Le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), projet né de la coopération entre le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) de l’Université de New York et l’ONG Human Rights Watch, a publié samedi 19 novembre de nouveaux éléments prouvant l’engagement des éléments de Rwanda Defense forces (l’armée rwandaise) aux côtés du mouvement terroriste M23 à l’Est de la République Démocratique du Congo.
Le rapport KST évoque particulièrement l’offensive lancée du 20 au 30 octobre 2022 et rapporte notamment que le 24 octobre, en pleine progression du M23 en territoire congolais, un soldat rwandais s’est rendu à la base de la Monusco dans la cité de Kiwanja (Rutshuru), une agglomération située à près de 30 kilomètres de la frontière rwandaise la plus proche. «Des images de drone prises à Rugari le 30 octobre, jour d’un affrontement entre des FDLR (opposition Hutu rwandaise armée) et la milice congolaise Nyatura qui se disputaient le contrôle de cette localité, montrent de nombreux soldats portant des équipements militaires similaires à ceux des forces gouvernementales rwandaises», ajoute le KST. Cette source rappelle en outre que six sources diplomatiques occidentales et onusiennes, lui ont affirmé que des troupes rwandaises prenaient bel et bien part à l’offensive du M23 contre le Nord-Kivu (RDC).
Dans une allocution filmée diffusée sur la télévision nationale, le président de la RDC Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo avait une fois de plus accusé le Rwanda de perpétrer une agression contre son pays sous le couvert du M23. Face à ce regain de tension, les voies diplomatiques se sont réactivées avec l’annonce d’une série de nouvelles discussions sous l’égide de l’East African Community (EAC) à Nairobi ainsi que de l’Union Africaine (UA) et de la CIRGL à Luanda (Angola).
Au cours de la même semaine, Hadja Lahbib, ministre fédérale belge des Affaires étrangères et des Institutions culturelles fédérales de la Belgique a appelé nommément lundi le Rwanda à «contribuer à la désescalade et utiliser tous les moyens à sa disposition pour persuader le M23 de cesser immédiatement les combats, de se retirer des zones conquises et de se réengager dans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration communautaire». La ministre belge l’a dit lors d’un entretien téléphonique avec le chef de la diplomatie rwandaise Vincent Biruta.
Avant elle, c’est M. Robert Wood, représentant alternatif pour les Affaires politiques spéciales au sein de la représentation des États-Unis d’Amérique aux Nations-Unies à New York, qui a, au cours d’une réunion du Conseil de sécurité sur la région des Grands Lacs, clairement évoqué «le rôle du Rwanda dans la résurgence du M23».
On se perd en conjectures à Kinshasa sur la motivation de la non condamnation formelle par les uns et les autres du Rwanda pour son invasion sur le territoire congolais en violation flagrante de la charte aussi bien de l’Union africaine que de l’ONU.
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