilan
C’est dire que Moïse Katumbi doit se préparer à justifier sa gestion de l’ex- province du Katanga, marquée selon une certaine opinion par des promesses non tenues de transformer le Grand Katanga en Johannesburg du Congo.
Delly Sessanga devra expliquer aux Congolais son passage au sein d’une rébellion contre les institutions légalement établies alors que Matata Ponyo devra de son côté justifier la gestion des projets initiés par son gouvernement, dont certains sont à la base de ses ennuis judiciaires.
En face, Félix Tshisekedi devra lui aussi présenter aux Congolais le bilan chiffré de son quinquennat avant de solliciter un second mandat.
A y regarder de près, l’écart est énorme entre lui et ses opposants d’autant plus qu’il compte à son actif plusieurs projets à impact visible, initiés, exécutés et achevés sur l’ensemble du territoire national. «Ce sera un bilan contre un bilan. Les discours ou les programmes de gouvernance, ça s’écrit, ça se copie, ça se triche. L’expérience a démontré qu’en RDC, ce ne sont généralement que de belles phrases bien présentées. Mais une réalisation, ça se voit et ça ne ment pas», relève un analyste qui affirme qu’au regard de ses réalisations, Félix Tshisekedi a des arguments à faire valoir, plus que ses adversaires de l’opposition, ou du moins qui se réclament de l’opposition. Wait and see.
JPK