Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle finit par se casser. Cet adage de la sagesse africaine, Paul Kagame, l’homme fort du régime post-génocide de Kigali est en train de l’apprendre à ses dépens. A la suite des dénonciations réitérées du gouvernement de la République Démocratique du Congo sur son implication directe dans la déstabilisation à l’Est de la République Démocratique du Congo, le cercle des soutiens qu’il a méticuleusement mis en place depuis son avènement au pouvoir est en train de fondre comme beurre au soleil. Dernier événement en date, l’annonce officielle par le gouvernement britannique de sa décision de mettre définitivement fin à l’aide publique de l’ordre de 21 millions de Livres sterling (26 millions USD) au Rwanda à dater de décembre 2022.Les raisons de cette position drastique ont été clairement indiquées : il s’agit de sanctionner la principauté militaire au pouvoir dans le pays des milles collines à cause de son soutien avéré au mouvement terroristes M23, auteur de multiples crimes contre l’humanité au Nord-Kivu.
Tout a commencé avec un rapport accablant établi par les experts des Nations-Unies sur la grave détérioration de la situation sécuritaire dans cette province congolaise dans lequel les enquêteurs avaient fait état d’un appui logistique des Rwanda defense forces, l’armée gouvernementale rwandaise en faveur des terroristes. D’autres sources dans la région avaient pour leur part établi la présence massive de troupes du Rwanda parmi les éléments du M23, ce que Kigali n’a eu de cesse de démentir de manière rituelle.
Cette mesure radicale prise par Londres qui figure parmi les partenaires les plus assidus du régime en place au Rwanda révèle à quel point les dénégations du président Paul Kagame et de son gouvernement ne convainquent plus.
Simultanément, l’exécutif britannique a indiqué qu’il entreprenait de verser 18 millions de Livres sterling supplémentaires d’aide humanitaire à la République Démocratique du Congo, victime des exactions liées à cette agression de la coalition RDF-M23 depuis bientôt un an. Ces détails sont livrés par nos confrères de Jeune Afrique.
Rien ne va plus donc comme auparavant pour Paul Kagame désormais indexé un peu partout dans le monde comme le principal responsable de la situation tragique que traverse l’Est de la République Démocratique du Congo, ainsi que l’en accuse formellement son homologue congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Au cours d’audience publique au Vatican, le Saint Père avait fait lire le 9 janvier, un message dans lequel il a exprimé en des termes pathétiques son souci de voir cesser la violence qui pénalise les pauvres populations de l’Est de la République Démocratique du Congo. Le Pape François qui est attendu à Kinshasa à la fin du mois de janvier à l’invitation du président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a placé son voyage dans ce pays-martyr sous le signe de l’espérance d’une cessation rapide des hostilités au profit du dialogue pour régler les problèmes éventuels à la base des atrocités humainement inacceptables qui s’y perpétuent.
Bien avant le Souverain Pontife, le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso qui recevait les vœux du corps diplomatique avait également condamné les exactions commises par le M23 soutenu par Kigali. C’était jeudi 5 janvier à Brazzaville.
De nombreux observateurs s’attendent à ce que, pour se défendre de ces multiples accusations qui le ciblent directement, le président rwandais mis en cause dans la désolation dans laquelle s’enfonce l’Est de la RDC, descende à nouveau dans l’arène pour donner de la voix comme à l’accoutumée.
Une de ses dernières sorties en date a eu lieu à l’occasion de la prestation de serment du nouveau président du sénat rwandais, François-Xavier Kalinda, dont il venait de démettre carrément de ses fonctions le prédécesseur, le Dr. Augustin Iyamuremye pour avoir, selon des sources locales, osé critiquer les intrusions sanglantes des RDF en territoire congolais. Kagame avait alors annoncé son intention de «refouler les réfugiés congolais», une décision qui a alerté la communauté humanitaire internationale sur ses objectifs véritables au regard de la situation perturbée qu’il n’a cessé de créer aux frontières entre les deux pays en surfant cyniquement sur le génocide rwandais de 1994.
Pour certains analystes en effet, la décision du président Kagame cacherait un agenda pour l’enrôlement de certaines personnes utilisées dans ses basses oeuvres prédatrices en République Démocratique du Congo.
On rappelle à cet égard de quelle manière le régime monolithique au pouvoir à Kigali avait instrumentalisé la présence de plusieurs centaines de milliers de réfugiés hutu dans les provinces de l’ex-Kivu peu après le génocide pour lancer l’offensive majeure de 1996 qui aboutit à la défénestration du pouvoir vermoulu du Maréchal Mobutu Sese Seko et à la disparition corps et biens de plusieurs dizaines de réfugiés hutu pourchassés dans les collines et les jungles de la République Démocratique du Congo et dont Mzee Laurent-Désiré Kabila, le tombeur de Mobutu a eu à rendre compte devant la communauté internationale.
Félix-Antoine Tshisekedi, le 5ème président de la RDC qui a tiré des leçons de cette malice, a pour sa part, tout en prenant à témoin l’opinion mondiale sur ces manoeuvres de Kigali, appelé ses compatriotes à faire la part des choses entre le régime dictatorial de Kagame et «nos frères et voisins rwandais qui, quels qu’ils soient en sont également victimes et mértitent d’être aidés à s’en libérer».
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